Consultations budgétaires

Cohérence et efficacité

Le Québec et la crise



Lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre fédérale-provinciale des ministres des Finances, à Saskatoon, le ministre Jim Flaherty a admis pour la première fois que son prochain budget serait déficitaire. Enfin, ce gouvernement a compris qu'on attendait de lui qu'il abandonne sa doctrine libertarienne de non-intervention au profit d'une participation très active à la relance.
Hier, à Québec, le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a annoncé qu'Ottawa garantirait des emprunts pouvant atteindre 380 millions au chantier maritime Davie, aux prises avec des problèmes de liquidités. De son côté, le ministre québécois Raymond Bachand a fait connaître les modalités du programme de prêts et de garanties de prêt d'un milliard contenu dans la récente mise à jour économique.
Ce n'est qu'un début, puisque à peu près tous les acteurs de l'économie crient à l'aide. En fait, les attentes sont si importantes qu'on se demande comment les gouvernements pourront éviter de susciter la frustration du plus grand nombre.
La seule façon d'affronter la situation, c'est d'agir avec logique et cohérence, dans une perspective d'efficacité à court terme, certes, mais aussi d'augmentation de la productivité et de la compétitivité du pays à plus long terme. Même sans jeter l'argent par les fenêtres, cela coûtera cher, très cher, mais la situation le justifie.
Dans une étude rendue publique cette semaine, le Conference Board recommandait à Ottawa d'injecter au moins 13 milliards de dollars d'argent frais, ce qui ne représente même pas 1 % du PIB canadien de 1,6 billion (1600 milliards) par année. Sans doute que cela ne suffira pas si la crise continue de s'aggraver. Pour éviter de retomber dans une spirale d'endettement structurel, le ministre Flaherty appelle à une coordination de tous les ordres de gouvernement, ce qui devrait aller de soi dans les circonstances.
Parmi les mesures les plus efficaces qui pourraient - et qui devraient - être adoptées, il y a d'abord la bonification du régime d'assurance-emploi, dont la durée des prestations devrait être prolongée pour les chômeurs en formation et pour ceux qui reçoivent moins parce qu'ils habitent une région où le taux de chômage est inférieur à la moyenne canadienne.
Il faut aussi accélérer la mise en place des projets d'infrastructures qui sont déjà sur la table, mais dans une perspective d'après-crise, c'est-à-dire en investissant dans les universités, les hôpitaux, les centres de recherche, les trains de banlieue ou les métros, et non pas dans les nouvelles autoroutes ou les nouveaux ponts dont il faudrait combattre les effets négatifs par la suite.
Un grand programme de rénovation domiciliaire, accessible à tous et sans tracas administratifs indus, serait aussi un bon moyen de stimuler la construction sans accentuer la crise immobilière.
Quant à l'aide aux entreprises, là encore, il faut faciliter la réalisation de projets de recherche et de développement, dire oui à des garanties de prêts pour les entreprises rentables boudées par les banques. Dans le cas de l'automobile, des mines ou des forêts, il faut s'assurer que l'argent servira à autre chose qu'à prolonger l'agonie des dinosaures.
Dernier élément, mais non des moindres, Ottawa doit accentuer la pression sur les banques qui refusent de rouvrir la machine du crédit. La seule chose qui justifie que le capital des banques soit privé, c'est une plus grande efficacité en théorie à répondre aux signaux du marché. Or, si les banquiers refusent de jouer ce rôle essentiel d'intermédiaire entre les agents économiques, Ottawa devra envisager la nationalisation pure et simple des banques. La formule est radicale, mais elle n'est pas originale. Les banques ne sont pas des entreprises comme les autres. Leur rôle est crucial pour le fonctionnement de l'économie, et si une telle menace devient nécessaire, alors pourquoi pas?


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