Course à la chefferie du PQ : Péladeau en mode séduction

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Et il n'y va pas de main morte !

(Granby) Bien que Pierre Karl Péladeau semble faire cavalier seul dans la course à la chefferie du Parti québécois (PQ), il ne met pas la pédale douce pour cristalliser ses appuis. Le député de Saint-Jérôme est donc venu courtiser une cinquantaine de militants de la région, hier, dans le cadre d'une tournée estrienne. Il a profité de son passage à Granby pour visiter les installations de l'entreprise Protec-Style, sise dans l'incubateur industriel de la municipalité.
La jeune firme Protec-Style, qui se spécialise dans l'exploitation de la fibre d'asclépiade, a le vent dans les voiles. Comme l'indiquait récemment La Voix de l'Est, la PME vient de décrocher un important contrat avec Parcs Canada pour l'approvisionnement de centaines de trousses servant à contrer d'éventuels déversements pétroliers.
D'ailleurs, le président de l'entreprise, François Simard, n'a pas perdu de temps pour amorcer son «opération charme» auprès de Pierre Karl Péladeau. De toute évidence, les deux hommes d'affaires étaient sur la même longueur d'onde. «Générer de l'emploi, ce n'est pas facile dans la globalisation de ce qui se passe dans le monde avec le petit bagage textile que nous avons, a mentionné d'entrée de jeu le dirigeant de Protec-Style. La solution est un modèle d'affaires différent de ce que j'ai fréquenté. Nous voulons nous assurer d'avoir la matière première qui vient du Québec, transformée ici pour ensuite l'exporter.»
«En matière d'intégration de produit de notre terre agricole, je trouve ça impressionnant. Vous amenez une nouvelle dimension à un modèle conventionnel qui a prouvé son efficacité», a concédé le député péquiste.
Bonin sur la défensive
Le maire de Granby, Pascal Bonin, était également de la partie. Il s'est dit très enthousiaste à l'idée de voir la jeune firme granbyenne prendre son envol. «On est sur le point de voir naître une industrie qui sera florissante à travers le monde. Les spinoff de Protec-Style, on n'a pas fini de les voir. Que deux entrepreneurs de génie se rencontrent aujourd'hui, le mix est parfait!», a-t-il lancé.
Bien que les allégeances pour le PQ du premier magistrat de Granby soient connues, ce dernier a toutefois tenu des propos évasifs lorsque le sujet du meilleur candidat pour diriger la formation politique a été abordé. «Je n'ai pas de carte de membre d'un parti politique, a-t-il insisté. N'importe quel ministre libéral passerait ici et je l'accueillerais de la même façon. M. Péladeau m'inspire pour plusieurs choses, c'est tout ce que je vais dire.»
«L'avenir appartient aux PME»
Après une brève visite à l'intérieur du Centre d'innovation et de technologies industrielles de Granby (CITIG) ainsi qu'après avoir assisté à une démonstration fort concluante des vertus absorbantes de produits pétroliers de l'asclépiade, celui qui aspire à la tête du PQ a pris quelques minutes pour rencontrer les médias. M. Péladeau a d'abord réitéré que «l'avenir appartient aux PME». «Depuis que je suis en politique, je fais valoir que c'est en créant des entreprises de ce type que nous serons moins tributaires des grands joueurs qui ont des dynamiques que nous ne contrôlons pas», a-t-il indiqué, ajoutant que faire face à l'échec fait aussi partie du lot des entrepreneurs, quels qu'ils soient. «L'important dans tout ça, c'est de savoir rebondir.»
Selon l'homme d'affaires aguerri, l'important déficit entrepreneurial auquel est confronté le Québec depuis quelques années découle en grande partie d'une «mauvaise perception du succès». «Il ne faut pas avoir peur d'aider nos entrepreneurs et surtout, mettre de côté la peur du succès. Malheureusement, nous sommes dans une espèce "d'archéologie" à ce niveau-là.» Le député péquiste a profité de l'occasion pour décocher une flèche à ses adversaires libéraux en ce qui concerne l'abolition des CLD. «Ce que je crains, c'est que les budgets soient retranchés [aux CLD] et que ce qui reste sera à la discrétion des maires, qui n'ont pas toujours cette expertise au niveau économique.»
Empire médiatique
Questionné au sujet de la perception du public envers sa position délicate d'éventuel chef d'un parti politique détenant une majorité d'actions d'un empire médiatique, Pierre Karl Péladeau persiste et signe. «Quand je me suis présenté à Saint-Jérôme, je ne suis pas sorti d'une boîte de Cracker Jack! , a-t-il lancé. Tout le monde savait qui j'étais. Et j'ai été élu. Si les membres du PQ me choisissent comme chef, ils vont aussi le faire en connaissance de cause.» «Même si la loi ne m'y oblige pas, je mettrais mes actions en fiducie», a-t-il maintenu.
Il a ensuite rappelé que plusieurs de ses adversaires politiques devraient faire l'objet d'une attention «particulière» en matière de conflits d'intérêts, à commencer par le premier ministre et son bras droit à la Santé. «Est-ce que le Dr Barrette est en conflit d'intérêts comme spécialiste lorsqu'il s'adresse aux omnipraticiens? Posez-lui la question. Même chose pour Philippe Couillard.»
FECQ
Dans un texte publié dans La Presse, hier, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) s'inquiétait des positions controversées de François Alexandre Guay à propos du financement de ces organisations. Contrairement à ce qui avait été évoqué, le jeune militant péquiste n'aurait pas de ramification dans la campagne de Pierre Karl Péladeau, a insisté le principal intéressé. «Je ne connais pas le gars et je n'ai jamais vu son c.v. La FECQ n'a pas à craindre quoi que ce soit, a-t-il assuré. Sur le fond des choses, j'ai moi-même milité dans les associations étudiantes. Je serais bien mal placé de vouloir leur couper les vivres.»


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