DÉSORMAIS l'indépendance va se régler au Québec

Tribune libre

Bon, la vague orange fait maintenant partie du passé. Que retenir ?
Avant chacune des dernières élections fédérales (2008 et 2010), j’ai envoyé un texte à Vigile où je défendais l’idée que le Bloc québécois n’était plus pertinent à Ottawa pour promouvoir l’indépendance du Québec. Que sa persistance rassurante (sinon son incrustation) nous engourdissait face à notre choix politique ultime. Je ne rappelle pas ces envois par vantardise.
La grande majorité des messages que j’ai reçus me lançaient des invectives. Quelqu’un disait même que mon opinion « rejoint l’expression des fédéralistes les plus hystériques ». Moi qui ai voté RIN en 1966 et deux fois OUI !
Voici un résumé des arguments de mes derniers correspondants :
- Je ne voterai plus jamais pour les ennemis de 1982.
- Je ne veux pas subventionner les partis adverses (les 2 $ par vote reçu).
- Je veux montrer clairement aux Anglos que je veux quitter le Canada.
- Je veux exaspérer les Anglos et sortir symboliquement du Canada.
- On ne doit pas faire la politique de la chaise vide à Ottawa.
- On doit envoyer à Ottawa nos représentants les plus fiables.
- Je veux exaspérer les Anglos pour que ce soit eux qui nous mettent dehors.
- Les bloquistes, c’est encore mieux que Dion ou Verner.
- Dernière chance aux bloquistes ; ils doivent revenir au bercail d’ici 4 ans.
- Les bloquistes nous défendent et empêchent le Canada de fonctionner.
Eh bien, si on peut douter que les Anglos nous mettront un jour à la porte du Canada, on est maintenant fixer sur les Québécois à propos du Bloc ! Pourquoi cette volte-face des Québécois ? Ont-ils perdus la tête ? Quand la démocratie parle, il faut avoir le courage de l’accepter.
Dans les jours qui ont suivi le surprenant vote du 2 mai, les analystes, les politicologues, les commentateurs, même les sondeurs, tous ont élaboré sur les diverses raisons expliquant la débandade du Bloc. Je ne répèterai pas ici ce que tout le monde a lu et entendu. Chacun des intervenants choisit la combinaison de facteurs qui fait son affaire et tout le monde pense avoir raison…
Ce que je trouve pénible, c’est le fait de mettre la faute sur la «conspiration des médias», sur Gesca, sur André Pratte, sur Guy-A. Lepage… quand cela fait notre affaire. Pourtant personne n’avait deviné l’ampleur du raz-de-marée d’une manière certaine à quelques jours du vote. Puis, subitement, le Bloc devient une victime des médias. En vérité, les électeurs voulaient du CHANGEMENT, ça en dit beaucoup sur la campagne de M. Duceppe.
Soyons logiques : qu’arrive un jour l’indépendance (ou non), la disparition du Bloc était inéluctable, n’est-ce pas ? C’est pourquoi je dis que ce résultat en défaveur du Bloc est finalement une bonne chose, et c’est mon opinion depuis 2004. Qu’est-ce que les indépendantistes veulent fondamentalement : la création d’un Pays ou grignoter quelques pouvoirs supplémentaires pour le Québec aux Communes.
DÉSORMAIS l'indépendance va se régler au Québec...
On a souvent entendu – entre autres de Jacques Parizeau – qu’une crise majeure entre Ottawa et le gouvernement québécois serait une bonne chose pour catalyser le sentiment nationaliste. Avec un gouvernement majoritaire de M. Harper, les possibilités viennent drôlement d’augmenter. Pourquoi se plaindre ? C’est la finalité qui compte, pas l’immédiateté.
Les quatre bloquistes qui restent aux Communes vont trouver le temps long. Tant qu’à faire, ils devraient démissionner et le Bloc se dissoudre. Croyez-vous sincèrement à un retour en force du Bloc en octobre 2015 ? Si peu nombreux, sans chef, sans statut de parti reconnu (ils seront désignés «indépendants»), à toutes fins utiles sans aucune influence, les quatre ne seront qu’objets de railleries à Ottawa. Ayons donc le courage de tourner enfin la page sur le trop long épisode du Bloc !
Que les candidats du Bloc et leurs organisateurs se joignent aux forces souverainistes provinciales, ils ne seront pas de trop. Qu’ils militent, qu’ils organisent des événements, qu’ils visitent les cégeps et les universités, qu’ils se fassent voir, qu’ils se fassent vendeurs, c’est leur métier après tout. L’indépendance va se jouer sur nos terres.
Tous ces gens rejoindront sûrement les rangs du PQ mais n’oublions pas qu’il existe d’autres mouvements souverainistes. Par exemple, le jeune Parti indépendantiste créé en 2008 par des péquistes déçus et amers. Sans oublier Québec solidaire. Faudra bien qu’un jour l’union des indépendantistes de toutes tendances se fasse si on espère que la tendance passe de 40 % de «favorable à» à 51 % de OUI.
Il faut d’abord resserrer les rangs, parler d’une même voix, mettre de côté l’ego individuel. Ah, que je suis tanné des maudites chicanes internes du PQ devenues la risée des journalistes ! Est-ce enfin possible ? Quand le Québec sera souverain, il sera temps de proposer un éventail de partis – de la gogauche à la droite catho – et de proposer un type quelconque de vote proportionnel. Pourquoi toujours mettre la charrue devant les bœufs ?
La troisième tentative pour l’indépendance du Québec, peu importe sa mécanique (référendaire ou électorale), peu importe si c’est dans 5 ou 15 ans, sera probablement la dernière. Les indépendantistes sont-ils assez courageux pour y mettre le prix ? La flamme vacille mais ne laissons pas la lampe s’éteindre.
Michel Jacques
Deux-Montagnes


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