CAQ-PLQ : La mue

Des claques pour la CAQ

Faire du vieux avec du vieux

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Chronique d'Aprilus

Papi Legault présente sa CAQ comme le parti du changement par rapport au PLQ qui trône de façon quasi-ininterrompue depuis seize ans. Et pourtant, la CAQ et le parti Libéral sont des versions similaires d’une pensée politique mortifère pour le Québec. Ensemble, on pourrait les comparer à un serpent qui change de peau. Exhibant un épiderme «neuf», le reptile, au fond de ses entrailles, reste le même.


Pour faire court, la CAQ est une créature créée en 2011 par Papi Legault et l’homme d’affaires Charles Sirois. Elle a voulu mettre son cul sur la mappe en lorgnant du côté des «électeurs fatigués du débat entre fédéralistes et souverainistes». La formule procède d’une curieuse contorsion : se prétendre nationaliste et éviter tout débat sur la place du Québec au sein du Canada. Ses politiques économiques résolument de la droite la plus fétide, empestent de l’arsenal argumentaire simpliste des radios X : réduction des impôts et dégraissage de l’État. Du même souffle , les gymnastes de la CAQ prétendent vouloir améliorer les services à la population. Gratouillons un peu pour essayer de dégotter des différences entre la CAQ et le PLQ.



Le statut constitutionnel du Québec


Les libéraux comme la CAQ considèrent que le statut constitutionnel du Québec ça n’intéresse pas le vrai monde. Il serait amusant de spéculer pour savoir lequel de ses sbires Papi Legault enverrait quémander au Canada, tel Jean Marc Fournier, téteux et doucereux, pour le voir ensuite se faire remballer par son Altesse Justin premier. Papi Legault a la prétention de vouloir changer les choses mais il évite de dire quoi et comment. En fait, sur tous les enjeux, il se terre, lui et ses troupes, autant que faire se peut, de peur de s’enfoncer le pied jusqu’aux amygdales. Il gagne du temps et fait de son mieux pour dissimuler le vide intersidéral qui caractérise son option.


Le françâ


Circulez, y’a rien à voir. La seule nuance avec les Libéraux que propose la CAQ, c’est de s’affirmer préoccupée par la survie du français tout en ne ne proposant rien, de peur de froisser la minorité anglophone. D’ailleurs les quelques modifications à la loi 101 proposées par l’éphémère gouvernement Marois minoritaire n’ont pas eu l’appui de la CAQ. Voici donc un autre grand écart de Papi Legault qui finira un jour par se fendre la raie. Les Libéraux, de leur bord, prétendent que le français se porte merveilleusement bien et nous ont pondu une sorte de secrétariat aux affaires anglophones pour éviter à cette «minorité maltraitée» de s’éroder d’avantage… CAQ-PLQ, le résultat est le même, on s’enlise.



Les vases communicants


Club école des libéraux, la CAQ est une pépinière à transfuges opportunistes et sans scrupules. Bref, le genre de crapules dont les québécois prétendent saturer.


La star incontestée de cette usine à nuisibles est l’actuel ministre de la santé, Gaétan Barette. Battu en 2012 en tant que Caquiste, l’homme dont l’arrogance est aussi grande que la circonférence, s’est présenté en 2014 pour être élu Libéral, une job qui lui a permis de briller parmi les artisans de l’actuel fiasco. Signe de son succès, même les Libéraux s’efforcent de le planquer d’ici les élections.


Un autre opportuniste d’envergure, Martin Coiteux, a reluqué du côté de la CAQ et même du parti conservateur d’André Pouliot, notre libertarien Québécois. Mais bon, puisqu’à l’époque c’était le train libéral qui fonçait, c’est à bord de c’lui-là qu’il s’est garoché… Comme on le sait, en obtenant le poste de président du Conseil du Trésor, Coiteux a pu mettre en pratique tous ses fantasmes de démolition à grand renfort de discours boiteux.


