L’Alberta a envoyé des masques et de l’équipement médical au Québec, a répliqué le premier ministre albertain Jason Kenney au chef bloquiste Yves-François Blanchet qui appelle à ne pas injecter de l’argent dans les sables bitumineux.
Dans les derniers jours, M. Blanchet a déclaré sur plusieurs tribunes qu’il n’y avait plus d’avenir pour les sables bitumineux de l’Alberta et qu’Ottawa ne devrait pas tenter de sauver cette industrie qui, selon lui, ne se remettra pas de la baisse historique du prix du pétrole.
Répondant à une question de l’animatrice de l’émission Power and Politics mercredi sur les ondes de CBC, qui faisait remarquer au chef bloquiste que le Québec achetait du pétrole albertain, Yves-François Blanchet avait soutenu que le Québec paie pour le pétrole albertain.
« L’Alberta ne nous donne aucun rabais, a-t-il lancé. Ils devraient nous remercier plutôt que nous envoyer des insultes. »
Cette déclaration a fait sursauter le premier ministre albertain qui s’est exprimé en français pendant plusieurs minutes lors d’une allocution devant l’Assemblée législative, jeudi à Edmonton.
« M. Blanchet a dit que les Albertains envoient des insultes vers les Québécois, c’est totalement faux, au contraire, les Albertains envoient des milliards de dollars de péréquation », a offert le premier ministre.
Jason Kenney a ajouté que « sans le soi-disant pétrole sale de cette province que M. Blanchet insulte quotidiennement, sans ça, l’économie québécoise ne pourra pas fonctionner. »
M. Kenney a terminé sa déclaration en français en rappelant que l’Alberta avait aidé le Québec dans la lutte contre la COVID-19.
« Nous envoyons de l’énergie, de l’argent, et dernièrement nous avons envoyé les millions de masques, des gants et même des ventilateurs comme preuve de bonne foi et de générosité de la part des Albertains. »
Yves-François Blanchet n’est pas le seul à plaider que les fonds fédéraux destinés à traverser la crise de la COVID-19 devraient être injectés dans les énergies renouvelables de l’avenir, plutôt que dans les sables bitumineux du passé.
« Le pétrole est mort », a lancé la chef du Parti vert Elizabeth May lors d’une conférence de presse sur la colline du Parlement.
À Ottawa, la conservatrice Rosemarie Falk a montré du doigt les commentaires de Mme May et de M. Blanchet, qu’elle a qualifiés de « gauche marginale », à l’ouverture de la période de questions virtuelle, jeudi.
Mme Falk a aussi accusé ses adversaires politiques de vouloir « détruire notre pays ».
Mme May est intervenue pour dénoncer ces propos, qu’elle juge « non parlementaires », mais elle a rapidement été noyée par le chahutage virtuel de plusieurs députés conservateurs.
« Il est inacceptable d’affirmer que quiconque veut faire valoir un point au sujet de notre économie tente de détruire le pays », a déclaré Mme May, avec difficulté, pendant que des députés de l’opposition tentaient de l’enterrer.
Le président de la Chambre des communes, Anthony Rota, a rappelé à tous les députés de faire preuve de respect dans leurs questions et leurs réponses.
De son côté, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré jeudi qu’une reprise de l’économie canadienne d’une manière qui garantisse le respect des cibles relatives aux changements climatiques nécessitera un secteur pétrolier sain pour développer et mettre en œuvre les innovations qui réduiront les émissions de gaz à effet de serre de leurs produits.
L’industrie pétrolière albertaine vit des moments très difficiles en raison de la chute des cours du pétrole provoquée par la guerre des prix à laquelle se livrent l’Arabie saoudite et la Russie, mais aussi parce que la pandémie de COVID-19 a provoqué une chute de la demande mondiale en pétrole.