MM. Pomerleau et Cormier-Denis, je dénonce la lecture fausse que vous faites de la Loi 99 dans votre dernière émission. Avec un enthousiasme troublant, vous en déformez, et la lettre et l’esprit, alors qu’ils procèdent pourtant tous deux du nationalisme civique qui s’est imposé à nous après 1995.
De par cette loi, le peuple québécois n’est pas reconnu français comme vous le sous-entendez, il n’est dit que «majoritairement de langue française». Une caractéristique descriptive que l’État du Québec ne s’engage en rien à maintenir. Bien au contraire.
Le peuple québécois y est davantage défini comme comprenant «une communauté d’expression anglaise» (non pas une minorité comme vous l’affirmez) jouissant de «droits consacrés». Directe conséquence : il est bien spécifié que l’État du Québec ne peut promouvoir le français que dans la mesure où cela ne brime pas les droits des anglophones.
En clair, cela infère irrévocablement que le peuple québécois, duquel l’État du Québec tire sa légitimité, est fondé sur l’union des deux grandes communautés linguistiques du Québec, des anglophones et des francophones. De plus, même si le français est réaffirmé langue officielle du Québec, l’anglais ne l’est pas moins légalement, du seul fait des droits consacrés des québécois anglophones. Idem pour la langue dite commune qui ne peut, dans ce cadre légal, être exclusivement le français.
Il en va de même pour le multiculturalisme.
Rien dans la Loi 99 ne lui fait obstacle. On lui ouvre plutôt la porte en reconnaissant l’apport des Québécois d’origine étrangère. La Charte de la langue française (la Loi 101) allait déjà beaucoup plus loin en précisant que l’État du Québec entendrait désormais agir dans le « [respect] des minorités ethniques, dont elle reconnaît l’apport précieux au développement du Québec ».
Voilà quel est l’esprit et la lettre de la Loi 99, loi que la mairesse Valérie Plante respecte avec application et qui, loin de nous être favorable, représente un grave recul pour quiconque s’identifie à une nation française.
Messieurs, comprenez-vous dès lors que votre juste critique de la doctrine d’État du Canada bilingue et multiculturel s’applique tout autant à la québécitude?
Les assimilateurs ont, depuis l’indépendance américaine, cherché à unir Français et Anglais du Canada sous une même nationalité, sachant fort bien qu’en contexte nord-américain l’élément français serait tôt ou tard assimilé. C'est ce qui est arrivé partout ailleurs qu’au Québec, mais où, après 1867, du fait de notre extraordinaire résilience, le nationalisme canadien-français n’a fait que nous renforcer.
Un siècle plus tard, on arrivait au point de rupture. Les Canadiens-Français réclamaient désormais leur État national. Et pour éviter cette catastrophe qui aurait mis fin au rêve de Canada-Uni des héritiers de nos vainqueurs, les progressistes-assimilateurs se sont divisés en deux camps : les promoteurs du Canada multiculturel (Trudeau) d’un côté, et les tenants de la québécitude (Lévesque) de l’autre. La tentation du dualisme, du «blanc ou noir» étant toujours la plus simple et la plus efficace, les nationalistes canadiens-français n’ont su y résister. Ottawa devenant ainsi non plus un gros méchant, mais bien un super vilain, on pourrait dès lors faire tout pardonner au Québec idéalisé quoi qu’il fasse.
À partir de là, il ne restait plus aux tenants de la québécitude qu’à gaspiller l’élan et la fougue des nationalistes, par des fautes politiques évidentes, des mesures dilatoires, des discours ambigus ou des législations faisant illusion mais néanmoins contraires aux aspirations nationales. L’important était d’attendre qu’au fil des alternances politiques, qu’au fil des générations vivant avec une immigration grandissante et recevant une éducation dénationalisée, l’idée d’une nation française au Québec soit remplacée par une même appartenance citoyenne ou territoriale qui unisse anglophones et francophones, et tous les autres. L’important était de nous faire ainsi adopter la normalité sociologique nord-américaine, et, pire encore de notre point de vue, faire en sorte que l’idée même d’une nation française devienne moralement et légalement indéfendable au Québec.
Nous en sommes presque là aujourd’hui.
Saisissez-vous à quel point, dans ce contexte où nos élites sont agents du multiculturalisme, votre appel à voter PQ pour qu’il institue une Constituante est irresponsable? Quelle marge de manœuvre peut-il bien rester aux nationalistes pour empêcher l’enchâssement du multiculturalisme dans une éventuelle constitution québécoise? Ce serait le dernier clou au cercueil de notre dépossession, et vous, candidement, en espérez tellement de bien que les bras m’en tombent.
Si je vous ai écrit, c’est que vous annonciez en novembre dernier votre intention de reprendre le combat où Daniel Johnson père l’avait laissé en 1968. Ce combat visait à donner un État national aux Canadiens-Français, un État qui soit l’égal du Canada anglais. C’était la seule chose qui comptait alors et qui compterait encore aujourd’hui pour que s’épanouisse la nation canadienne-française. Mais de toute évidence, vous n’y pensiez pas vraiment.
Vous en êtes encore simplement à vouloir faire voter PQ, coûte que coûte.
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17 commentaires
Éric F. Bouchard Répondre
12 avril 2018C’est vrai que tout cela n’est pas simple.
Le conservatisme social ne pose pas problème en soi, mais la question identitaire est d’un autre ordre.
