En lisant les sondages qui lui sont défavorables, Mario Dumont cherche désespérément un moyen de renverser la vapeur. Malheureusement pour lui, à force de jouer avec des allumettes, il finira bien par brûler ses meubles, au lieu de les sauver. C'est l'impression qu'il laisse dans ses discours sur l'identité québécoise.
Dans ma chronique du 23 octobre, je qualifiais de situation désolante la manifestation, au centre-ville de Montréal, de 2 000 personnes contre le nouveau programme d'éthique et de culture religieuse, en remplacement du cours d'enseignement religieux confessionnel dans toutes les écoles du Québec, depuis septembre dernier.
Mais voilà que le chef de l'ADQ en remet : en plus de se ranger du côté des contestataires, dont les arguments étaient plus que discutables, Mario Dumont, dans des phrases chocs et lapidaires, tient des propos aussi saugrenus que ceux entendus lors de la manifestation : «Les gens qui ont pensé ce cours-là, c'est le même monde qui se bat par tous les moyens détournés pour qu'il n'y ait plus d'arbres de Noël dans les classes.»
Selon lui, la disparition des sapins de Noël et des lapins de Pâques dans les écoles constitue une négation de l'identité québécoise : «C'est la résultante d'une société qui n'est pas capable de se tenir debout.»
UN PROGRAMME INCLUSIF
Il est difficile d'imaginer que ces affirmations proviennent d'un chef de parti politique, mais c'est la triste réalité. Un jeune prof du Saguenay du nouveau cours d'éthique et de culture religieuse dénonce avec fermeté la démagogie du chef de l'ADQ et l'ignorance crasse de tous ceux qui s'opposent au nouveau programme, sans même en connaître le contenu ni les objectifs.
Il écrit: «Ce n'est pas vrai qu'on veut faire disparaître Noël et Pâques. Ce nouveau cours d'éthique et de culture religieuse est inclusif. Il y a des gens de toutes confessions. À l'intérieur de mes classes se retrouvent, en même temps, des évangélistes, des mormons et des catholiques. Au lieu d'exclure les non-catholiques, on les intègre. Tout le monde est sur le même pied. Plus de discrimination. Quel beau projet de société !»
N'est-ce pas l'objectif de ce cours: apprendre à mieux vivre ensemble ! Et pour mieux vivre ensemble, il faut d'abord s'accueillir dans nos différences et se respecter malgré nos différences. Le nouveau programme ne favorise pas non plus le relativisme religieux : la religion catholique y occupe une place prépondérante, puis-qu'elle fait partie de notre histoire et a marqué notre culture et notre identité. Une société qui se tient debout, c'est une société capable de conserver ses valeurs tout en accueillant celles des autres.
LES ÉVÊQUES PLUS OUVERTS
Même les évêques du Québec appuient l'implantation du nouveau programme ; ils reconnaissent qu'il s'agit d'un défi considérable, mais que c'est à l'expérience qu'on pourra le juger et l'évaluer.
Comment se fait-il que la Coalition pour la liberté en éducation (CLE), qui regroupe des parents catholiques, des Chevaliers de Colomb et des bérets blancs, préfère suivre aveuglément les propos incendiaires d'un politicien en déroute, plutôt que les recommandations pertinentes et modérées de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec (AÉCQ) ? Et pourtant, ces ultra-catholiques sont toujours les premiers à dénoncer ceux qui ne suivent pas les directives du Magistère de l'Église. Au Québec, nos évêques sont le Magistère de l'Église. Qu'attendent-ils pour en reconnaître l'autorité ?
La chronique de Raymond Gravel
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