Cinq chefs, un futur premier ministre

Québec 2007 - Analyse



par Lessard, Denis; Gagnon, Katia; Duchesne, André - On dit que le poste de premier ministre du Québec est particulièrement ingrat. Et pourtant, les aspirants ne manquent pas pour ces élections 2007, où les jeux sont encore loin d'être faits. Certains ont plus d'expérience que d'autres, qui peuvent à l'opposé jouer sur l'effet nouveauté. Leurs forces, leurs faiblesses. Leurs bourdes, leurs bons coups. Autant d'éléments qui compteront dans leur grande entreprise de séduction de l'électorat. Et qu'on a décortiqués pour ce lancement de campagne.
JEAN CHAREST
PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC
Fonction : chef du Parti libéral et premier ministre du Québec.
Âge : 48 ans
État civil : marié, père de trois enfants
Études : droit (Université de Sherbrooke). Reçu au Barreau en 1981.
Expérience politique : député du Parti progressiste-conservateur (fédéral) de 1984 à 1998. A occupé plusieurs postes de ministre. Chef du parti de 1993 à 1998. Chef du Parti libéral du Québec depuis le 30 avril 1998.
Circonscription: Sherbrooke depuis le 30 novembre 1998.
Pourcentage du vote dans sa circonscription aux élections de 2003 : 46,95 %
+: Sa capacité de passer en seconde vitesse quand la pression monte. Souvent léthargique en apparence, il s'allume quand il doit convaincre.
-: Tendance à la condescendance. La " petite madame " Carbonneau, par exemple. Sa fausse modestie commence à apparaître quand il dit que les Québécois n'éliront plus jamais le PQ.
Bourdes passées : un jour, il explique pourquoi son gouvernement doit subventionner les écoles privées juives. Le lendemain, il envoie son ministre Pierre Reid dire que cela ne se fera pas.
Plus: Il obtient d'Ottawa la reconnaissance que toutes les provinces n'ont pas à être traitées uniformément. Une entente sur le fédéralisme " asymétrique " en santé à l'automne 2005.
Électorat gagné d'avance : les personnes âgées, les fédéralistes.
Électorat qu'il pourrait aller chercher : les indécis qui ont été pendant deux ans mécontents du gouvernement, mais qui ont des réticences à l'endroit du Parti québécois et de son chef.
Électorat qui ne votera jamais pour lui : les électeurs de la gauche, sympathiques aux ténors du SPQ libre ou de Québec solidaire.
Défis à surmonter ou écueils à éviter : faire oublier aux électeurs qu'ils ont été profondément insatisfaits de son gouvernement pendant trois ans, un record. Faire oublier certains engagements de 2003 relégués aux oubliettes.
Scénario idéal pour lui durant la campagne : pas de surprises. Un long vol plané vers les élections sur la base de la tendance des dernières semaines.
Pire cauchemar qui pourrait se réaliser durant la campagne : des fuites embarrassantes des travaux de la commission Grenier sur la campagne du NON en 1995, où ses collaborateurs actuels et passés ont oeuvré.
ANDRÉ BOISCLAIR
PARTI QUÉBÉCOIS
Fonction : chef du Parti québécois et chef de l'opposition officielle.
Âge : 40 ans
État civil : célibataire
Études : sciences économiques (Université de Montréal), administration publique (Harvard)
Expérience politique : député à l'Assemblée nationale de 1989 à 2004 et depuis juin 2006. Titulaire de plusieurs ministères sous le gouvernement du Parti québécois.
Circonscription : Pointe-aux-Trembles, depuis le 14 août 2006.
Pourcentage du vote dans sa circonscription aux élections de 2003 : 53,34 % (70,95 % à la partielle du 14 août 2006)
+: Même dans l'adversité, il est capable de discours électrisants. Il est capable de rejoindre les jeunes électeurs.
-: Avec trop de pression, il peut disjoncter. Manque d'empathie dans les rapports interpersonnels. N'écoute pas toujours ses conseillers.
Bourdes passées : sa consommation de cocaïne alors qu'il était membre du gouvernement de Lucien Bouchard.