Pour une nation, un changement de nom n’est pas que sémantique. Il y avait une raison pour l’imposer aux Canadiens-Français, précisément au moment où ils se donnaient une doctrine d’État (dixit les États généraux du Canada français) résolument souverainiste. On a pu laisser croire que cela était pratique et logique (nous pensions : étant largement majoritaires au Québec, identifions-nous à lui pour mieux le contrôler), voire d’une habileté irréprochable en évitant toute confrontation directe avec les non Canadiens-Français du Québec par le partage d’une même identité civique (étant si nombreux, nous n’aurions pas de mal, pensait-on, à circonscrire leur influence). En regard de la situation actuelle, force est de constater qu’on s’est trompé, d’aplomb.
Pour les nationalistes, l’heure devrait être à la réflexion, au retour sur soi, afin de trouver les raisons de cet échec, plutôt que de reconduire toujours les mêmes recettes qui nous ont menés là où nous sommes (ne critiquer que la doctrine fédérale, voter PQ ou Bloc, culpabiliser les «de souche» à grands coups de chroniques, surinvestir sans cesse l’identitaire québécois pour en préserver une lecture nationaliste, etc.). Susciter cette réflexion, c’est ce que j’essaie de faire ici, pour faire comprendre que le passage de Canadiens-Français à Québécois relevait bien plus d’une corruption de notre code source, d’une altération grave qui nous rendait plus assimilables, que d’une affirmation nationale.
Vous voulez jouer à la réelle politique? Cela me semble bien loin de nos prossibilités, des miennes à tout le moins. Illustrons d’abord en quoi l’abandon de la nationalité canadienne-française a pu nous desservir.
Premier exemple, l’anglicisation. McGill est aujourd’hui la plus prestigieuse université québécoise. La plus connue dans le monde et la première ambassadrice du savoir québécois. À ce titre, elle attire nombre de Québécois francophones bien qu’étant indubitablement un centre majeur de culture anglo-saxonne. McGill est ainsi en parfait accord avec la québécitude tout en étant un foyer évident d’anglicisation. En aurait-il été différent pour un État canadien-français? On aurait pu s'y attendre. Lors de leur réveil national, les Flamands, eux, n'ont pas hésité à «flamandiser» la vénérable université de Louvain.
Deuxième exemple : l’accession à la souveraineté. Du moment où nous aurions été en présence d’un État canadien-français (qui défende les droits et les intérêts de la nation canadienne-française, et au premier chef son droit à l’autodétermination), seuls les Canadiens-Français auraient été concernés. Même s’il n’est jamais simple de faire le départage d’une population, il peut être admis que les Canadiens anglais du Québec (et ceux qui ont adopté leur langue) n’auraient pas à intervenir sur cette question. Ce n’aurait pas été là leur faire tort puisque cela ne regardait en rien leur nation. En québécitude, il en va différemment, tous les Québécois ont droit et le devoir de s’exprimer puisque tous sont également concernés.
Dernier exemple : l’immigration. Nous faisons face à une immigration de masse. En québécitude, nous avons du mal à nous y opposer. La simple proposition d’une modeste réduction du nombre de migrants amène à être soupçonné du pire par plusieurs et non des moindres. Plus grave encore, une part grandissante de la population ne semble plus ressentir d’inquiétude à ce sujet. La québécitude est perçue comme une diversité socioculturelle où le français garde une place à part, voilà tout. Aurait-ce été le cas dans un Canada-Français? Bien non. Dans un tel cadre, il aurait été légitime et urgent de se prémunir contre l’immigration massive, en exposant les risques avérés de submersion qu’elle représenterait pour la nation canadienne-française, minoritaire en Amérique. Pour agir comme la Hongrie actuelle, il eut fallu un État canadien-français.
On pourrait continuer avec le français, langue officielle des îles Anglo-Normandes, un statut qui n’a pourtant pas empêché une totale anglicisation au 20e siècle, mais arrêtons-nous là.
Vous aurez saisi que ce jeu n’a plus de correspondance véritable avec nos possibles politiques, il ne sert qu’à faire comprendre à quel point la québécitude nous a fait perdre l’avantage politique. Comment, dans le Québec, elle a rendu irrecevables certaines visées ou actions politiques pourtant légitimes dans le cadre légal d’un véritable État national, un État qui aurait dû être établi n’eût été les préjugés anti-canadiens-français du néonationalisme. Comprendre aussi comment il serait illusoire de penser pouvoir encore infléchir l’action du PQ, lui qui a défini la québécitude actuelle plus que tout autre parti.
Vous voulez faire de la politique? Il faudrait d’abord cesser d’être en porte-à-faux avec la québécitude. Puis trouver le moyen de nourrir un sentiment national et une action politique à même l’histoire et les droits de la nation canadienne-française.
Reconstituer ainsi une nation distincte devant faire reconnaître ses droits légitimes à l’existence plutôt que d'être tous relégués à l'état d'arrière-fond francophonisant du Québec de demain.
Éric F. Bouchard Répondre
4 avril 2018Cette discussion est ma foi révélatrice, cher ACD, mais elle tourne visiblement en rond : je ne sais plus par quel bout prendre votre dernier commentaire.
En ce qui concerne le nationalisme ethnique, je vous dirai que je le considère indissociable des petites nations qui doivent défendre leur spécificité. Il nourrit même parfois la fierté de grandes nations, comme cette Russie qu’on admire tant sur Vigile. Ce nationalisme a pour visée de refléter une nation qui possède un récit historique distinct, une mémoire, une culture et des institutions bien caractéristiques, une nation ethnique oui, bien reconnaissable dans le concert des autres nations. Il vise, à terme, l’obtention d’un État national qui seul peut permettre la structuration d’une société en phase avec le génie propre d’une nation donnée. Un tel État n’est pourtant pas fermé aux citoyens de toutes origines, il n’implique pas qu’on ne puisse y conserver une culture étrangère, ni qu’on y restreigne les droits civiques ordinaires de ceux qui refusent de s’assimiler. Une tel État exige seulement le respect de son caractère national, i.e. que tous acceptent qu’il agisse, légifère ou règlemente selon les intérêts supérieurs de la nation qu’il représente.
