La droite américaine
Considérant qu’on exagère à propos de Sarah Palin, une femme qui oserait dire les choses sans fioritures, une femme qui ne porterait pas les valeurs féministes habituelles, la journaliste de La Presse Marie-Claude Lortie y va d’un grand élan de sympathie pour la candidate de la droite musclée à la vice-présidence des États-Unis: «Moi, je pense qu’étant donné que c’est une femme, que la marge de manœuvre d’une femme en politique est assez limitée, Sarah Palin, de toute façon, ne pourra jamais y arriver avec un ordre du jour complètement flyé...»
C’est ce qu’elle a affirmé lors de l’émission de Christiane Charette, à la radio de Radio-Canada, jeudi dernier. «Un ordre du jour complètement flyé», a-t-elle dit!!!
S’opposer à toute forme de contraception, s’opposer à l’avortement peu importe s’il s’agit d’une femme agressée ou violée, comme le faisait remarquer la journaliste Francine Pelletier lors de la même émission, prier Dieu pour que la construction d’un oléoduc se réalise, prier Dieu pour que les troupes d’invasion américaines triomphent en Irak, croire aux théories créationnistes, être une membre active de la National Rifle Association, ça fait de vous une femme flyée? Dans une telle optique, l’ex-ministre Jacques Brassard doit l’être tout autant!
Nos valeurs
Peut-on s’entendre le moindrement sur certaines notions concernant les valeurs fondamentales des Québécois, sur ce qui nous distingue un tant soit peu de nos voisins du reste du Canada et des États-Unis, sans avoir à tomber, comme on le fait actuellement, dans les clichés concernant «les intellectuels du Plateau» en opposition au reste du Québec?
J’avance quelques pistes...
Nous formons majoritairement (ce qui ne veut pas dire unanimement, et cela vaut pour tout ce qui suit!) un peuple pacifique et pacifiste, de langue et d’origine françaises habitant un vaste territoire appelé Québec, favorable à la séparation entre l’État et l’Église, ouvert sur le monde et favorable à l’immigration, préoccupé par les questions touchant l’environnement qu’il tient à préserver farouchement, en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes, du contrôle des naissances et de l’avortement selon le principe que ce sont les femmes qui doivent disposer de leur propre corps, en faveur également du contrôle des armes à feu, de la justice sociale et d’une intervention de l’État dans certains domaines clés de l’économie comme le prouvent plusieurs de nos plus belles réalisations; un peuple bon vivant que répugne l’homophobie, qui préfère depuis peu: la laïcité à la hiérarchie religieuse, le vin à la bière ou au «fort», les fromages de fabrication artisanale aux fromages industriels; un peuple humble et fier à la fois, revendiquant ses racines, qui préfère pour l’instant parler d’autonomie plutôt que de souveraineté, mais qui se sent davantage concerné par ce qui se passe sur son territoire que par ce qui se passe à l’extérieur de son territoire, exprimant ainsi un net sentiment d’appartenance au Québec.
Et je pourrais continuer ainsi en m’étendant sur d’autres sujets comme les loisirs, la culture et les us et coutumes des Québécois.
Peut-on maintenant s’entendre pour dire que l’ensemble de ces valeurs, qui forment notre identité propre, en mutation constante, s’apparentent au courant progressiste ou social-démocrate? C’est tout cela et bien d’autres choses, sans doute, qui font que nous formons une société distincte.
Les «vieilles picouilles»
Est-il besoin de préciser que la diatribe de l’ex-député Jacques Brassard sent le rance à plein nez. J’ai beaucoup de respect pour les picouilles, ce sont des chevaux qui ont eu leur utilité en leur temps. Jacques Brassard semble ainsi vouloir les achever sans pitié en jouant les jeunes-vieux étalons qui se nourrissent à même le foin de la rancœur.
Les vieilles picouilles dont il parle, ces idées de gauche, elles ont la vie dure de toute façon, tandis que les vieilles idées de droite sont en perte de vitesse. Regardez l’Amérique latine et les Caraïbes. Malgré les dictatures, les cyclones, les interventions et les menaces américaines, ces idées de gauche reprennent du poil de la bête, elles sont au pouvoir un peu partout. Picouilles de la terre, unissons-nous!
La médaille
Monseigneur Turcotte profite de la campagne électorale pour relancer le vieux débat sur l’avortement. D’une main, il retourne à madame la gouverneure générale sa médaille de l’Ordre du Canada parce qu’on l’a également remise au docteur Morgentaler.
De l’autre main, il remet une bourse d’étude de 60 000$ à un prêtre qui avait été condamné pour pédophilie, puis il se réjouit des bonnes conditions de «détention» d’un autre prêtre, l’abbé Tremblay, qui «fait son temps», six mois, dans un splendide manoir 4 étoiles des sœurs grises à Châteauguay, un avant-goût du paradis, pour avoir abusé pendant 30 ans d’un handicapé mental. Pour citer le poète Jacques Prévert, «rassurez-vous, braves gens, ce n’est pas un appel à la révolte, c’est un évêque qui est saoul et qui met sa crosse en l’air comme ça, en titubant.»
On doit reconnaître que la campagne électorale lui fait tourner la tête, à celui-là.
D’une campagne à une autre
C’est tout cela et bien d’autres choses, sans doute, qui font que nous formons une société distincte.
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