C’est vraisemblablement le ras-le-bol généralisé envers le gouvernement conservateur qui a mené au raz-de-marée libéral, bien qu’il faille nuancer ce jugement pour tenir compte de la réalité électorale canadienne.
L’éclatante victoire libérale est toute relative. Les conservateurs dominent dans les Prairies, sont deuxième en Ontario, au Manitoba, et ils ont même réussi à réinvestir la Capitale nationale du Québec. En fait, la victoire libérale est due en grande partie à notre système électoral non proportionnel.
Les libéraux ont récolté 54,4 % des sièges à la Chambre des communes avec 39,4 % des votes exprimés, alors que leur plus proche concurrent, les conservateurs, ont obtenu 29,3 % des sièges mais tout de même 31,9 % des suffrages. Un écart de 7,5 point dans le nombre de votes exprimés s’est donc soldé pour les libéraux par une prime de 25,1 points en nombre de sièges.
Une redistribution proportionnelle de cet écart au bénéfice des partis d’opposition aurait probablement permis au Bloc québécois d’atteindre le seuil de 12 députés lui permettant ainsi de se qualifier aux subventions parlementaires fédérales. Ce n’est pas anodin.
Au Québec, la prime au parti politique victorieux est non moins significative. Avec 35,7 % des votes, les libéraux récoltent 51,3 % des sièges, un écart de 15,6 points. Ce sont principalement Le Bloc québécois et le Nouveau parti démocratique qui en font les frais (voir les données sur le site Élections Canada).
L’Histoire se répète. Lors de l’élection fédérale du 2 mai 2011, ce sont les conservateurs qui obtenaient 53,9 % des sièges, alors que le nombre de voix en leur faveur a totalisé 39,6 % des voix exprimées. Il est primordial que soient corrigées de telles anomalies. À ce propos, l’ouvrage de Paul Cliche intitulé « Le scrutin proportionnel. Pour réduire le déficit démocratique, publié aux Éditions du Renouveau québécois, 1999, serait certainement un précieux outil de réflexion.
Au final, que gagne le Québec dans cette élection fédérale du 19 octobre 2015 ? Certainement une solide représentation au parlement canadien. Le Québec a signifié encore une fois son appartenance à part entière au Canada…pour l’instant ! Mais au regard de l’Histoire, cet instant dure depuis au moins 1867…!
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2 commentaires
François Ricard Répondre
27 octobre 2015Le parlementarisme à la britannique ne se prête guère à des modes de scrutin qui ne permettent pas d'élire des gouvernements majoritaires. Car dans ce type de parlementarisme, si deux partis décident de former une coalition, cette coalition, à terme, signifiera la mort de l'un des deux partis en cause. Un exemple probant: L'Action nationale et l'Union nationale.
François Ricard Répondre
27 octobre 2015Le scrutin est la façon utilisée pour élire des représentants. Il y a différents modes de scrutin que nous pouvons utiliser. Comme il y a bien des chemins qui mènent à Rome. Mais quels que soient les chemins utilisés, Rome ne change pas.
C'est notre parlementarisme à la britannique, produit de la monarchie constitutionnelle, qui est vicié et vicieux.
Un régime vraiment démocratique fait une nette différence entre les trois pouvoirs: le législatif, l'exécutif et le judiciaire.
En notre système, le tout se retrouve dans la même personne: le premier ministre.
Il nomme et dégomme les ministres. Il nomme et dégomme les hauts fonctionnaires. Il nomme les juges. Ses députés lui doivent totale obéissance.
Nous élisons des représentants qui diront comme le chef, qui agiront comme le chef, qui approuveront toutes les décisions du chef. De véritables zombies qui sont à l'écoute exclusive du chef et non à l'écoute de leurs électeurs.
Et ces zombies sont élus par des super-zombies: nous de l'électorat. Parce que nous votons pour l'élection de ces zombies, nous nous croyons en démocratie.
Alors ce n'est pas le mode de scrutin qu'il faut changer, c'est notre système de gouvernance. Pourquoi ne pas proposer à la population une constitution d'une république démocratique. Le système américain, avec un resserrement du financement des partis, est à des lieues plus démocratique que le nôtre. Et en approuvant pareille constitution, la population, par le fait même, envoie promener la monarchie.