OK, bon. Qu’une organisation de la sorte fasse une demande de la sorte, c’est plutôt anecdotique. On sait bien qu’un des buts de l’Église évangélique (et de la religion en général, en fait) est de propager ses dogmes et de mousser ses adhésions, alors c’est dans l’ordre des choses. Tant qu’il n’y aura pas de frontière étanche entre la religion et l’État, on cognera à la porte.
Par contre, je ne comprends pas trop le but d’offrir une « maîtrise ès arts en mariage et en conseils conjugaux » ou un « doctorat en prêtrise ». Ces organisations religieuses réussissent déjà à fournir ces enseignements, à recruter des gens et à procurer ces « services » à leurs ouailles. Donc, si le but n’est pas pratique, il s’agit d’autre chose. À ce que je vois, toute cette démarche a pour but de légitimer, d’officialiser ces pratiques en leur apposant ainsi le sceau étatique.
Mais ce qui est le plus inquiétant, c’est de savoir si cette initiative trouvera un écho positif du côté gouvernemental. On dira que ça ne serait pas la fin du monde, mais pour un partisan de la laïcité comme moi, c’est contre-productif socialement.
Subventions religieuses
Une question principale me vient. Est-ce que cette église évangélique serait éligible à des subventions gouvernementales pour ça? Il faut rappeler que les subventions religieuses grugent déjà « entre 50 et 100 millions de dollars »dans le trésor québécois.
À mon avis, ce sont des montants qui seraient à la base bien plus utile dans les budgets des écoles, par exemple. Principalement, parce que l’éducation nous profite collectivement alors que pour la religion, dans un contexte où le Québec a délaissé la pratique religieuse pour n’en garder, pour certains, que la spiritualité et/ou la tradition, il ne s’agit que d’en faire profiter une minorité. Et à ce que je sache, tout ce qui tourne autour de la croyance des gens ne fait pas partie des missions de l’État.
Veut-on en rajouter une couche avec cette organisation évangélique qui veut s’immiscer dans les hautes études? Et même si cette église évangélique ne recevait pas un sou de plus, il faudrait se poser des questions quant aux répercussions d’une décision favorisant leur projet. Et pour ça, il faut revenir à la base de la définition de la laïcité.
Laïcité
Selon le Larousse :
Conception et organisation de la société fondée sur la séparation de l’Église et de l’État et qui exclut les Églises de l’exercice de tout pouvoir politique ou administratif, et, en particulier, de l’organisation de l’enseignement.
S’il y a séparation claire entre la religion et l’État, des enseignements religieux qui ont pour but de servir des organisations religieuses n’ont vraiment pas leur place dans le monde universitaire qui, à ce que je sache, fait partie du bien commun et se place dans l’espace civique. Et l’espace civique, par définition, vise l’objectivité, la neutralité, ce qui ne se conjugue pas avec la religion, quelle qu’elle soit.
Donc, si cette demande évangélique est acceptée, ça sera un très mauvais message à envoyer à la société. Cela dira aux organisations religieuses qu’elles peuvent espérer regagner les bonnes grâces de l’État.
On a chassé l’Église par la grande porte, il ne faudrait pas qu’elle revienne, dans une forme diversifiée, par la porte d’en arrière…
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