Vous m’interrogez sur les droits nationaux bafoués des Canadiens-Français? Ce sont ceux qui leur permettaient d’avoir leurs propres institutions, d’édifier une société qui leur ressemble, ces droits qu’ils avaient reconquis patiemment et petit à petit depuis la Conquête. Ultimement, ce sont les droits proclamés par les États généraux du Canada français en 1967 : être pleinement reconnus en tant que nation, s’autodéterminer selon des paramètres qui ne concernent que celle-ci, et finalement, faire de la province de Québec un véritable État national canadien-français.
Si je m’en prends si vertement à la québécitude, c’est qu’elle a jeté tout cela par terre. Ces droits, elle les a foulés au pied. Avec une bonne conscience écœurante, les tenants du néonationalisme (les Lévesque et cie), ont fait fi des désirs séculaires de leur propre nation, de visées politiques témoignant pourtant d’une pleine maturité et exprimés dans un des grands exercices démocratiques du genre, afin d’imposer un concept progressiste de nation civique promus par leur seule école de pensée. Ils disaient alors- il y a 50 ans maintenant!- qu’il serait ainsi plus simple d’obtenir notre souveraineté…
Dès lors, en nous québécisant au même titre que les anglophones et les allophones, nous (les Canadiens-Français) renions notre statut de nation, nous renoncions par le fait même à nous autodéterminer, et aussi à obtenir un Canada-Français, un État national qui défende nos seuls intérêts. Car le Québec se doit de défendre tout autant les intérêts et «les droits consacrés de sa communauté d’expression anglaise» (dixit la Loi 99 (2000)), que ceux des francophones (et vous le savez, sous «Québécois francophones» se cache aussi une réalité multiethnique puisque les Canadiens-Français n’en forment plus qu’une partie). Ce caractère multiculturel fondamental (plurinational dirait Gilles Verrier) du peuple-nation québécois est ainsi la raison première de l’insatisfaction chronique des nationalistes-souverainiste envers Québec, et aussi celle du déclin de leur mouvement. Plus le temps passe, plus la nature multiculturelle de la québécitude se déploie, notamment en donnant naissance à un discours politique qui lui soit adapté. Chez QS par exemple.
Mais à vous lire maintenant, on constate que cette dimension du combat politique ne vous intéresse pas vraiment. Tout à coup, vous admettez que Québécois n’égale plus, mais plus du tout, Canadien-Français. C’est une question qui fut réglée naguère par le RIN –Bourgault l’a dit– et devant un tel argument d’autorité, on ne peut que s’incliner. C’est vrai quoi, face aux doctrinaires du RIN ou du MSA, les États généraux du Canada français couronnant deux cent ans de lutte nationale, ça ne fait évidemment pas le poids…
Au final donc, le néonationalisme ne pose pas problème. Le fait que nous en soyons réduits à partager une simple identité civique avec les autres Québécois, et au premier chef avec les Anglo-Québécois (aux droits consacrés par les lois du PQ), n’a pas à être remis en question. Ce serait «discriminatoire» dites-vous. La québécitude, on l’aura compris, c’est sacré, définitif et irrémédiable. Heureusement que les Cambodgiens n’ont pas partagé ce fatalisme et qu’ils ont mis fin à l’expérience de redéfinition autodestructrice du Kampuchéa. À tout le moins, eux n’ont pas hésité à rétropédaler pour redevenir eux-mêmes plutôt que de disparaître. Et on pourrait en dire autant des Soviétiques : 80 ans de rétropédalage dans leur cas...
Les «50 ans de perdus» décriés par M. Le Hir n’ont donc rien à voir avec notre rééducation identitaire. Non, notre déclin politique, notre minorisation est plutôt causée par un progressisme social obligé, une insidieuse exportation du multiculturalisme canadien. Wow! Comme si la québécitude n’était pas elle-même fille du progressisme… Pour vous, il suffirait d’insuffler à notre existence collective un souci de préservation du «caractère profondément occidental du Québec » (concept précis, s’il en est un), ce qui semble équivaloir chez vous à une sorte de conservatisme social. Devenons conservateurs et tout ira mieux. Vous m’en direz tant.
Au moins c’est clair. Pour dynamiser le mouvement souverainiste, Vigile ne fera au mieux que promouvoir une variante conservatrice de la québécitude, et entendons par là, favoriser la transformation du PQ en parti conservateur pour en enrayer la chute. J’anticipe déjà l’annonce de l’arrivée d’une nouvelle «dream team» au PQ... Peut-être après une défaite de Lisée, qu’en pensez-vous? Ainsi, lorsque Vigile en appelle aux Canadiens-Français, à leur héritage identitaire, à Lionel Groulx ou à l’Union nationale, ce n’est que pour refaire un coup semblable à celui des progressistes du tournant des années 1970 : se rallier les plus militants en donnant un semblant de consistance nationaliste à un projet de société qui n’en a aucune. En donnant à un néo conservatisme québécois salvateur l’illusion d’une «épaisseur historique», comme le dirait si élégamment MBC.
Ouais, en somme, rien de bien nouveau.
Alexandre Cormier-Denis Répondre
11 avril 2018Bref, à part mettre le terme « Canadiens-Français » à toutes les sauces, vous ne savez pas trop ce que vous défendez.
