Journaliste à la radio et à la télé de Radio-Canada pendant plus de trente ans - il a pris sa retraite en 1986 -, Claude Jean Devirieux a accumulé des tonnes d’informations qui, pour diverses raisons, n’ont jamais été rendues publiques. Dans Derrière l’information officielle. 1950-2000, il présente, sous forme d’abécédaire, plusieurs de ces histoires d’inégal intérêt.
Versé dans l’anecdote, Devirieux raconte avec amusement le stratagème utilisé par les moines de Saint-Benoît-du-Lac, dans les années 1950-1960, pour frauder l’assurance chômage, sa nomination à titre de spécialiste radio-canadien de l’exploration spatiale, en 1975, attribuable à sa lecture de Tintin et, sur un ton plus grave, les derniers mois de vie de Judith Jasmin, « morte quasiment seule dans sa chambre de l’Hôpital Notre-Dame ».
Obsédé par les incohérences de la version officielle de la Crise d’octobre 1970, Devirieux consacre plusieurs entrées de son abécédaire à ce dossier. Sur la base de confidences qu’il a reçues, il affirme que Louis Laberge était un agent double de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui a joué un rôle trouble dans le Front de libération du Québec (FLQ), que « le fédéral était pour le moins heureux d’être débarrassé de Pierre Laporte », étant donné les liens de ce dernier avec la mafia, que la GRC savait dès le départ où étaient séquestrés Cross et Laporte et que, grosso modo, en 1970, « les autorités fédérales ont mis au point et réalisé la plus vaste opération de manipulation de l’opinion publique québécoise de tous les temps avec l’aide de l’armée ».
S’il faut en croire l’ex-journaliste, les espions - québécois, canadiens, états-uniens et britanniques - pullulent au Canada depuis 1950. Trudeau a été espionné, Lévesque aussi, et Devirieux lui-même n’a pas échappé à la surveillance policière. En 1975, il a même été cocufié par un policier qui faisait le guet devant sa maison et, en 1980, lors d’un cambriolage de son domicile, seul son dossier sur la Crise d’octobre a disparu.
Se présentant comme un « témoin aussi honnête que curieux », comme un strict « observateur », Claude Jean Devirieux n’en arrive pas moins à conclure que, sous Trudeau, « le Canada a rasé le fascisme » et que le pays, à cause du système électoral qui concentre trop de pouvoir dans les mains d’un premier ministre élu par une minorité de la population, n’est pas une démocratie et flirte avec la dictature. Médiocrement informé par des médias privés commerciaux sans envergure et par une société d’État contrôlée par le gouvernement, continue Devirieux, le peuple ne s’en rend même pas compte. Pourtant, continue-t-il, « le Québec, tous partis confondus, est toujours perdant dans ses relations avec le reste du pays ». Pire encore, ajoute-t-il, « jamais, nulle part, aucune nation n’a été comme le Québec à ce point manipulé [sic], abusée, trompée, spoliée, baisée et sodomisée ».
Tout en cultivant un ton bonhomme, entre deux piques narquoises aux féministes, Devirieux, dans ces pages, frappe fort, mais ne brille pas toujours, quoi qu’il prétende, par sa rigueur.
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