Contradictions péquistes

Un angélisme périmé

L'idée d'instituer une citoyenneté québécoise fait l'objet de débats depuis plusieurs années déjà. Proposée en 2001 par la commission Larose sur la situation du français, elle avait été rejetée par le Parti québécois, qui craignait que ce ne soit qu'un «gadget symbolique». Depuis, il y a eu la reconnaissance du Québec comme nation par la Chambre des communes, le débat sur les accommodements raisonnables, puis l'ADQ qui en a fait la proposition en campagne électorale. Et voilà que la nouvelle chef péquiste, Pauline Marois, a déposé à l'Assemblée nationale jeudi un projet de loi sur l'identité reprenant cette idée.
Si le contexte est davantage propice qu'il y a six ans à une citoyenneté québécoise, la difficulté demeure la même: comment, dans le contexte constitutionnel actuel, donner à une citoyenneté québécoise une valeur telle que les nouveaux arrivants la demanderont et consentiront à travers ce geste à adhérer aux valeurs qui font l'identité québécoise? Au-delà de tous les efforts d'intégration qui seront faits auprès des immigrants pour les y amener, il reste que la proposition Marois ne nous ramène à rien d'autre qu'à un geste symbolique.
Accepter la citoyenneté québécoise ne donnerait pas, selon la proposition péquiste, de droits nouveaux. Par ailleurs, celui qui la refuserait ou qui n'aurait pas acquis le degré de connaissance du français exigé serait tout au plus privé de son droit d'éligibilité à des élections aux niveaux scolaire, municipal et provincial. Pour un nouvel arrivant, ce n'est pas significatif. Toutefois, il faut souligner qu'on créerait ainsi deux classes de citoyens. Il y aurait le citoyen à la double citoyenneté, canadienne et québécoise, qui jouirait de tous ses droits, et celui qui ne serait que canadien et qui en aurait donc un peu moins. La discrimination serait légère, mais ce serait néanmoins une discrimination. Dans une société de droits, c'est inacceptable.
Que le PQ reprenne cette idée d'établir une citoyenneté québécoise n'est pas innocent. Dans le débat actuel sur les accommodements raisonnables, on assiste à une course entre les trois grands partis présents à l'Assemblée nationale pour le titre du meilleur défenseur de l'identité québécoise. On peut admettre que c'est dans la nature du débat politique de toujours chercher à faire des gains, mais un sujet comme celui de l'identité québécoise devrait échapper à ce jeu de souque-à-la-corde. Ce que les Québécois recherchent, ce n'est pas tant à déterminer le champion de cette cause qu'à trouver les consensus nécessaires.
Avec ce projet de loi sur l'identité, le PQ nous envoie le signal que, pour sa part, son lit est fait. Peu importe ce que conclura la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables. Déconcertante, cette attitude l'est d'autant plus que le député Daniel Turp invitait le gouvernement Charest et l'opposition adéquiste à se joindre à une réflexion sur le contenu d'une éventuelle constitution québécoise dans laquelle on définirait ce que sont les grands éléments de l'identité québécoise. Pour qu'un tel exercice réussisse, il faudrait justement éviter de définir d'avance ses positions. Il faut donner ses chances au dialogue.
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