PARTI QUÉBÉCOIS — PAULINE MAROIS

Déjouer les embûches pour décrocher une majorité

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Beau temps devant

Québec — La confiance est installée. Le moral des troupes est au plus haut. Pourtant, la première ministre Pauline Marois saute dans l’arène électorale avec l’intention de jouer de prudence, dans une bataille où tous les coups sont généralement permis.

La chef du Parti québécois (PQ) a 33 jours pour convaincre les électeurs de lui accorder la précieuse majorité qui lui donnerait toute la marge de manoeuvre pour mettre de l’avant son programme.

À 64 ans, Mme Marois compte plus d’expérience que tous ses adversaires réunis. Elle a dirigé tous les ministères importants en trois décennies à l’Assemblée nationale. Ses proches collaborateurs notent qu’elle a pris de l’aplomb au cours des derniers mois. Et le PQ est plus uni que jamais, après la fronde de députés qui avait failli provoquer la chute de Pauline Marois, à l’été 2011.

Des signes d’inquiétude émanent tout de même du camp péquiste, au moment où la première ministre donne le signal de départ de la course électorale.

La menace du «deal»

La charge menée par le chef caquiste, François Legault, à l’égard du couple Pauline Marois-Claude Blanchet, sur le « deal » derrière l’investissement du Fonds de solidarité FTQ dans Capital BLF, provoque des craintes dans l’entourage de la chef péquiste.

L’équipe de la première ministre ne laisse rien au hasard. La chef du Parti québécois entend notamment prendre part à un seul débat des chefs, écartant pour l’instant de participer aux face-à-face prévus par le Groupe TVA.

À sa troisième campagne à la tête du PQ (après celles de 2008 et de 2012), Pauline Marois doit encore prouver qu’elle peut « casser la baraque ». En privé, des stratèges péquistes soupirent d’aise devant le manque d’assurance de Philippe Couillard, son vis-à-vis libéral qui apprend encore à la dure son métier de chef.

Dur apprentissage

Au lendemain de son élection, il y a 18 mois, la première femme chef de gouvernement du Québec s’est livrée à un dur apprentissage du pouvoir. Elle avait mis la barre haute en proposant de rapiécer la société québécoise, déchirée par le long conflit étudiant. Pari qu’elle a remporté en arrimant l’augmentation des droits de scolarité au taux de croissance du revenu disponible des familles — historiquement plus élevé que celui de l’inflation.

Avec la politique identitaire déployée par son équipe depuis l’automne dernier, la première ministre sortante devra à son tour se défendre d’avoir attisé les tensions au sein de la population québécoise.

Elle est demeurée sourde aux appels des partis d’opposition à restreindre la portée de l’interdiction des signes religieux ostensibles prévue dans la charte de la laïcité.

Retour de la confiance

La première ministre avait rapidement suscité la méfiance des regroupements de gens d’affaires en ajoutant deux paliers d’imposition, ce qui aurait tiré vers le haut rétroactivement les impôts à payer par les mieux nantis. Elle a reculé trois semaines plus tard. La désignation de Daniel Breton et de Martine Ouellet au sein du Conseil des ministres, le premier à la tête du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (qu’il a perdu quelques mois plus tard), la seconde à la tête des Ressources naturelles, a aussi suscité des grincements de dents.

Pauline Marois a su gagner peu à peu la confiance du monde des affaires, notamment avec sa politique économique — dont la stratégie d’électrification des transports —, mais surtout avec l’appui de son gouvernement à l’exploration pétrolière sur l’île d’Anticosti ou à la construction d’une cimenterie à Port-Daniel, en Gaspésie.

Selon plusieurs, c’est toutefois la gestion des contrecoups de la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic qui lui a donné une aura de chef d’État.

La quête du pays

Pauline Marois a de plus ramené la gouvernance souverainiste à l’avant-plan. Mais repousser le carcan constitutionnel canadien à sa limite, en ne lésinant pas sur les moyens, politiques et juridiques, a laissé sur leur faim les indépendantistes pressés.

Pauline Marois leur réservait une surprise. À l’occasion d’un arrêt en Mauricie, au début du mois de février, elle s’est engagée à déposer un livre blanc sur l’avenir du Québec si le Parti québécois forme un gouvernement majoritaire. « Il y aura un référendum sur la souveraineté au moment approprié. J’aimerais que ce soit le plus tôt possible, mais on ne bousculera pas les Québécois », a déclaré la chef péquiste à 350 militants rassemblés au Musée québécois de la culture populaire de Trois-Rivières. « Je suis sûre d’une chose : le Québec deviendra un pays. Toute notre histoire nous y conduit ! » a-t-elle ajouté.

Le discours de Trois-Rivières a galvanisé la grande famille indépendantiste au-delà des espérances de l’état-major du Parti québécois. Il reste à voir si la population embarquera dans le train référendaire avec le même enthousiasme. Ça ne serait pas la première fois que Pauline Marois réussit là où ses adversaires prédisaient sa défaite.


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