À voir la couverture médiatique dont bénéficie PKP et les sondages lui donnant une avance considérable, nous sommes en effet en droit de nous poser la question de savoir si la course à la chefferie du PQ est déjà terminée.
La réponse courte ? Oui, à moins d’un évènement majeur, Pierre Karl Péladeau sera le prochain chef du PQ. Maintenant voici la réponse longue.
Tout d’abord, rappelons à quel point les sondages placent PKP en avance. Tel que j’en parlais ici et ici, les sondages montrent que PKP a non seulement une avance confortable sur les autres aspirants (déclarés ou non) au sein de la population en général, mais cette avance devient quasi insurmontable si l’on n’interroge que les sympathisants du PQ (on parle de PKP à 59% alors que le 2e, Alexandre Cloutier ne pointe qu’à 12%). La course est encore longue, mais force est de constater que l’avance actuelle de PKP est des plus significatives. De plus, les sondages montrent systématiquement qu’un PQ dirigé par PKP pourrait faire bien mieux et possiblement remporter une majorité. Les autres candidats à la direction ne peuvent en dire autant.
La question qui se pose vraiment est : est-ce que cette avance est insurmontable ? Regardons les autres courses à la chefferie récentes ou pertinentes.
Commençons par la course à la direction du PQ en 2005. Les sondages avaient montré une avance majeure (près de 60% des votes au sein des partisans PQ) de Boisclair très rapidement (ici et ici par exemple). Les résultats finaux avaient essentiellement confirmé ces sondages.
Plus récemment, la course à la chefferie du PLQ avait Philippe Couillard en tête dans les sondages dès le début et là aussi les résultats finaux ont confirmé cela.
Toutes les courses ne sont pas aussi faciles à prédire cependant. Rappelons-nous de la course à la direction de l’ADQ en 2009 où il n’y avait quasi eu aucun sondage et l’une des rares que l’on trouve a des chiffres fort différents des résultats finaux (qui avaient été incroyablement serrées avec une victoire par 2 votes pour Gilles Taillon). Mais le peu d’intérêt médiatique pour cette course (et ainsi l’absence quasi-totale de sondage) fait en sorte que cet exemple n’est peut-être pas des plus pertinents.
En Ontario l’année passée, Kathlynn Wynne pointait généralement 3e dans les sondages avant de remporter la victoire lors de la convention. Cependant, le Parti Libéral de l’Ontario n’utilisait pas le système d’un membre=un vote, mais avait au contraire des délégués (élus et non-élus). Au-delà de cette différence, les sondages avaient une course à trois relativement serrées.
Finalement, la fameuse course à la direction du PLQ en 2006 reste l’une des courses les plus intéressantes des dernières décennies. Il y avait beaucoup de candidats et la victoire (surprise diront certains) de Dion lors de la convention reste un bel exemple de stratégie et d’alliances. Là aussi, le mode de scrutin était différent (avec des délégués). Les sondages avaient généralement Ignatieff en tête, devant Rae et Dion. Ce qui s’était révélé assez juste lors de l’élection des délégués. Quant à la course plus récente qui a permis à Justin Trudeau de prendre les rênes du PLC a vite tourné au couronnement. Cet exemple n’est pas sans rappeler ce que l’on voit actuellement au PQ.
Au final, les exemples de courses où un candidat avait une avance considérable dès le début montrent que ce candidat a ultimement conservé cette avance et remporté la direction. La course actuelle au PQ ne devrait pas faire exception. Il n’y a vraiment que deux scénarios qui verraient PKP ne pas devenir le prochain chef.
1) Un mouvement « n’importe qui à part PKP » se crée au PQ et réussit à réunir toutes les voix contre PKP. C’est ainsi que Dion avait réussi à battre Ignatieff en 2006. Sauf qu’un tel mouvement ne semble pas exister actuellement et l’avance de PKP est de loin supérieure à l’avance d’Iggy en 2006.
2) PKP fait une ou plusieurs bourdes majeures. Sa campagne actuelle n’a pas connu que le calme plat après tout (souvenez-vous de sa volte-face sur la pertinence du Bloc). Mais rien ne semble montrer que cela a affecté la popularité de PKP. Et Boisclair en 2005 a prouvé qu’une avance pouvait survivre à des scandales et erreurs.
Au final, tant que les sondages montreront PKP en avance et qu’un PQ dirigé par lui gagnerait (deux phénomènes qui se renforcent probablement), rien ne changera. Je crois en particulier que le fait que PKP pourrait gagner une élection est vraiment l’élément central pour les électeurs PQ. Après la débâcle de 2014 et la courte victoire de 2012 (la seule du 21e siècle pour ce parti), c’est vraiment la seule chose qui compte pour bien des membres.
On parle aussi d’une vedette qui, dès son arrivée en politique, était pressentie pour succéder à Pauline Marois. De plus, il y a en face de lui une relativement faible (et divisée) opposition. Il reste plusieurs mois avant l’élection, mais rien ne laisse présager d’un retour de situation suffisant pour faire en sorte que PKP ne soit pas le prochain chef du PQ. Et si quelque chose devait arriver, le temps presse. Les exemples mentionnés dans ce billet montrent qu’il n’est pas facile de remonter un déficit lors d’une course à la chefferie.
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