Si la charte de la laïcité divise la société québécoise, elle a permis au gouvernement Marois de prendre le contrôle de l’ordre du jour politique, ce dont il avait été incapable depuis l’élection du 4 septembre 2012. À cet égard, le ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne, Bernard Drainville, dont la popularité personnelle est en hausse selon le baromètre des personnalités de Léger Marketing, a tout lieu de se féliciter.
Le problème est qu’il ne suffit pas de dicter l’ordre du jour. Encore faut-il que cela se traduise dans les intentions de vote. À cet égard, les résultats sont nettement moins probants. Si des élections avaient eu lieu la semaine dernière, le PLQ aurait vraisemblablement formé un gouvernement minoritaire.
Il est rare que CROP et Léger Marketing arrivent à des résultats identiques. Cette fois-ci, à trois semaines de distance, les deux maisons de sondage ont accordé 5 points d’avance aux libéraux (37 % contre 32 %). Pour le PQ, cela commence à ressembler dangereusement à un plafond. Une majorité de caquistes ont beau appuyer la charte de la laïcité, ils ne semblent pas disposés à voter péquiste pour autant.
Plus inquiétant encore, ce débat semble plomber l’option souverainiste, comme le craignaient Jacques Parizeau, Lucien Bouchard, Jean Dorion et bien d’autres. S’il y avait un référendum, seulement 33 % des Québécois et 41 % des francophones voteraient « oui », selon le dernier sondage Léger Marketing-Le Devoir. Ceux qui croyaient que la laïcité pourrait prendre le relais de la langue comme moteur de la souveraineté devraient y réfléchir sérieusement.
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L’adoption probable du projet de loi sur les mines d’ici Noël permettra au moins au gouvernement de terminer l’année sur une bonne note et de mettre un baume sur l’humiliant aveu d’échec sur le plan budgétaire auquel le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a dû se résoudre, faute d’avoir pu l’éviter par un déclenchement d’élections hâtif.
Les libéraux ont si souvent reproché au PQ de nuire à l’investissement par son incapacité à édicter des règles claires qu’ils seraient bien mal venus de bloquer un projet qui constitue manifestement un recul par rapport aux intentions initiales du gouvernement. On peut cependant compter sur les partis d’opposition pour faire en sorte que l’échec budgétaire ne soit pas oublié.
Philippe Couillard a été très explicite quant à son désir de faire porter la prochaine campagne sur les questions économiques, mais les résultats du sondage, qui a été réalisé après la mise à jour de M. Marceau, ne donnent pas l’impression que la population est très troublée par le report du retour à l’équilibre budgétaire. L’effet de cette annonce sur les intentions de vote a été nul.
À moins d’une soudaine augmentation du taux de chômage que rien ne laisse prévoir, ou encore de douloureuses compressions, qu’on reportera sans doute après les élections, il est loin d’être certain que le débat sur la laïcité sera relégué au second plan. Les audiences publiques sur le projet de loi 60 débuteront le 14 janvier et s’étireront pendant au moins deux mois, ce qui risque de monopoliser l’espace médiatique.
M. Couillard a dit souhaiter qu’un budget soit présenté et mis aux voix avant que les Québécois soient appelés aux urnes, ce à quoi la première ministre Marois s’est bien gardée de s’engager. Même si cela devait être le cas, la précarité de la situation budgétaire serait déjà de l’histoire ancienne. Au pire, on pourrait toujours compter sur la créativité des fonctionnaires du ministère des Finances pour arrondir les angles, quitte à rectifier le tir après les élections.
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Assuré d’une victoire à l’élection partielle de lundi dans Outremont, le chef libéral sera de retour à l’Assemblée nationale le 11 février, si elle reprend ses travaux comme prévu. Il a dit se réjouir d’avoir l’occasion de démontrer le style de leadership qu’il compte exercer, mais le baromètre de Léger Marketing traduit le scepticisme grandissant de la population.
Même s’il recueille 40 % d’opinions favorables, sa popularité est en baisse de 8 points par rapport à juin dernier. Le bond spectaculaire de 18 % des opinions favorables à la députée libérale de La Pinière, Fatima Houda-Pepin, laisse penser que la perte de faveur du chef libéral n’est pas étrangère à sa position sur le port de signes religieux.
La CAQ mise beaucoup sur le député de Lévis, Christian Dubé, pour vendre ses audacieuses propositions en matière de fiscalité, qui seront au centre de sa prochaine campagne. Il part cependant de très loin. Sur le plan de la notoriété, il arrive au 49e rang sur 51 dans le baromètre de Léger Marketing. 71 % des Québécois ne savent pas qui il est. Seuls le nouveau chef d’Option nationale, Sol Zanetti, et celui du Parti vert, Alex Tyrrell, sont moins connus. M. Dubé n’apparaît même pas dans le « Top 10 » des électeurs caquistes.
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