Plus: Devançant une Pauline Marois plus expérimentée, il a recruté 40 000 nouveaux membres du PQ et remporté, dès le premier tour, la direction du parti.
Électorat gagné d'avance : les souverainistes, les jeunes qui étaient déjà proches du PQ.
Électorat qu'il pourrait aller chercher : les milieux d'affaires jeunes et nationalistes, attirés par un PQ plus sympathique aux investisseurs.
Électorat qui ne votera jamais pour lui : les agriculteurs qui se souviennent de son passage à l'Environnement. Les électeurs des régions rurales qui se méfient d'un chef identifié à Montréal.
Défis à surmonter ou écueils à éviter : mobiliser les souverainistes qui pourraient être tentés de rester chez eux comme en 2003.
Scénario idéal pour lui durant la campagne : que Mario Dumont fasse une énorme gaffe, ce qui lui permettrait de récupérer tout à coup l'ensemble des électeurs mécontents du gouvernement.
Pire cauchemar qui pourrait se réaliser durant la campagne : une montée constante de l'Action démocratique qui transformerait le débat des chefs en dialogue Charest-Dumont. Des déclarations embarrassantes de députés péquistes inquiets de leur réélection.
MARIO DUMONT
ACTION DÉMOCRATIQUE DU QUÉBEC
Fonction : chef de l' Action démocratique du Québec
Âge : 36 ans
État civil : marié, père de trois enfants
Études : économie (Université Concordia)
Expérience politique : président de la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec (1991-1992). Chef de l'ADQ depuis 1994.
Circonscription : Rivière-du-Loup depuis le 12 septembre 1994.
Pourcentage du vote dans sa circonscription aux dernières élections : 57,23 %
+: Son sens extraordinaire de la capsule, de la formule choc. Un excellent instinct pour sentir ce qui touche la population.
-: L'absence d'une équipe. Le souvenir de l'atterrissage en catastrophe de l'ADQ en 2003.
Bourdes passées : un discours à Toronto à l'automne 2002, où il avait évacué les revendications constitutionnelles du Québec.
Plus: Avoir ciblé avant ses adversaires le problème des accommodements raisonnables. Avoir vite annoncé son plan de match; son programme et sa promesse d'allocation pour garde d'enfant.
Électorat gagné d'avance : les travailleurs non syndiqués, les électeurs des circonscriptions où on retrouve un fond unioniste ou créditiste.
Électorat qu'il pourrait aller chercher : les indécis qui ne veulent rien entendre d'un autre référendum mais qui ont été pendant des mois insatisfaits du gouvernement Charest.
Électorat qui ne votera jamais pour lui : les syndiqués, les électeurs les plus scolarisés.
Défis à surmonter ou écueil à éviter : ne pas monter trop vite pour devenir tout à coup la cible des médias. Des déclarations imprévisibles de candidats choisis trop rapidement.
Scénario idéal pour lui durant la campagne : un coup de pouce de Stephen Harper, un retour d'ascenseur pour son appui lors de la campagne électorale fédérale.
Pire cauchemar qui pourrait se réaliser durant la campagne : il est forcé de passer la campagne dans sa circonscription pour se battre contre Jean D'Amour, populaire maire de Rivière-du-Loup. L'ADQ ne parvient pas à obtenir les 12 députés nécessaires à sa reconnaissance comme parti à l'Assemblée nationale.
FRANÇOISE DAVID
QUÉBEC SOLIDAIRE
Fonction : porte-parole principale de Québec solidaire.
Âge : 59 ans
État civil : conjointe de fait, un enfant
Études : travail social (Université de Montréal).
Expérience politique : présidente de la Fédération des femmes du Québec (1994-2001).
Circonscription : elle se présente dans la circonscription de Gouin.
Pourcentage du vote dans sa circonscription aux élections de 2003 : n/a
+: Popularité incontestable. Incarne bien les valeurs de son parti.
-: Aucune expérience en politique active. Une certaine naïveté.
Les bourdes passées : lors de la campagne référendaire de 1995, elle cautionne indirectement des déclarations de Lucien Bouchard sur " les femmes de race blanche ".