Le conservatisme social vous pose problème et le nationalisme ethnique que vous promouvez n'en est pas réellement un, puisqu'il ne restreindrait pas la citoyennetés aux seuls « de souche ».
À ce compte, on ne voit pas trop ce que vous reprochez au Parti Québécois, à part qu'il devrait remplacer Québécois par « Canadiens-Français ». C'est le vocabulaire qui semble vous poser problème plus que la politique menée.
Quant à la question de reprendre le contrôle de l'État et de stopper la submersion migratoire, vous n'en parlez pas, puisque cela vous plongerait dans le réel politique du Québec que vous semblez vouloir éviter en prenant des postures politiques des plus confuses au nom d'une forme de pureté symbolique évanescente.
Gilles Turcotte Répondre
1 avril 2018Je répète abondamment, à fin pédagogique, que Québécois est (devrait être) identifiant d'une culture, pas d'un code postal de résidence de la province britannique de Québec.
C'est à dessein, que toujours depuis toujours le conquérant spolie ou dissout les identifiants, comme tactique d'éradication des identités.
... tel que initialement, de 1603 à 1763, l'identifiant Canada identifiait une identité socialiste confédération des premières nations ... qui est pourquoi je nomme Quenayda (ou Kenayda, mais le K servait avant le C) la fédération capitaliste britannique (double pléonasme).
Gilles Turcotte Répondre
1 avril 2018Ce texte est si mal rédigé qu'on en saisi mal la pensée de l'auteur.
... et dans cette continuité, l'auteur Éric Bouchard confond peuple et nation.
Il est un fait que la loi 99 ne consacre ni la nation Québécoise ni sa langue, mais elle n'est pas l'oeuvre du Malin dénoncée ... elle ne fait que réciter la réalité : le peuple représenté par AssNat rédigeant cette loi, est composé de plusieurs nations ... et des anglos, une communauté de nation d'à côté.
Pour rédiger une loi plus précise et explicite, il faut plus de légitimité, ce qu'ils n'avaient pas ... ce qui s'obtient en rédigeant une déclaration républicaine constitutionnelle ... par assemblée constituante ... où la majorité Québécoise y imprimerait aisément son pouvoir de se préserver.
Michel Matte Répondre
28 mars 2018Le régime politique canadien que nous subissons sert à justifier les privilèges des minorités possédantes au détriment des classes laborieuses majoritaires. Voici ce qu'en dit Thierry Meyssan en parlant du modèle britannique de notre régime en le comparant aux régimes russes et français:
En somme, l'indépendance doit servir à rétablir les droits de la majorité selon la tradition française. Il s'agit d'une nation civique mais il s'ensuit que la culture dominante est celle de la majorité. Encore faut-il défendre les droits de la majorité contre le pouvoir mondialiste anglo-saxon qui menace même des états millénaires comme la France.
Gilles Turcotte Répondre
1 avril 2018Les analyses sont compliquées lorsqu'on perd de vue les principes, les fondamentaux.
Vice versa.
Le Quenayda n'est pas une république, il n'est pas fondé par le peuple, c'est une monarchie religieuse fédérale (double pléonasme), fondé par la volonté de Dieu, par voie de Sa Majesté.
Fatalement, le fédéralisme sert à imposer au peuple la volonté divine, par voie de Sa Majesté.
Sa Majesté ne veut pas que le peuple soit organisé et autodéterminé, alors elle le divise en moult petites communautés, le multicu, tiraillant moult volontés de une (1) politique, la Vraie, divinement révélée, à imposer aux autres, ce qui permet au final à Sa Majesté de diktater autoritaristement la sienne.
L'immigration massive religieuse multicu, est juste une tactique de la stratégie de Sa Majesté d'empêchement de la démocratie.
... alors que inversement, le souverainisme est la gestion du pouvoir depuis le peuple, non depuis Dieu ... ce qui dissout Sa Majesté.
Yves Corbeil Répondre
28 mars 2018Merci M.Bouchard
L'implosion du parti québécois est la meilleur chose qui peut arrivé suite l'élection de François Legault, un nouveau parti pourrait sortir de terre et poursuivre le rêve de Daniel Johnson que Lévesque a enterré en assimilant tout ce qu'il y avait de souverainiste et indépendantiste à l'époque. Duplessis a fait plus significativement pour les canadiens français que tous les dirigeants du PQ mis ensemble. Johnson s'apprêtait à les propulsés quand il a disparu, ce fut le "wake up call" des "canadians" tout court et le journaliste de radio-can a pris ça en main dans une mise en scène avec son chum Trudeau au fédéral. Le festival juste pour rire de nous autres un peu plus est née le 11 Octobre 1968, j'avais 12 ans et je n'ai pas compris avant longtemps, très longtemps.
https://www.youtube.com/watch?v=cv-8U4dp_Ec
Quel charmeur quand même. Merci, merci, merci, si, si, si je vous ai bien... j'étais là ma première élection avec droit de vote.
Gilles Verrier Répondre
28 mars 2018La discussion est intéressante.
On peut dire Canadien français ou Québécois francophone, qui sont équivalents. Mais un glissement sémantique s'est produit. Québécois tout court désigne désormais qui habite le Québec, incluant le West Island, soit la portion du territoire du Québec où domine par la démographie et la sociologie la nation canadian. Là où se trouvent les vrais maîtres du jeu de l'État québécois, qui n'ont aucune raison de s'inquiéter. L'alternance des partis au pouvoir en cinquante ans n'y aura rien changé.
