La guerre de mots entre Québec et Ottawa au sujet de la culture du cannabis à domicile s’est envenimée vendredi. Si le gouvernement fédéral ne veut pas de « chicane » sur cette question, il n’a qu’à laisser le Québec agir comme il l’entend, a lancé le premier ministre Philippe Couillard, sans exclure de porter le débat devant les tribunaux.
Reprenant les arguments avancés la veille par le premier ministre Justin Trudeau, qui estime que son approche permettant de faire pousser quatre plants de cannabis chez soi est la bonne, la ministre fédérale de la Santé Ginette Petitpas Taylor a tenté vendredi de calmer le jeu.
« Je ne suis pas ici pour commencer une chicane avec le Québec, a-t-elle déclaré lors d’une mêlée de presse. Je surveille de près le projet de loi qui est devant l’Assemblée [nationale], et j’ai bien hâte de voir les détails. »
« Si [Mme Petitpas Taylor] ne veut pas de chicane, qu’elle nous laisse administrer ça comme on le pense et comme la population nous a demandé de le faire », a répliqué M. Couillard lors d’un point de presse en marge d’un discours prononcé à Montréal devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Le gouvernement du Québec serait-il prêt à aller devant les tribunaux pour régler cette question ?
« C’est trop tôt pour le dire, voyons voir ce qui sera fait », a répondu M. Couillard.
Pas d’unanimité
Selon le premier ministre du Québec, Justin Trudeau doit respecter le fait que les Québécois ne sont pas tous d’accord avec sa volonté de permettre la culture de quatre plants de cannabis à domicile.
« Nous sommes dans nos domaines de juridiction. Et ce que j’enjoins au gouvernement fédéral de faire, c’est de réaliser que l’opinion publique n’est pas univoque là-dessus », a fait valoir Philippe Couillard.
Le rapport sur les consultations publiques menées par le gouvernement du Québec concernant l’encadrement du cannabis dans la province indique pourtant que lors des consultations régionales, 84 % des répondants se sont dits favorables à la production de cannabis à des fins personnelles. Dans le cadre d’un sondage en ligne, l’appui s’est chiffré à 61 %.
« Si plusieurs personnes conçoivent qu’une petite quantité de cannabis puisse être cultivée chez soi, à des fins personnelles, plusieurs y voient des risques. Ce type de production serait difficile à contrôler, contribuerait à banaliser la substance et pourrait augmenter l’accès du produit aux enfants et adolescents présents au domicile », précise le document gouvernemental.