L’Institut de la statistique nous apprenait mardi ce que nous savions déjà: les garçons lisent peu au Québec.
Plusieurs ne lisent même pas du tout.
Ouvrir un livre n’est pas considéré par le jeune homme comme un plaisir.
Lecture
Il faut dire aussi que notre école n’aide pas. Elle entend moins transmettre une culture qui élève l’âme que distribuer massivement des diplômes artificiels.
Une vie sans lecture, c’est une vie sans culture.
Inversement, celui qui aime lire ne s’ennuiera jamais.
C’est à travers la fréquentation des livres qu’on peut développer une réflexion approfondie sur le monde, qu’on peut cultiver sa vie intérieure, qu’on peut rejoindre des mondes imaginaires et les habiter le temps d’un récit ou d’un voyage dans le temps.
L’homme qui lit peut se plonger dans l’Empire romain, il peut camper mentalement au Moyen Âge, ou à la Renaissance, ou chez les Égyptiens. Il peut même fréquenter l’homme des cavernes.
Et il le fera en faisant travailler son imagination.
Ce jeune gagnera en liberté. Il saura que le présent n’est pas le seul monde possible.
On nous dira: le jeune homme est sauvage, il veut bouger, se dépenser. La lecture ne le permet pas. Peut-être. Mais faire du sport ne devrait pas être contradictoire avec la vie de l’esprit.
Mais derrière ce dédain de la lecture, on trouve une conception appauvrie du masculin. Pour plusieurs, lire, ce n’est pas viril.
Nous n’avons pas valorisé, dans notre histoire, le modèle de l’homme cultivé, élégant et inspirant, sinon celui du prêtre en soutane, dont on garde un mauvais souvenir.
Un homme, un vrai, ne perd pas son temps avec des livres. Il répare des voitures, bricole dans son atelier, compte des buts au hockey ou plaque des adversaires au football.
Mais lire? Dans les milieux populaires existe encore un préjugé anti-intellectuel. Le décrochage scolaire des garçons en est le symbole. Économiquement, ils en souffriront.
Qu’on me comprenne bien, je n’ai rien contre les activités masculines traditionnelles.
Et peut-être faut-il, pour pousser les garçons vers la lecture, la connecter à leurs instincts, même s’ils heurtent nos valeurs pacifistes?
Enfance
Enfant, je me souviens, j’étais passionné par la guerre. Les soldats, les uniformes, les blindés, c’était mon imaginaire.
J’aimais l’héroïsme, le sacrifice, l’aventure. Comme la majorité des gamins.
Mon père a compris que cette passion pouvait me conduire à une autre. Il m’a acheté chaque semaine L’Encyclopédie des armes.
Des armes, je suis passé à l’histoire, puis à la politique, à la philosophie et à la sociologie.
J’ai aussi aimé les romans d’aventures, de cape et d’épée.
Le petit homme que j’étais devenait grand en lisant.
La passion de la lecture est le plus bel héritage que m’ont laissé mes parents.
Il faut dire que je viens d’une famille de profs. Mais le bonheur de la culture ne devrait pas être réservé aux fils d’historiens.
C’est tout le Québec qu’il faut réconcilier avec ses bibliothèques.
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