Comme le Canada, le territoire du Québec est composée de deux nations. Trois avec les premières nations. Et la classe politique du Québec et du Canada partage les valeurs de la Charte des droits, du multiculturalisme et du brouillage des réalités nationales socio historiques du Canada. Aucun parti politique ne représente les Canadiens français ou les Québécois francophones, qui sont une partie des « descendants des vaincus » toujours en déficit de droits nationaux. C'est la différence avec les gouvernements québécois de jadis, certes une autre époque me direz-vous, qui s'affirmaient sans complexe les défenseurs de la nation. Une nation qui ne prétendait pas à l'inclusion du West Island en son sein. Les inclusions et les exclusions ont changé de camp. On a cessé d'être inclusifs avec les nôtres, les descendants des vaincus de partout - Canadiens français et Acadiens - pour être inclusifs avec les autres - les Anglais du West Island. Une transaction de nigauds. Apparemment, l'existence du Canada français était incompatible avec une notion de la modernité assez perverse au fond. Le repli provincial des Canadiens-français, pratiqué avec encore plus de conviction au Québec qu'ailleurs, n'aurait-il pas constitué une aubaine pour le Canada-anglais ? Pour notre propre malheur, nous avons rejeté toute notion de noyau ethnique et de destin partagé au fil du temps comme élément constitutif de la nation. Nous avons adopté le concept anglo-saxon de la nation qui est celui d'une nation civique représentée par l'État. Or l'État n'est pas la nation.
M. Labelle parle des Canadiens français sans animosité, ce qui ne fut pas toujours le cas. Pour fonder la typologie québécoise on s'est cru obligé de rejeter avec véhémence toute appartenance au Canada français et toute cordialité avec les Canadiens français hors Québec. Le rejet du passé, qui a pris un temps les airs d'une fête de libération, n'a rien libéré du tout et nous sommes toujours aux prises avec le même « trouble d'identité ».
Je concède avec Jean Bouthillette, qui note dans son livre que Canadien français est trop facilement identifiable à Canadien avec une particularité, celle de parler français. Pour lui, Canadienfrançais écrit dans un seul mot, rendrait le caractère unique et insécable de la réalité socio-historique qui est la nôtre.
On me permettra en terminant de revenir sur le trouble d'identité des « descendants des vaincus ». À ce sujet je cite Jean-Claude Dupuis :
Marc Labelle Répondre
28 mars 2018La Loi sur l’exercice des droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l’État du Québec, malgré son long intitulé, n’est qu’un embryon de la future Constitution du Québec. Par exemple, la notion et la portée de la langue commune devront être inscrites dans cette dernière.
Le passé doit susciter l’action au présent en faveur d’un meilleur avenir. Le retour nostalgique au nationalisme canadien-français semble exprimer le désir d’une réintégration à une matrice identitaire originelle forcément perçue au milieu des ruines actuelles comme ayant été paradisiaque. Il faut plutôt faire un tri dans ce passé, auquel on ne peut se cantonner comme dans un état permanent. Les héros et les grandes réalisations d’autrefois doivent nous inspirer ; il faut aussi tirer la leçon des échecs subis. Ce qui fait cruellement défaut en ce moment, c’est l’esprit d’audace et d’élévation qui animaient nos ancêtres.
Je suis d’accord avec la perspective géopolitique de MM. Pomerleau et Cormier-Denis : le Québec constitue l’assiette territoriale du peuple québécois. Le terme « canadien-français » nous réduit à un tronçon de peuple. Il faut se rappeler que Gérard Bouchard avait tenté de réactiver ce terme désuet il y a une dizaine d’années dans son rapport sur les prétendus accommodements raisonnables ; son complexe de minoritaire le poussa même à parler du « Québécois canadien-français », ce qui rabaissait notre statut à celui de tronçon provincial. Au détriment de leur libération nationale, il somma alors les Québécois de souche de reconnaître la légitimité desdits accommodements réclamés par les multi/inter-communautaristes.
En réaction contre le recul, allons de l’avant !
Jean-Claude Pomerleau Répondre
27 mars 2018Canadien francais ou québécois : La géopolitique réponds à cette question.
Notre capsule vidéo à Nomos.TV, d'Alexandre Cormier-Denis et moi.
Notre thème était la doctrine d'État du Canada, le multiculturalisme contre laquelle le Québec n'a aucune doctrine d'État à opposer. Nous avons ramené cet enjeu à une affaire d'État, ce que le mouvement souverainiste semble incapable de faire, ayant perdu de vue l'État pour le pays imaginaire.
Selon vous, notre interprétation de la Loi 99 (2000) mènerait au multiculturalisme par la seule fait que le canadien français est remplacé par le québécois.
En fait cette dernière identité est la bonne puisqu'elle résulte de identification d'une nation à son État et ses assises territoriales : « La nation comme phénomène sociologique devient politique dans la mesure ou elle s'identifie à son État », Daniel Johnson, Égalité ou indépendance.
Dans cet ouvrage bien qu'il faisait référence à la nation canadienne française, Daniel Johnson ajoutait :
[p.22 et 23] « Il est à noter que l’élément fondamental de la nation n’est pas la race, mais bien la culture. Peu importe son nom, son origine ethnique, on est de l’une ou l’autre nation suivant que par son enracinement, sa formation, son choix, son style de vie, son mode de pensée et d’expression, on appartient, on s’identifie à l’une ou l’autre communauté culturelle. Je pense entre autres à tous les Néo-Canadiens qui ont joint, volontairement, par goût, par choix la culture canadienne-française et qui participent à son épanouissement et à son enrichissement.
Le rédacteur de cet ouvrage fut Paul Gros d'Aillon, qui dans la préface de la deuxième édition avait conclu qu'il s'agissait d'une nation française en Amérique.
