Jacques Duchesneau refuse de se taire. Il aurait pu sagement rentrer chez lui après avoir obtenu la création de la commission Charbonneau, à la suite de la diffusion de son rapport sur la collusion dans l'octroi des contrats au ministère des Transports. Non! Il a des choses encore à dire. Des choses nécessaires. Des choses que lui seul peut dire.
Jacques Duchesneau est redevenu un simple citoyen depuis qu'il a été congédié par le chef de l'Unité permanente anticorruption (Upac), pour cause d'incompatibilité de vision avec son supérieur. Il n'est toutefois pas un simple citoyen ordinaire lorsqu'il parle de collusion et de corruption. Il connaît le sujet plus que quiconque, grâce à son expérience à la direction du Service de police de la Ville de Montréal et à celle, plus récente, acquise à la tête de l'Unité anticollusion au ministère des Transports.
L'exercice qu'il fait de son droit de parole agace certains, notamment ceux qu'il dérange par son propos. On lui reproche alors de trop aimer les caméras et de jouer au Pax Plante des temps modernes. Bien sûr qu'il a un ego surdimensionné, mais ne le faut-il pas pour affronter les attaques dont il a été et dont il sera l'objet? L'important est la pertinence de son propos.
Ainsi, qui d'autre que lui, parmi les figures publiques, peut affirmer que, pour aller au fond des choses, la commission Charbonneau devra creuser du côté politique, comme il le soutenait dans cette entrevue accordée à notre collègue Kathleen Lévesque que nous avons publiée hier? Ce ne sont pas les membres du gouvernement Charest qui oseraient dire que, dans le milieu municipal tout particulièrement, «il y a des gens occupant de hautes fonctions qui s'enrichissent personnellement». Quant à l'opposition, elle peut davantage parler, mais elle n'aura pas la crédibilité d'un Jacques Duchesneau. Inévitablement, on prêtera à Pauline Marois et à ses députés des intentions partisanes.
Il y a une nécessité pédagogique aux interventions de Jacques Duchesneau. Il ne faut pas que l'opinion publique croie que l'on puisse dormir tranquille maintenant que la commission Charbonneau et l'Unité permanente anticorruption ont été créées. «L'autre commission», celle qui chapeaute le crime associé à l'industrie de la construction, continue d'être à l'oeuvre. Tout en faisant le nécessaire pour se protéger, elle maintient ses activités, voire les étend. Son terrain de jeu n'est plus seulement Montréal, c'est l'ensemble des municipalités, les petites comme les moyennes et les grandes.
On peut et on doit espérer que les enquêtes de la commission Charbonneau et de l'Upac donneront des résultats concrets, mais ce ne sera pas demain matin. Dans le cas de la première, il faudra au moins deux à trois ans de travaux. Quant à la seconde, elle semble toujours empêtrée dans des problèmes d'organisation et on ne sait toujours pas si elle a toute l'indépendance nécessaire pour aller enquêter du côté politique. Voilà une bonne raison pour les citoyens d'être présents à la chose politique. C'est d'ailleurs Jacques Duchesneau qui en 2009, dans une entrevue où déjà il dénonçait la corruption dans le monde municipal, disait: «Réveillez-vous! Si vous ne vous occupez pas de la politique, elle va s'occuper de vous.» Son message a encore plus de valeur aujourd'hui.
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