Plus: La marche du pain et des roses de 1995.
Électorat gagné d'avance : la gauche pure et dure du Plateau.
Électorat qu'elle peut aller chercher : les électeurs de la gauche modérée déçus du recentrage du Parti québécois.
Électorat qui ne votera jamais pour elle : les électeurs de centre-droite et les écolos pragmatiques.
Défis à surmonter ou écueil à éviter : établir la crédibilité de QS, notamment en chiffrant ses propositions.
Scénario idéal pendant la campagne : si les positions d'André Boisclair sont perçues comme trop à droite, des sociaux-démocrates péquistes pourraient opter pour QS.
Pire cauchemar qui pourrait arriver durant la campagne : l'autre porte-parole du parti, Amir Khadir, y va de nouvelles déclarations controversées.
SCOTT MCKAY
PARTI VERT DU QUÉBEC
Fonction : chef du Parti vert du Québec.
Âge : 46 ans
État civil : divorcé, père d'un enfant.
Études : baccalauréat et maîtrise en sciences de l'environnement (Université du Québec à Montréal).
Expérience politique : conseiller municipal (Rassemblement des citoyens de Montréal) du district Honoré-Beaugrand durant huit ans à la Ville de Montréal.
Circonscription : n/a
Pourcentage du vote dans sa circonscription aux élections de 2003 : n/a
+: Le parti, centré sur un enjeu unique et très populaire, l'environnement.
-: Chef peu connu. Contenu assez vague sur les enjeux autres que l'environnement.
Bourdes passées : battu d'avance par la péquiste Diane Lemieux dans la circonscription de Bourget, qu'il a représentée au niveau municipal, il est obligé de se chercher une autre circonscription.
Plus: Il s'est farouchement opposé à une fusion avec QS. Les chiffres des sondages semblent lui donner raison puisqu'il recueille deux fois plus d'intentions de vote.
Électorat gagné d'avance : les électeurs vert foncé, qui font de l'environnement leur priorité.
Électorat qu'il peut aller chercher : les environnementalistes convaincus des autres partis. Et les indécis chroniques.
Électorat qui ne votera jamais pour lui : les électeurs de gauche.
Défis à surmonter ou écueil à éviter : il devra répondre de façon crédible à des questions qui portent sur autre chose que les enjeux environnementaux.
Scénario idéal pendant la campagne : une crise environnementale éclate et la campagne se centre sur les enjeux verts.
Pire cauchemar qui pourrait arriver durant la campagne : les médias ignorent à peu près totalement son parti.
" MA PRIORITÉ PREMIÈRE EST LA SANTÉ. LA PREMIÈRE PRIORITÉ D'ANDRÉ BOISCLAIR
EST DE FAIRE UN RÉFÉRENDUM SUR LA SÉPARATION LE PLUS VITE POSSIBLE. " Jean Charest
" APRÈS AVOIR PASSÉ QUATRE ANNÉES À NOUS DIVISER... LE PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC, COMME LE POMPIER PYROMANE, PROPOSE MAINTENANT DE NOUS UNIR. " André Boisclair
" LES ACCOMMODEMENTS RAISONNABLES, C'EST UN BEL EXEMPLE D'IMMOBILISME... LE GOUVERNEMENT CHAREST A CRÉÉ UNE COMMISSION... LE RAPPORT S'EN VA DIRECTEMENT SUR LA TABLETTE. " Mario Dumont
" SI, DANS CERTAINS COMTÉS, IL ARRIVE QUE LA DIVISION DU VOTE FASSE RENTRER UN CANDIDAT LIBÉRAL, PAR EXEMPLE, IL APPARTIENDRA AU PQ DE SE POSER DE NOMBREUSES QUESTIONS. " Françoise David
" CE N'EST PAS NORMAL AVEC LA SITUATION ACTUELLE, LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET TOUS LES AUTRES PROBLÈMES, QU'IL N'Y AIT AUCUN DÉPUTÉ VERT À L'ASSEMBLÉE NATIONALE. " Scott McKay


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