Mais cette nation française en Amérique, bien que majoritaire, n'est pas seule sur le territoire de l'État du Québec.
La Loi 99 (2000) établit de manière statutaire les liens avec deux groupes qui ont des statuts sur le territoire: les Premières nations (la Grande alliance depuis Champlain), et la minorité anglaise qui a des droits historiques.
La Loi 99 (2000) précise le cadre de l'unité politique de l'État du Québec entre ces composantes. Il s'agit là des bases d'une constitution de l'État du Québec. À ce sujet nous n'avons jamais parlé de constituante, mais bien d'une constitution d'État provisoire, dès la prise du pouvoir. Et le seul parti qui le propose est le Parti Québécois.
Au sujet du statut du français, on trouve à l'article 8 de cette loi, un libellé (langue officielle) une définition que nous suggérons de modifier (moi depuis 2013) soit : le français la langue de l'État du Québec (son statut depuis 1663 : Édit de création du Conseil souverain).
Pourquoi l'appui au Parti Québécois
L'enjeu de la politique est le contrôle de l'État. Pour la simple raison qu'il s'agit du seul choix véritable en 2018. Toutes autres choix se feraient au détriment des intérêts de la nation et de l'État du Québec.
Je vous rappelle que notre lecture est géopolitique, et que cette discipline fait de l'État l'objet premier de son étude. Comme la souveraineté est d'abord le changement de statut d'un État, cette discipline est donc incontournable.
JCPomerleau
Éric F. Bouchard Répondre
29 mars 2018M. Pomerleau, il est vrai que nous ne parlons pas le même langage. Nous ne nous sommes pas compris. Je m’en prends seulement à la fausseté de votre lecture de la loi 99 (2000). Vous ne pouvez pas présenter cette loi comme base d'une doctrine d’État québécoise qui s’opposerait au multiculturalisme canadien, car elle procède elle-même d’un multiculturalisme. La loi 99 ne parle ni de nation française, ni de minorité anglaise. Elle décrit le peuple québécois comme étant à majorité de langue française, mais comprenant une communauté d’expression anglaise aux droits consacrés et aussi des communautés culturelles à l’apport reconnu. Le peuple québécois est ainsi légalement défini au moins bilingue et multiculturel. Si on considère ensuite que les Premières Nations font partie du peuple québécois, alors le peuple québécois défini par la loi 99 serait alors plurinational.
Pour vous, je le saisis bien, ce n’est guère important. Selon vous, l’État fait la nation. Comme le Québec comprend francophones, anglophones et allophones, son identité découle obligatoirement de cette combinaison, une combinaison qui variera d’ailleurs dans le temps. Je que dénonce donc est que vous puissiez utiliser le multiculturalisme canadien comme un épouvantail, alors que la québécitude est à peu de choses près l’équivalent. Voilà tout.
Pour ce qui est du destin géopolitique de la nation canadienne-française, vous semblez négliger est qu’il y avait d’autres moyens d’obtenir la mainmise sur le Québec que de se faire Québécois avec les anglophones d’ici. Il y avait une manière qui se rapprochait davantage de l’émergence des États nationaux suite à la la dislocation des grands empires multinationaux d’Europe à la fin de la Grande Guerre. Selon le principe des nationalités, à une nation précise se devait de répondre un État national spécifique qui, bien que pouvant contenir des minorités protégées ou des citoyens d’origine étrangère, ne réfère qu’à cette seule nation. C’est à mon sens ce qui aurait dû nous inspirer.
C’est ainsi que, pour donner un État national aux Lettons qui vivaient en majorité en Livonie, on ne les a pas subitement incités à cracher sur leur nationalité. Même si nation lettone vivait sous domination étrangère depuis des siècles, on n’a pas forcé une rupture identitaire, un reniement national chez les Lettons pour qu’ils s’identifient à l’État de Livonie, pour qu’ils deviennent des Livoniens au même titre que toutes les autres nationalités présentes en Livonie. Non, on a établi la Lettonie, le pays des Lettons. On pourrait refaire le même exercice avec les Slovènes de Carniole.
Pourquoi n’aurions pas pu faire la même chose? Faire du Québec, le Canada français, un État national qui ne réfère qu’à la nation canadienne-française, avec la présence d’une minorité canadienne-anglaise et des citoyens d’origine étrangère. En quoi cela aurait-il dérogé à la géopolitique? En rien, je le crains. Mais ce Québec canadien-français déplaisait souverainement aux néo-nationalistes des années 1960, il leur puait au nez. Eux, ils rêvaient d’une québécitude marquée d’ouverture au monde obligée et bouffie d’universalisme mal à propos : le Québec multiculturel qui se construit depuis 50 ans.
Alexandre Cormier-Denis Répondre
31 mars 2018M. Bouchard, je me permets d'intervenir ici.
Un Québec qui reconnaîtrait la nation canadienne-française avec une minorité anglophone et des immigrés qui seraient citoyens et auraient tous le droit de vote ne serait que l'exacte copie de ce que nous connaissons actuellement.
Si par multiculturel vous entendez une définition de citoyenneté qui ne soit pas « ethnique », alors évidemment, l'ensemble de l'Occident est alors multiculturel : la France républicaine tout comme le Royaume-Uni seraient alors des pays pratiquant le multiculturalisme, malgré leurs différents modèles d'intégration des immigrants.
Selon cette définition du multiculturalisme, le républicanisme à la française et le multiculturalisme à la britannique partageraient la même matrice idéologique.