Pour sa part, la vice première ministre Dominique Anglade s’est fait élire dans une élection partielle en tant que libérale alors qu’elle occupait le poste de présidente de la CAQ. Mêmes virevoltes de girouette avec Sébastien Proulx, l’actuel ministre de l’Éducation. L’ancienne vedette de l’ADQ, bien que dégoulinante de sympathie pour la CAQ, s’est laissé convaincre de se présenter dans une élection partielle sous la bannière Libérale. La CAQ et le PLQ, c’est blanc bonnet, bonnet blanc.



Dégraisser l’État pour améliorer les services…


Cette quadrature du cercle a été abondamment utilisée par les libéraux durant leur présent mandat. La solution à tous nos maux serait de tchopper dans la bureaucratie, celle-ci étant «inefficace». Depuis que les libéraux sont au pouvoir, la Fonction Publique a subit des coupures de personnel importantes et c’est le privé qui rafle la mise. Dans certains secteurs, il faut même engager des consultants du privé pour surveiller d’autres consultants du privé ! Or si le privé était miraculeux, ça se saurait. Les exemples démontrant les failles, les limites, les risques et les travers de cette solution «miracle» pullulent. Et comme on le sait bien cheux-nous, la facture peut être salée, ce qui n’est pas pour déplaire aux amis du régime. Ici, la seule différence avec les libéraux, c’est que la CAQ s’est engagée à réduire l’État alors que les libéraux ont mis en place cette politique en ayant promis le contraire. Il ne faut pas se leurrer, il est mathématiquement impossible de baisser les impôts et de maintenir ou d’améliorer le niveau de services.


Coiteux, l’ancien groupie de Legault devenu minette de Couillard, a réservé ses toutes premières salves pour affirmer que les finances du Québec étaient dans un état déplorable. La faute à qui? Évidemment, à l’éphémère gouvernement Marois qui nous aurait laissé un déficit de près de 7 milliards. De la bouillie pour les chats, puisqu’il s’agissait des demandes budgétaires des ministères avant que l’arbitrage gouvernemental ne soit fait. Faut dire qu’avec la bénédiction d’un ancien vérificateur général, la pirouette avait l’air tellement crédible… Par la suite, notre ragondin à lunettes y est allé rondement de coupes paramétriques d’une ampleur sans précédent, frappant allègrement les plus faibles. À tel point que l’ombudsman du Québec mentionnait de façon explicite que les coupes faisaient très mal à certains secteurs de la population. Bref, pour améliorer le modèle québécois et sous prétexte de rigueur, il faudrait s’efforcer de faire disparaître tout ce qui nous distingue du reste de l’Amérique du Nord.


D’une certaine façon, ce genre d’énergumène a cannibalisé le parti libéral, lequel s’affichait – tout de même – un peu plus au centre de l’échiquier politique. Mais peu importe le train, seule compte la destination pour cette clique de boulimiques.


Papi Renouveau


Legault NEW aprilus


Celui qui était perçu comme «Monsieur indicateur de performance» alors qu’il occupait les ministères de l’Éducation et de la Santé ne rechignait pas à exiger de ses fonctionnaires des montagnes de rapports statistiques pour démontrer la rigueur de sa gestion (beau paradoxe pour celui qui claironne l’inefficacité des fonctionnaires). Pas besoin de tendre l’oreille et de flâner dans les écoles et les hôpitaux. Avec les indicateurs de performances tout est clair et net! Comme lors des famines soviétiques. Les gens crevaient de faim alors que les récoltes étaient excellentes sur papier. Papi Legault voit la société comme un bilan comptable. Comme ceux de sa race, il peine à comprendre la complexité des sociétés. Il pense qu’avec une bonne poigne, il va gérer.


