Le président Vladimir Poutine a joué un rôle crucial dans l’organisation du dopage des sportifs russes aux Jeux olympiques, affirme dans une entrevue diffusée lundi l’ex-haut responsable de l’antidopage russe et lanceur d’alertes Grigori Rodtchenkov.
« Bien sûr que cela venait de tout en haut. Car seul le président peut donner une telle mission aux services de sécurité, le FSB », affirme l’ancien directeur du laboratoire antidopage de Moscou dans cet entretien qui sera diffusé lundi soir sur la chaîne de télévision publique allemande ARD.
« Il savait tout car la chaîne d’information était très simple : je rendais compte à [Iouri] Nagornikh [vice-ministre des Sports] qui rendait compte à Vitali Moutko [le ministre des Sports] qui rendait compte à Poutine », poursuit-il, selon des extraits communiqués par la chaîne allemande, connue pour ses enquêtes sur le dopage dans le sport.
Selon lui, le programme de dopage de l’État russe a été mis en place pour les Jeux olympiques de Pékin et de Londres (2008, 2012), mais a été perfectionné pour les Jeux d’hiver de Sotchi de 2014.
Aucune enquête de l’Agence mondiale antidopage n’a conclu jusqu’ici à une responsabilité du président russe. MM. Moutko et Nagornikh ont pour leur part été bannis à vie des Jeux olympiques par le Comité international olympique pour leur rôle actif dans le scandale de dopage.
Depuis 2016, M. Rodtchenkov dit craindre pour sa vie après la mort brutale et rapprochée de deux responsables de l’agence russe antidopage (RUSADA). « Je profite de chaque jour où je suis en vie », a-t-il confié à ARD.
Les comités internationaux olympiques et paralympiques ont interdit la Russie de participation aux jeux d’hiver de Pyeongchang en Corée du Sud, mais certains athlètes jugés propres pourront tout de même concourir sous bannière neutre s’ils respectent des conditions très strictes.
En 2016, le rapport McLaren commandé par l’Agence mondiale antidopage (AMA) a révélé un système de dopage institutionnalisé en Russie et notamment lors des Jeux olympiques d’Hiver de 2014 à Sotchi.
Moscou a toujours réfuté la dimension institutionnelle du système de dopage. En décembre, les services d’enquêtes russes ont même accusé Grigori Rodtchenkov, dont le témoignage a été à l’origine du scandale, d’avoir dopé personnellement les sportifs russes et d’avoir « manipulé » les tests.
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