Je me suis toujours senti perplexe devant l’amalgame « citoyen du monde »… En réalité, je me demande d’où viennent ces gens qui se disent citoyens du monde. De quelle patrie proviennent-ils? Sont-ils tous des apatrides?
Aussi ai-je senti le besoin de fouiller un peu sur le Web. Dans un blogue datant de septembre 2013 sous le titre Citoyen du monde?, Mathieu Bock-Côté développe une réflexion personnelle intéressante sur sa perception de l’expression « citoyen du monde ». À titre informatif, je vous soumets un extrait où Bock-Côté nous livre sa réflexion sur le « citoyen du monde » appliquée au Québec :
« J’en arrive évidemment au Québec, qui a bien des problèmes avec son identité ces temps-ci, de plus en plus de Québécois la présentant comme une dépense coûteuse ou comme une prison identitaire les empêchant de jouir des grands vents de la mondialisation. Se pourrait-il que le zèle dont font preuve plusieurs Québécois pour se définir comme «citoyens du monde», profitant pleinement des avantages de la mondialisation, révèle en fait sur une critique radicale de la culture québécoise, trop souvent présentée, étrangement, comme un obstacle au monde. À la périphérie de l’empire américain, on se sent tout petit et l’envie est forte de s’y dissoudre, surtout chez ceux qui l’idolâtrent. Au Québec, se dire citoyen du monde, cela veut souvent dire qu’on veut se délivrer de sa patrie, qu’on en relativise les intérêts, qu’on marque une certaine indifférence existentielle à sa langue et à son histoire. Au Québec, on se dit citoyen du monde trop souvent pour dire qu’on ne se sent plus solidaire de la réalité québécoise, qu’on s’en délivre dans un grand sursaut de conscience globale de nos trop petits problèmes, qui ne nous permettraient pas d’accéder pleinement à la condition humaine et aux possibilités libérées par notre époque. On ne dit pas qu’on veut participer au monde en rappelant le potentiel d’universalité contenu dans l’identité québécoise : on se dit que c’est en se délivrant de la référence québécoise qu’on pourra le mieux accéder au monde. »
Note : Les passages soulignés sont mon initiative
https://www.journaldemontreal.com/2013/04/06/citoyen-du-monde
La réflexion de Bock-Côté est à la fois sidérante et dramatique. En d’autres termes, le Québécois qui se dit « citoyen du monde » s’extirpe de ses origines pour mieux « accéder au monde ». Il aspire ainsi se délivrer de sa « prison identitaire l’empêchant de jouir des grands vents de la mondialisation ». C’est le salut dans la fuite, une « déquébécisation » drastique qui conduit brutalement à un monde universel sans point de repère et sans histoire. Le citoyen du monde se métamorphose en citoyen de partout et de nulle part à la fois. À mon avis, l’expression « citoyen du monde » incarne une utopie, un monde imaginaire et sans frontière, un monde déshumanisé et désincarné.
C’est pourquoi, je préfère d’emblée demeurer attaché à mes racines et à mes valeurs québécoises… quitte à rester ouvert au monde qui m’entoure!
Henri Marineau, Québec
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