J’ai rarement vu un projet aussi imbibé de politique que le tramway de Québec. On aura beau dire que tous les grands projets doivent recueillir leur dose d’appuis politiques, celui-ci a vu le jour à la vitesse d’un TGV dans une baignoire électorale.
Cela ne signifie pas que le projet soit mauvais. Cela signifie qu’il faut se méfier. Il y a trop de gens trop pressés. Pas forcément pressés d’améliorer les services de transport à la population, mais plutôt politiquement pressés.
Or, si les contribuables du Québec doivent débourser plus de 3 milliards $ pour un grand projet de transport dans la capitale, il faudrait s’assurer qu’il répond réellement aux besoins. Ce tramway devra rouler plein de monde. Pour l’instant, j’ai l’impression que l’on compte les votes plutôt que les utilisateurs. La politique autour du projet semble compter plus que la nature du projet.
Calculs politiques
Que de haute voltige politique dans ce projet ! D’abord le maire Labeaume a un intérêt précis : profiter de la période électorale pour forcer le gouvernement Couillard à se commettre. Puis forcer le fédéral à s’associer au projet. Une fois les milliards promis, il poussera les partis d’opposition à s’associer au projet pour ne pas perdre ces beaux montants d’argent qui sont là sur la table.
En résumé, l’habile maire de Québec pousse pour que tout le monde s’enfonce le bras dans le tordeur le plus profond possible, le plus tôt possible. Assez profond pour qu’après l’élection du 1er octobre, la sortie du bras dudit tordeur soit trop douloureuse et sanguinolente pour être envisagée.
Philippe Couillard voulait signer ce chèque. Il a besoin d’un projet auquel s’accrocher dans la région stratégique de la capitale. Régis Labeaume lui a fourni le projet précieux et devient son allié pour les prochains mois.
Quant à François Legault, il s’est rallié au projet par crainte de Régis Labeaume et par crainte de passer pour ennemi du transport en commun auprès des bien-pensants.
Jamais discuté
Réglons une chose : il ne fait aucun doute dans mon esprit qu’une agglomération urbaine de la grosseur de Québec doive être dotée d’un service de transport collectif digne de ce nom. Regardant vers 2026, il faut inclure dans la réflexion l’impressionnante croissance vécue dans la région de Québec.
Ceci dit, ce projet de tramway n’a jamais été discuté ou soumis à la discussion publique ou à l’analyse d’experts d’aucune façon. On le présente et d’ici quelques semaines on nous dira que tout le financement gouvernemental est attaché. Un peu vite, voire un peu casse-cou.
Même le maire Labeaume n’avait pas osé parler de tramway pour se faire réélire en novembre dernier. Son adversaire à la mairie qui parlait de tramway a fini loin troisième.
Là encore, cela ne signifie pas que le projet n’est pas bon. Simplement qu’il faut rester calme et le regarder soigneusement avant que chacun ne se prononce dans une atmosphère de « crois ou meurs ».