Il y a quelques mois, Sarah Palin, la gouverneure de l’Alaska qui se présente maintenant à la vice-présidence des États-Unis pour le Parti républicain, était tout feu tout flamme devant des étudiants de son Église évangélique. Elle les exhortait à prier pour que se réalise son grand projet: la construction, en Alaska, d’un oléoduc pour acheminer le gaz naturel vers le sud, au coût de 30 G$.
«C’est la volonté de Dieu d’unir les personnes et les compagnies afin qu’on puisse construire cet oléoduc. Il faut que vous priiez pour que cela se réalise», a-t-elle affirmé de la plus naturelle des façons. Sur la même lancée, elle déclara que son pays, les États-Unis, avait envoyé des troupes en Irak «pour accomplir une tâche que Dieu lui a demandé de mener à bien. Il faut prier, car il s’agit d’un plan divin.»
En fait, s’il faut en croire Sarah Palin, que de nombreux journalistes québécois ont trouvée «ben cute» et «extrêmement courageuse» (?), au lendemain de son discours d’investiture, Dieu aurait des intérêts dans le pétrole et dans le gaz, ceux de l’Irak, de la Georgie et des ex-républiques soviétiques, ainsi que de l’Alaska. Et dans le pétrole du Mexique, très bientôt.
De l’autre côté de la frontière, au Canada, les mêmes groupes fondamentalistes religieux (pentecôtistes, baptistes et adventistes) s’affairent autour de Stephen Harper. La droite religieuse, regroupée autour des évangélistes, professe une idéologie pro-vie opposée à l’avortement, aux mariages entre deux personnes du même sexe «l’homosexualité est un vice» et aux thèses darwinistes sur l’évolution.
Ce sont ces mêmes personnes qui sont à l’origine du mouvement qui proteste contre la remise de l’Ordre du Canada au docteur Morgentaler.
Ces groupes fondamentalistes ont promis d’accompagner le premier ministre tout au long de sa campagne électorale. «Le Canada est un pays que Dieu a donné aux Canadiens», les entend-on souvent dire. Gros étonnement de ma part!
De la négation des théories de l’évolution de Darwin à la négation de l’histoire du Canada et des conclusions scientifiques sur le réchauffement climatique, il n’y a qu’un pas que ces dangereux Jesus Freaks franchissent allégrement.
Ces ultras religieux ont aussi incité Harper à couper les crédits aux films jugés (par qui?) offensants (au nom de quels critères?) et à réduire les vivres aux milieux culturels jugés trop libéraux et trop éloignés des valeurs morales traditionnelles. Ces artistes, de toute façon, ne voteraient pas pour les conservateurs. Alors, à quoi bon les choyer?
Mieux vaut encourager, par exemple, cette Beauce profonde, dont on a déjà dit qu’elle serait prête à s’annexer aux États-Unis, ou la grande région de Québec où le gouvernement fédéral est le principal employeur, avec ses champs de bataille, ses parcs historiques et ses institutions militaires, un terreau on ne peut plus favorable au conservatisme.
Je vous conseille de jeter un coup d’œil sur le site Internet du mouvement 4mycanada.ca, un site militant et très actif. On s’insurge, entre autres, contre certaines décisions des commissions des droits de la personne au niveau provincial, qui pénaliseraient, un peu trop à leur goût, ceux qui défendent les valeurs chrétiennes traditionnelles. Ainsi, on proteste contre une décision de la Commission ontarienne des droits de la personne qui a condamné l’organisme Christian Horizons à payer une amende de 23 000$ plus d’autres compensations monétaires à une employée congédiée pour avoir eu «un style de vie lesbien»! Vous voyez le genre?
On agite également d’autres épouvantails concernant l’immigration clandestine, le trafic humain à des fins sexuelles (évidemment, quand il s’agit de faire miroiter des salaires mirobolants à des médecins, des scientifiques, des artistes ou des sportifs cubains, ça, ce n’est pas du trafic humain), la prostitution juvénile, le taux de récidive chez les jeunes, etc. On y dramatise à l’extrême la baisse du taux de natalité des populations chrétiennes (entendez la population blanche ou caucasienne).
Bien sûr, personne ne peut être contre la vertu, mais on se demande ce que viennent faire ces vidéos et cette campagne de peur sur ce site unilingue anglais destiné à faire connaître «la voix, de Victoria à Toronto, des jeunes générations sur les valeurs traditionnelles canadiennes.» Décidément, il semble y avoir une frontière toute naturelle entre le Québec et le reste du Canada et j’espère qu’elle saura résister à la vague conservatrice.
Gilles Duceppe parle, depuis le début de la campagne électorale, de l’agenda secret de Stephen Harper. Eh bien! c’est là qu’il se trouve, cet agenda secret, sur ce site à découvrir, un site qui abat les frontières entre les États-Unis et le reste du Canada, ce qui semble être la volonté de Dieu.
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