C’est peut-être un hasard, mais le paquebot libéral qui voguait allègrement sous des cieux ensoleillés l’automne dernier a commencé à tanguer dans le dossier Anticosti. Lorsque le capitaine Couillard a voulu remplacer le pétrole par des voiles pour des raisons écologiques, il a perdu le cap.
L’opération sur le terrain pour exécuter les forages exploratoires aurait dû commencer cette semaine. Évidemment, rien n’a eu lieu. Le patron de Pétrolia a exprimé hier son sentiment de trahison. Cela m’a donné l’occasion de repasser toute la séquence des événements qui ont fait passer le gouvernement du Québec du rôle de partenaire financier à celui de fossoyeur du projet. Un désastre.
Démarche claire
Si l’on se reporte il y a deux ans, le déroulement des choses était méthodiquement prévu suivant un échéancier communément accepté par plusieurs ministères et organismes du gouvernement québécois ainsi que les partenaires privés.
Les procès-verbaux des rencontres de l’époque sont explicites: chacun a son rôle à jouer. Le gouvernement insiste sur une démarche «structurée, équilibrée et rigoureuse». Aucun compromis sur la sécurité, les bonnes méthodes à employer et la consultation des communautés. Un représentant d’Investissement Québec (donc du gouvernement) allait présider le C.A. de Hydrocarbures Anticosti, la nouvelle entité regroupant tous les partenaires.
On dira qu’à l’époque, c’est le gouvernement péquiste qui avait annoncé le programme d’exploration à Anticosti. Néanmoins, l’actuel gouvernement est tenu par la continuité de l’État québécois. D’ailleurs, monsieur Couillard avait exprimé à ce moment un malaise strictement avec l’investissement public dans le projet. Jamais il n’avait énoncé une opposition de principe à l’exploration sur l’île.
Dans les premiers mois du gouvernement libéral, les choses ont d’ailleurs suivi leur cours normal. Ce n’est que depuis que monsieur Couillard a viré au vert à la conférence de Paris que tout a changé. Sa stratégie fut tout simplement pathétique depuis.
Sabotage
Dans les premières semaines, le premier ministre a agi comme s’il ignorait les conséquences juridiques, politiques et financières d’un contrat dûment signé. Puis quelqu’un lui a sans doute expliqué et il s’est ravisé. D’une certaine façon, la suite est pire. Le gouvernement essaye depuis de faire dérailler le projet de toutes les façons.
Le ministère de l’Environnement prend son temps, le gouvernement néglige la consultation et exacerbe les communautés qui finissent par se tourner contre le projet, le ministre de l’Environnement a même encouragé des lettres ouvertes défavorables. Puis le même ministre crée un comité d’experts bidon, formé de retraités du ministère, pour étudier plus longtemps.
L’État québécois sabote une opération dont il est un partenaire financier.
Parmi les partenaires, personne ne comprend. Je les rassure, même dans le caucus libéral, plusieurs sont tombés en bas de leur chaise en entendant leur chef à Paris, et ils cherchent encore à comprendre. Mais monsieur Couillard a de nouveaux amis comme Québec solidaire et Greenpeace.
Hier, je vantais la gestion des finances publiques du gouvernement libéral. Pour l’économie et la création d’emploi, c’est pas mal moins beau. Avec des fiascos comme Anticosti, je ne m’en étonne pas.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé