Le travail de sape de la crédibilité de Me Marc Bellemare devant la commission Bastarache est commencé.
Le procureur de la commission, Me Giuseppe Battista, a d’abord tenté de minimiser les fortes pressions que l’ex-ministre de la Justice affirme avoir subies en faveur de candidats à des postes de juges, puisque des semaines, voire des mois se sont écoulés entre celles-ci et les nominations. Le processus habituel aurait été suivi et seuls les retards imputables au ministre de la Justice ont entraîné ces longs délais, devait-on comprendre.
C’est toutefois l’avocate du gouvernement du Québec, Me Suzanne Côté, qui a vraiment donné le ton au derby de démolition auquel nous assisterons au cours des travaux de la commission, après le témoignage dévastateur pour le gouvernement Charest livré la semaine dernière par Me Bellemare.
Paranoïaque
Me Côté s’est d’abord longuement attardée sur le déplacement de M. Pierre Legendre du poste de directeur du cabinet du sous-ministre de la Justice, qu’il occupait depuis 1989, pour la seule raison qu’il était le frère de l’ex-ministre péquiste Richard Legendre. La stratégie de Me Côté était alors facile à décoder : elle a tenté de faire de Me Bellemare un paranoïaque un peu ridicule.
Me Côté est aussi revenue sur le refus de Me Bellemare de rencontrer privément les procureurs de la commission avant de témoigner publiquement, alors que cette question était pourtant vidée. Elle a enchaîné avec les affirmations du témoin sur l’absence d’agenda personnel et de notes de travail pendant son année à la barre du ministère de la Justice. Ces questions suggéraient que Me Bellemare voulait de la sorte dissimuler des choses, pour mieux imposer sa présente version du déroulement des choses en 2003-2004.
Me Côté a en plus mis en doute la mémoire de Me Bellemare, six ans après les événements évoqués devant la commission. Elle en voulait pour preuve l’évocation par Me Bellemare de propos en 2003 de son ex-collègue Norm MacMillan en faveur de la nomination de Me Marc Bisson. M. MacMillan aurait fait un lien au cours de cette conversation avec la mise sur pied de la commission Gomery. Or, celle-ci n’est survenue qu’en 2004. Si Me Bellemare a pu commettre une erreur aussi grossière, il y a lieu de mettre en doute la véracité de tout le reste de son témoignage, laissait ainsi entendre Me Côté.
Leçon de français
Un contre-interrogatoire de plusieurs heures est toujours un exercice épuisant sur les plans intellectuel, psychologique et même physique. Me Bellemare est demeuré d’un calme olympien, il a gardé un ton neutre pendant toutes ces tentatives de minage de sa crédibilité et il s’est même permis de donner une amusante leçon de français à Me Côté en fin de journée, lui démontrant de la sorte qu’il restait le véritable meneur de la joute qu’ils se livraient.
Gagnant
Me Bellemare avait remporté haut la main la guerre de l’opinion publique la semaine dernière. Le contre-interrogatoire de Me Côté était cependant très attendu. Cette avocate a la réputation d’être redoutable. Elle a certes été efficace, sans tomber dans le piège de faire un martyr de Me Bellemare.
Ce dernier a toutefois gagné le round d’hier, du seul fait que l’avocate du gouvernement n’a pas réussi à le confondre vraiment sur des questions de fond.
Réagissez à cet article : jjacques.samson@journaldequebec.com
Derby de démolition
Le travail de sape de la crédibilité de Me Marc Bellemare devant la commission Bastarache est commencé.
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