Soyons clairs : vous souhaitez conserver la nationalité québécoise pour les seuls descendants de Canadiens français en excluant les anglophones et les immigrés, un peu sur le modèle de non-citoyenneté existant en Lettonie.
Les Anglophones et les immigrés seraient exclus du droit de vote, et ne pourraient être ni fonctionnaires, ni juges, ni avocats, ni notaires ou militaires.
Pourquoi pas !
Mais, personne n'a jamais défendu ce modèle au Québec.
Ni Groulx, ni Duplessis, ni Johnson n'ont jamais parlé d'exclure les anglophones de leurs droits de citoyens ou même de leurs droits linguistiques.
Vous réécrivez un nationalisme canadien-français qui n'a jamais existé.
Remarquez, on peut très bien débattre de ces questions, mais vu l'opinion publique actuelle, je crains que ce sujet ne puisse dépasser le cercle fermé des milieux de la droite nationale.
Rappelez-vous le petit épisode où le PQ avait lancé l'idée de mettre en place une citoyenneté québécoise qui serait conditionnelle à la maîtrise du français.
La levée de boucliers avait été totale et les valets d'Ottawa n'avaient pas tarder à réagir en invoquant la sacro-sainte Charte canadienne des droits et libertés et en pérorant sur la Constitution de 1982 :
https://vigile.quebec/articles/citoyennete-quebecoise-et-constitution
De plus, il faudrait faire une enquête généalogique pour déterminer avec précision qui aurait le droit d'être citoyen. Exclurons-nous les enfants qui sont issus de couples où un seul parent serait Canadien français ?
Encore une fois : pourquoi pas ! Mais, c'est une perspective que je n'ai vu défendue par personne au Québec.
Il s'agirait d'une rupture radicale, non seulement avec le nationalisme de la « québécitude », mais également avec le nationalisme de Groulx, Duplessis et Johnson.
Vu l'état actuel des mentalités, je crains que votre modèle ne puisse être mis en place par des voies démocratiques... ce qui nous amène vers de drôles de considérations stratégiques.
Éric F. Bouchard Répondre
1 avril 2018Soyons clairs en effet. Le nationalisme canadien-français n’a jamais cherché qu’une chose : le plus grand épanouissement de notre nation afin dans assurer la pérennité. C’était, je crois, le but recherché par les Cartier, Mercier, Groulx, Duplessis ou Johnson. En 1967, les États généraux du Canada français en arrivent à proclamer que les Canadiens-Français forment une nation, qu’elle seule peut décider de son avenir, et que le Québec doit devenir un État national afin de pouvoir incarner le destin politique des Canadiens-Français. Un tel État aurait fort bien pu reconnaître les Premières Nations, abriter une minorité canadienne-anglaise (je dis bien une minorité étrangère, pas une communauté québécoise d’expression anglaise) et recevoir des citoyens de toutes origines sur son territoire, et malgré cela, n’aoir rien de commun avec le Québec actuel. Ce Canada-Français aurait été notre pays, un État qui se référerait à nous, à notre nationalité, fièrement et en toute légitimité. C’est une «sacré» différence.
Car le Québec fait tout sauf ça. Il ne défend pas les droits nationaux des Canadiens-Français, il ne fait pas sien le récit historique des Canadiens-Français (l’histoire québécoise ne sera bientôt plus qu’une succession d’échanges interculturels), il ne privilégie pas la transmission de leur culture ou la préservation de leur patrimoine. Pour faire court, l’État québécois n’a pas de préjugé favorable envers l’héritage identitaire canadien-français, bien au contraire, il veut surtout éviter le plus possible d’être pris en flagrant délit de favoriser ceux qu’on appelle aujourd’hui la majorité francophone.
Si le Québec ne nous favorise pas, c’est en vertu de la québécitude : ce changement identitaire imposé par les néo-nationalistes qui voulaient, d’une part nous dépouiller de notre dimension ethnique (qu’ils avaient renié eux-mêmes), et d’autre part, clore notre combat politique pour l’émancipation (cette «survivance» formidable qu’ils raillaient tant) en nous faisant partager une identité commune avec les anglophones.
Le Québec aux Québécois, quoiqu’on ait pu nous faire croire au départ, signifiait le Québec, non pas aux Canadiens-Français, mais un Québec dénationalisé accessible ou acceptable pour tous, aux anglophones en premier lieu. «Un pays pour le monde» disait le Conseil pour la souveraineté. En tous les cas, ce n’est pas le nôtre. Et c’est pourquoi nous déclinons si rapidement.
Si on veut vraiment stopper ce déclin, il faut faire tomber le masque de la québécitude, abandonner ce double dénationalisé qu’est le Québécois. Appeler un chat, un chat, et les Canadiens-Français, les Canadiens-Français pour enfin reconstruire notre combat politique (et notre doctrine d’État) sur les droits nationaux transmis par nos pères et mères. Comment? Il faudrait d’abord accepter d’y réfléchir à plusieurs. Mais pas d'emblée sur la place publique.
Pour le reste, oubliez la discrimination raciale. On le sait, ça n’a rien à voir avec la nation canadienne-française. Les Canadiens-Français n’ont jamais fermé leur porte à l’étranger, et pour le mieux, beaucoup se sont assimilés à eux. C’était assez courant autrefois, car nous étions nous-mêmes. Nous ne soufrions pas alors d’une identité implicite reléguée aux 36e dessous de la québécitude.
Joyeuses Pâques à vous et aux vôtres.
Alexandre Cormier-Denis Répondre
2 avril 2018Joyeuses Pâques à vous également !
Bref, vous reprochez principalement au nationalisme québécois des années 1960 de ne pas avoir conservé un caractère ethnique.
