Deux pays, deux mentalités

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Laissons les États-Unis aux Américains





Voilà, c’est fait. Donald J. Trump sera appelé «Mr. President» pour le reste de ses jours. À moins que les enquêtes lancées par le FBI, la CIA et la NSA prouvent que la Russie a joué un rôle dans sa campagne, sa présidence est légitime, en règle avec la Constitution.


Américaine, aurais-je pu voter pour lui? Conservatrice de nature, je suis trop attachée aux faits, à la tradition et aux institutions pour appuyer quelqu’un qui travestit la réalité et tourne le dos aux leçons de l’Histoire sans même un haussement d’épaules.


Donald Trump n’est pas un conservateur – pas quand il s’exprime comme si l’Amérique était née avec lui – et certainement pas un républicain dans la tradition des Lincoln, Eisenhower ou Reagan.


Je n’aurais pas voté pour Hillary non plus. Sa culture politique appartient au siècle dernier. Et jamais je ne voterai pour une femme seulement parce que c’est une femme.


Pas de nos affaires


La journaliste en moi va s’intéresser à la politique intérieure des États-Unis, mais en tant que citoyenne canadienne, je n’ai pas voix au chapitre.


Je serais choquée par la création d’un registre des musulmans américains ou par un recul des droits civils, mais je ne descendrais pas dans nos rues. Que dirions-nous si les Américains manifestaient contre l’indépendance du Québec au terme d’un processus démocratique?


Je suis sidérée de voir tant d’Américains s’accommoder des conflits d’intérêts du président et se ficher du désastre humanitaire que serait la fin de l’accès aux soins de santé pour des dizaines de millions d’Américains. Pour un Canadien, c’est incompréhensible.


Mais je comprends l’aliénation de ceux qui vivent en marge de la prospérité, dont les médias feignent d’ignorer l’existence et que la culture populaire me montre que pour s’en moquer.


Garder l’œil ouvert


Stephen Harper croit, avec raison, que la présidence de Trump est source d’incertitudes globales et non seulement géostratégiques.


Trump espère que l’Amérique industrielle des Carnegie, Rockefeller et autres «robber barons» de légende (barons voleurs) va renaître de ses cendres en forçant les partenaires commerciaux des États-Unis à accepter des ententes commerciales à sens unique, le sien.


Pas de Chine, pas de Wal-Mart


La mondialisation a ses torts, mais le coupable du déclin industriel américain s’appelle le progrès technologique. Les «robber barons» sont devenus des «sultans of silicon», ironisait The Economist. Ajoutez à cela l’appétit des consommateurs pour des T-shirts à 5 $, miracle que seule la fabrication par des pauvres rend possible.


L’avenir n’est pas au charbon ou à la fabrication de marteaux, mais dans la robotique, l’intelligence artificielle, les biotechnologies, des secteurs qui offrent des emplois payants, mais plus exigeants que tous ne peuvent occuper. C’est la responsabilité des États de réorganiser l’économie de manière à ce qu’ils puissent vivre dignement.


Cultures politiques différentes


L’incompréhension règne. Les États-Unis sont nés d’un soulèvement populaire alors que le Canada a été aspiré par un empire monarchique. À sa façon, Donald J. Trump est un révolutionnaire américain. Mais nul ne peut prédire s’il agira pour faire avancer le bien commun ou pour la seule gloire de la famille Trump. Maintenant, essayons de passer à autre chose.




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