Chaque jour, des gestes anodins issus de notre quotidien et transparents comme des habitudes subissent des violations, des agressions. Comme une lente remise en cause de nos règles de vie. Il y a quelques jours, à Gennevilliers, une jeune fille s’est fait tabasser pour une jupe trop courte, et à Clermont-Ferrand, un chauffeur de bus et de tramway refusait systématiquement de serrer la main des femmes. Ce chauffeur a été licencié par son employeur, la T2C, qui a estimé qu’en refusant de serrer la main de ses collègues féminines, il avait un comportement discriminant.
Mais lui avance une autre version : « Je suis très pudique, le contact physique avec les femmes me met mal à l’aise. C’est un blocage lié à ma culture, à mon éducation. Même ado, j’étais comme ça. Ça ne m’empêche pas de leur dire bonjour, de leur parler, d’être avenant. » Rien à voir avec la religion, donc ? Rangez vos Corans, vos amalgames et vos idées prémâchées : on vous a vus venir ! De la pudeur, uniquement, pour ce grand timide qui, dans un élan de générosité vis-à-vis de la gent féminine, avoue qu’il consent à leur adresser la parole. Quel bol ! Être avenant mais pas rentre-dedans, en somme.
Déjà épinglé pour « défaut de timidité » – comprenez : pour avoir refusé de saisir la main tendue d’une cadre de son entreprise l’été dernier -, le chauffeur avait écopé d’une sanction disciplinaire lourde : une mise à pied à défaut de serrer des mains. 15 jours. « Comme je le fais toujours, j’ai essayé de lui expliquer ma position, mais elle s’est sentie humiliée », déplore le désormais ex-conducteur de bus et de tram.
L’intéressé se dit de « confession musulmane » mais nie tout impact de ses convictions religieuses sur son peu d’enthousiasme à nouer un contact physique avec ses collègues femmes. En février dernier, pourtant, il se détourne à nouveau de deux de ses collègues venues le saluer dans son bus. Et la sanction tombe : les ressources humaines de son entreprise estiment que, dans une entreprise de service public, on doit se plier à certaines règles. Ignorer la main tendue du sexe opposé fait donc partie de ces règles.
Tant pis pour les timides, les pudeurs mal placées et les excuses improbables aussi insultantes pour notre intelligence qu’une main tendue délibérément ignorée.
L’islam radical s’infiltre dans le quotidien de nos entreprises. En témoigne Christophe Salmon, de la CFDT à la RATP : il se dit « inquiet d’une montée de la radicalisation religieuse à la régie où certains chauffeurs évitent de prendre les commandes d’un bus auparavant conduit par une femme ».
L’avocat de Brahim (le chauffeur licencié), lui, va contester le licenciement devant les prud’hommes. « La seule chose qui compte, c’est de se saluer et de se respecter », estime ce spécialiste du droit du travail. « Ça, mon client l’a toujours fait. Le reste relève du choix personnel. »
Personnel ? Le messager d’Allah a dit : « Que l’on enfonce une aiguille en fer dans la tête de l’un d’entre vous vaut mieux pour lui que de toucher une femme qui n’est pas la sienne… » La version (l’aversion ?) moderne du « Touche pas à MA pote », en quelque sorte…
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