Pierre Bourgault affirmait que la question du « nationalisme civique » revendiquée par la gauche souverainiste à partir des années 2000 avait été réglée par le R.I.N. dès les années 1960. Il avait entièrement raison sur ce point.
Comme vous le savez, le néonationalisme québécois est calqué sur les républicanismes américain et français qui refusent toute dimension ethnique dans la définition de l’appartenance nationale.
Je crains que le rétropédalage des Québécois vers une identité canadienne française ne se fasse pas de sitôt, bien que cela ne soit pas entièrement impossible vu l’éclatement actuel du mouvement souverainiste.
Soulignons que la construction d'un État français sera, de facto, discriminatoire envers les droits linguistiques actuels des anglophones qui deviendront, dans les faits, une minorité linguistique.
Par ailleurs, de quels « droits nationaux » des Canadiens français parlez-vous lorsque vous affirmez qu'ils ne sont pas actuellement défendu ? Parlez-vous uniquement des droits linguistiques ?
De toute façon, je l'ai dit ailleurs, les anglophones ont compris depuis longtemps que le souverainisme québécois signifiait la création d'un État souverain où les descendants des Canadiens français seraient majoritaires. D'où leur hostilité fondamentale à toute revendication nationale québécoise.
Je crains que le problème de fond ne soit pas la « québécitude », mais bien le marxisme culturel et le progressisme libéral-libertaire qui ont été confondu avec la construction d’un État national.
Nous pourrions faire pendant des pages entières le procès de ce nationalisme de gauche qui voulait reproduire les schémas de la décolonisation du Tiers-Monde en oubliant le caractère profondément occidental du Québec. Ce nationalisme tiers-mondiste du R.I.N, du FLQ ou de Pierre Falardeau qui voyait dans la lutte des Black Panthers, du FLN ou de l'OLP des causes sœurs. Et tout cela sans parler de la confusion entre féminisme, social-démocratie et lutte pour la construction d'un État souverain.
Mais la réelle question qui doit nous préoccuper, et je suppose que nous nous retrouvons sur ce point, c’est celle de la démographie. D’où l’importance de réduire substantiellement le volume de l’immigration qui nous est imposée.
Lisée a déjà évoqué le chiffre de 30 000 et Legault parle de 40 000. C’est beaucoup trop, mais c’est infiniment mieux que les 60 000 immigrants prévus par Couillard s’il est réélu.
Catherine Doucet Répondre
4 avril 2018Chers nationalistes québécois conservateurs, vous me faites bien rire. On dirait que vous êtes toujours tiraillés entre deux cadavres.
D’un côté le Canada français qui, selon vous, a vécu, et de l’autre côté, le Québec qui n’a pas de vie propre parce que c’est une créature fabriquée.
Mieux que quiconque, vous êtes à même de comprendre le caractère pernicieux du Québec, vous savez que le principe vital qui l’anime, il l’a volé à un mode d’existence (l’identité nationale canadienne française) qu’il s’est ensuite empressé de piétiner sauvagement.
Et malgré tout, vous voulez désespérément vous identifier à la Québécitude, parce que, soit- disant, c’est elle qui constitue maintenant la réalité de notre horizon collectif.
Vous vous dites: «Vite, prenons le contrôle de cet espèce de Golem qui attend sur la table d’opération que lui soit inséré un nouvel ordre de mission entre les dents!»
Vous refusez d’admettre que cette entité existe sans vous, qu’elle se définit sans vous et qu’elle vous a déjà laissé loin derrière elle. À ses yeux, vous n’êtes plus que des fantômes, et en fait, vous vous comportez déjà comme tel.
Les majoritaires francophones de souche ne sont plus que des ombres qui se meuvent sur un théâtre d’ombres. Ce n’est pas moi qui l’invente, c’est le spectre Christian St-Germain qui l’a écrit. Comme lui nous écrivons en vain, nous parlons en vain, nous nous agitons comme des pantins dans un monde sur lequel nous n’avons plus aucune prise. Pendant combien de temps la peur de la vérité nous scellera-t-elle encore les yeux?
Gilles Verrier Répondre
31 mars 2018M. Cormier Denis, je ne vais pas répondre à la place d'Éric Bouchard - il le fera lui-même s'il le souhaite - mais je pense que vous lui faites un mauvais procès en l'accusant poliment d'ethnicisme ou de racisme. Ma compréhension de son argumentaire renvoie à la nation telle que définie par Me Christian Néron. Voir sa récente chronique La Nation. La nation canadienne-française est une réalité socio-historique et c'est de cette nation que Lionel Groulx et Daniel Johnson voulaient la reconnaissance, l'égalité ou l'indépendance. L'égalité d'abord, sachant que l'égalité donne accès à l'indépendance en tout temps. Ce combat a été trahi par le PQ et c'est de cela dont il est question. Groulx et Johnson parlaient au nom d'une nation, le PQ parle au nom d'un territoire et de ceux qui l'habitent. Il y a une distinction à faire entre défendre le plein existence de sa nation et vouloir opprimer les minorités. Dans votre commentaire vous semblez confondre les deux.
Le PQ a trahi la tradition canadienne-française de Groulx et de Johnson en faisant dévier leur combat vers un multiculturalisme et un bilinguisme qui feraient du Québec indépendant - fantasmé - une copie du Canada dans les frontières du Québec. Et la population a rejeté le PQ ! Il faut cesser chez Vigile de tenter de mettre le couvercle sur la colère qui gronde et le désenchantement général que suscite le PQ, un parti associé à tous les revers nationaux. Un parti qui nous a fait reculer plus en cinquante ans que les premiers cent ans de la Confédération.