La vieille garde du Parti québécois a rejeté l’idée de réserver la moitié des postes de délégués aux moins de 40 ans lors de son congrès de refondation, tel que le réclamait son aile jeunesse.
« C’est sûr qu’on aurait aimé que ça passe, je ne vous le cacherai pas. Mais, c’est un vote qu’on a perdu, ce n’est pas l’entièreté de la fin de semaine », a commenté la présidente du Comité national des jeunes du PQ (CNJPQ), Frédérique St-Jean, à la sortie du Conseil national du parti, qui se terminait dimanche à Trois-Rivières.
L’aile jeunesse devra se contenter des statuts actuels, qui prévoient un jeune de moins de 30 ans par circonscription, sur quatre délégués.
Quelques minutes plus tôt, le visage long de Frédérique St-Jean sur la scène trahissait sa déception. Jeudi dernier, elle avait convoqué une conférence de presse pour réclamer 50 % de jeunes parmi les délégués du congrès extraordinaire de novembre prochain, où le parti adoptera un nouveau texte fondateur, en plus de revoir complètement ses statuts.
Devant les caméras, Mme St-Jean a toutefois fait valoir que l’aile jeunesse a remporté d’autres gains. Son instance a notamment obtenu que des non-membres puissent prendre la parole lors du congrès de refondation. « Ça, je pense que ça ne s’est jamais fait au Parti québécois », note-t-elle.
Affrontement intergénérationnel
L’aile jeunesse a également obtenu que chaque Comité régional jeune puisse déposer une proposition d’amendement de la proposition principale ou de renouvellement des statuts.
Les débats sur le nombre de délégués de moins de 40 ans ont donné lieu à des échanges houleux sur le plancher du Conseil national, dimanche. « On est rendu dans l’âgisme. C’est rendu : quel membre va aller là ? Quel membre a quel âge ? Ça n’a pu d’allure. On est en train de faire de la ségrégation dans nos membres », a dénoncé Roland Savard, de La Prairie, au micro « contre ».
« Ceux qui ont fait les élections mur-à-mur, toute la journée, c’étaient des jeunes retraités comme moi », a également fait valoir une dame de 61 ans qui ne s’est pas nommée. Le président de Beauharnois, Marc Laviolette, a pour sa part ironisé en disant que le parti pourrait tout autant « euthanasier les vieilles sacoches ».
Parmi ceux qui souhaitaient faire une plus grande place à la jeunesse, Marysa Nadeau, de Hull, a témoigné de son indignation devant l’opposition de l’assemblée.
« Ça fait deux semaines qu’on dit dans les médias que tout est sur la table. Et quand c’est le temps de joindre la parole aux actes, vous ‘‘chockez’’ », a-t-elle dénoncé sous des applaudissements nourris.
Un PQ réformé ?
Alors que le PQ se félicitait, la veille, d’avoir rallié des jeunes dissidents à son idée de congrès de refondation, la rebuffade de dimanche a amené de l’eau au moulin aux critiques du parti.
Un des signataires d’une lettre d’appui à la députée démissionnaire Catherine Fournier y a vu une validation de son scepticisme sur la capacité du PQ à se réformer.
« On voit que, malgré la confiance que les jeunes ont eue envers le processus dimanche, il n’y a pas eu cette même confiance aujourd’hui envers ces mêmes jeunes », affirme Marc-Olivier Neveu.