Gorgé de testostérone, Papi Legault trouve qu’on manque d’ambition, ici au Québec. Il faudrait «penser plusse big», comme aux States. Eux, affirme-t-il, ont le plusse meilleur niveau de vie au monde – quand on ne s’intéresse qu’à une moyenne, piètre indicatrice s’il en est, puisqu’elle zappe copieusement les abyssales inégalités caractérisant notre voisin du sud. Avec de tels propos, il n’est pas surprenant que le nouveau poster boy du Papi soit Youri Chassin, économiste à l’Institut Économique de Montréal, ce repaire de la droite pure, dure et obtuse. Un petit monsieur de plus, bien propre avec des dents bien blanches et une petite gueule de Ken, qui va nous rappeler que quelque soit le défi auquel nous sommes confrontés, y’aura qu’le privé pour le régler. Avec des mots de monsieurs respectables, les caquistes nous feront des démonstrations nébuleuses qui seront reprises par des merdias tout aussi respectables. Enfin, les radios poubelles réchaufferont tout ça avec du glutamate monosodique et le feront tourner en boucle dans les shops de Québec. Entre les lignes, suintera néanmoins le fantasme d’origine: un État coupé de sa populace mais généreux pour sa p’tite élite de carnassiers insatiables. Le pathétique de l’histoire, c’est que nombre de ces parvenus se sont bâtis grâce à ce modèle québécois dont ils souhaitent aujourd’hui la mort.




Des questions et de la consternation


Notre déculturation tranquille s’explique-t-elle par une résignation assumée? Est-ce le contrecoup d’offensives médiatiques orchestrées par des couillons sans scrupules exploitant bassement, au micro de radios privées, la niche de l’insignifiance? Quelle part de notre écrasement collectif peut-on attribuer aux flux d’intox «bien propre» que nous déverse quotidiennement Radio-Cadenas et ses alliés véreux de chez Power Corp? Saupoudrez à ces fléaux des stratagèmes de division à saveur multiculturaliste et ça vous fait un cocktail pire que du Roundoup! Ça fait la job.


Si la CAQ passe on sera nombreux à avoir une sacrée envie de dégueuler sur ceux qui auront œuvré en ce sens. À commencer par les solidaires vertueux, ces dévots de la revendication religieuse qui nous ont boudé la convergence indépendantiste. Le PQ de son bord n’est pas toujours facile à aimer. Il a sa part de responsabilité dans notre merdier collectif. Évidemment, ce serait tentant de lui mettre le nez dans sa p’tite bouse. Mais d’ici le prochain rendez-vous électoral, vaut mieux s’en garder car dans l’état actuel des choses, ce sont eux qui demeurent le meilleur scénario. C’est pas le temps de leur lancer des roches. Entéka, moi j’me sens pas d’le faire.


Squared

Aprilus8 articles

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Globe-trotter, technicien en santé animale, biologiste, enseignant (du pré-scolaire aux adultes, en passant par le Cégep) et «illustrateur maraîcher» - Aprilus est un autodidacte dont l'originalité du vécu ponctue copieusement les coups de crayon. Par dessus tout, ce sont les animaux et autres créatures d'inspiration animalières qu'il préfère représenter de son trait nerveux pimenté d'humour. Il a œuvré dans l’illustration jeunesse, dans le cadre de l’art communautaire, en tant que conférencier et a co-produit un spectacle à saveur satirique mariant dessin en direct, conte et musique (festival des Grandes gueules de Trois-Pistoles). En amateur d’humour grinçant, Aprilus, libertaire de gauche, croque volontiers l’absurdité du monde et affectionne les thèmes liés à la laïcité, aux sciences, à l’environnement et à l’indépendance du Québec. Ses dessins éditoriaux et satiriques ont été publiés dans la revue satirique Le Taon, L’aut’ Journal, le site du PCQ, Vigile Québec, le mensuel À Bâbord! et le journal Le Québécois. De cette dernière tribune, il a été censuré, en raison de sa critique sans compromis de la gauche régressive.





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1 commentaire

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    7 mai 2018

    Bienvenue sur Vigile


    JCPomerleau