Le Québec vu d'ailleurs

Don Cherry au Sénat?

Tout ce petit monde est déjà en ordre de bataille tandis que la droite canadienne paraît décidée à faire jouer au Québec le mauvais rôle.

HARPER - le vrai visage anti-québec


Don Cherry (à droite sur la photo) LCN
Marc-Olivier Bherer - Amateur d'un hockey robuste, le commentateur Don Cherry sera-t-il bientôt désigné sénateur? Les Québécois risquent de ne pas apprécier. Malgré la récente crise politique, Stephen Harper semble tenté de durcir ses positions vis-à-vis de la province.
Pas d'apaisement en vue à Ottawa. Stephen Harper semble bien décider [sic] à trouver de nouveaux occupant [sic] aux 18 sièges vacants au Sénat avant Noël. Le premier ministre viserait la formation d'une majorité conservatrice au Sénat en 2010, explique le Globe and Mail. Le récent bras de fer n'a pas fait perdre à Harper son goût du calcul politique.
Don Cherry, ce coloré grossier commentateur de hockey, serait l'une des personnalités que les conservateurs aimeraient bien nommer sénateur, rapporte Julie Smyth du National Post. Si cette rumeur devient plus qu'un bruit de couloirs et que Cherry est bien un candidat sérieusement envisagé, la rupture sera consommée avec la Belle province.
Cherry incarne presque à lui seul le fameux Quebec bashing, cette morgue anti Québec parfois adoptée au Canada anglais. Pour lui, les indépendantistes sont des «geignards». Harper serait-il sur le sentier de la guerre?
Michael D. Behiels, détenteur de la chaire de recherche sur le fédéralisme canadien et en études constitutionnelles à l'université d'Ottawa, le croit. Mais il prend soin de mettre en garde le chef conservateur, «il] ne peut pas gagner une guerre contre le Québec», écrit-il dans une opinion parue dans le Ottawa Citizen et [reprise par The Windsor Star.
«Si le premier ministre Harper obtient ce qu'il veut, le débat sur l'unité nationale va prendre la place de la récession. La dernière campagne électorale n'a pas porté sur ce sujet. C'était et "c'est toujours l'économie, idiot". La décision de Harper de tourner le dos au Québec va créer une très dangereuse crise d'unité nationale», s'inquiète Michael D. Behiels.
Face à la coalition qui menaçait de le renverser «Harper s'est drapé dans l'unifolié et s'est lancé dans une guerre contre les députés bloquistes de Gilles Duceppe qui lui ont barré la route vers cette majorité tant désirée au moment de convoquer les élections anticipées de l'automne.»
L'intelligentsia conservatrice estime maintenant qu'il faut ignorer le Québec et courtiser l'Ontario, l'Alberta et la Colombie-Britannique. Une majorité parlementaire n'aurait plus ainsi à passer par cette province si ingrate. Mais prévient Michael D. Behiels, Harper n'est pas Pierre Elliott Trudeau. S'il se lance dans une guerre contre les indépendantistes, il risque bien de la perdre. Il ne dispose pas d'un fort contingent de députés élus au Québec, comme Trudeau lorsqu'il a rapatrié la constitution en 1982.
Pendant ce temps, le chef libéral Michael Ignatieff prend conseil en Ontario pour bientôt proposer un plan de sauvetage économique. Ce programme aura une dimension nationale, mais est-ce que ces avis recueillis en Ontario signifient qu'il laissera au Bloc le soin de définir le volet qui se rapportera plus précisément au Québec? Si oui, Pauline Marois et Gilles Duceppe doivent trouver comment ce plan pourra contourner Jean Charest pour éviter qu'il ne s'accapare ce succès. Et à l'inverse, celui-ci doit remettre en place les canaux de communication entre libéraux provinciaux et fédéraux pour ne pas laisser les indépendantistes être les seuls à la manoeuvre.
Tout ce petit monde est déjà en ordre de bataille tandis que la droite canadienne paraît décidée à faire jouer au Québec le mauvais rôle. Brian Rushfeldt, directeur de la Canada Family Action Coalition, une organisation évangélique qui s'est déjà vantée d'avoir l'oreille de Harper, ne craint pas de laisser entendre une petite musique plutôt belliqueuse. «Les gens commencent à se demander "le Québec apporte-t-il quelque chose au Canada?" Je pense que les gens commencent maintenant à se poser cette question un peu plus parce que nous voyons que le Québec tire vers lui d'énormes sommes d'argent venues du reste du pays, produisant peu ou rien du tout pour nous», dit-il dans un entretien accordé au site étatsunien d'information évangélique onenewsnow.com.
Heureusement, des voix plus modérées et sans doute plus représentative se font également entendre. Par exemple, Craig McInnes du Vancouver Sun écrit «Comme le dit le vieil autocollant pour pare-choc, mon Canada inclut le Québec, pas tel que je souhaiterais qu'il soit, mais comme il est, peu importe à quel point cette province peut se montrer agaçante.»


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