Le Conseil de presse du Québec a blâmé hier la journaliste Jan Wong, le quotidien The Globe and Mail et le rédacteur en chef Edward Greenspon à la suite de la publication d'un article dans lequel Mme Wong établissait un lien entre les tueries survenues au Québec et la non-intégration des immigrants à la société québécoise «pure laine».
La décision, formulée à la suite de deux plaintes celle d'un citoyen, Marc-André Dupont, et celle de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB), a satisfait le président de l'organisme. «C'est une décision rassurante pour les Québécois eux-mêmes, a en effet déclaré Jean Dorion, président de la SSJB Montréal, au cours d'un entretien téléphonique. Le Conseil de presse a largement repris les arguments que nous avons élaborés dans notre plainte.»
L'histoire faisait suite à la fusillade du collège Dawson, survenue le 13 septembre dernier, au cours de laquelle une jeune femme est morte et plusieurs autres personnes ont été blessées sous les balles de Kimveer Gill. Le jeune homme s'est enlevé la vie sur les lieux.
Dépêchée à Montréal pour un reportage sur cette affaire, Mme Wong a publié un très long article dans la livraison du 16 septembre du Globe and Mail. La journaliste y rappelait que les auteurs des trois principales tueries survenues au Québec depuis 20 ans Marc Lépine (Gamil Gharbi de son nom d'origine) à la Polytechnique, Valéry Fabrikant à Concordia et Kimveer Gill à Dawson provenaient de communautés ethniques. Selon elle, ce serait là le produit de la marginalisation des immigrants dans une société qui favorise les «pure laine».
Dans son plaidoyer, la SSJB s'en est pris à cette interprétation. Elle indique que le terme «pure laine» est tombé en désuétude au Québec et que l'article de Mme Wong laisse croire que la société québécoise est préoccupée par la «pureté raciale». Les nombreux mariages interethniques, l'adoption internationale et la présence de candidats de toutes les origines dans les partis politiques sont des exemples du contraire, a plaidé la SSJB.
Représenté par l'éditrice adjointe Sylvia Stead, le quotidien de Toronto a affirmé que les opinions exprimées par Mme Wong ne visaient pas à prendre les Québécois francophones pour cibles. Au sujet de la pureté raciale, Mme Stead a affirmé, selon le résumé de la décision du Conseil de presse, que «cet article pose une question plutôt que de représenter des faits et soulève une interrogation, sans conduire à aucune autre conclusion que celle des problèmes mentaux (des trois tueurs)».
Mme Stead a également signalé que le journal a fait part de son désaccord avec l'opinion de la journaliste et que le rédacteur en chef avait exprimé des regrets de ne pas avoir biffé certains passages relevant de l'opinion.
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