Aujourd’hui, dans une entrevue accordée à Paul Arcand, M. Jacques Parizeau constate qu’il existe toujours, à travers les longues pauses de mise en veilleuse de la souveraineté, un noyau dur de la population québécoise en faveur de l’indépendance et que celui-ci se promène entre les 32% et 42%. C’est très fort cette idée d’indépendance qui perdure à travers les années. C’est sur cette base solide que nous pouvons compter. Mais tout n’est pas gagné d’avance. Car « toutes les indépendances ont été arrachées de peine et de misère aux empires et aux colonisateurs », comme me le faisait remarquer M. Oscar Fortin commentant un de mes articles.
Trois façons de réaliser la souveraineté
Et selon M. Parizeau, il y a trois manières de réaliser l’indépendance : par la violence, ce qui est rejeté d’emblée au Québec; par un vote parlementaire, ce qui n’est pas suffisamment démocratique; et par référendum, la voie la plus démocratique choisie par le Québec. Le parti politique, au Québec, qui porte le flambeau de la souveraineté depuis ses débuts est le parti Québécois. Et il doit se mettre au travail.
Un congrès au printemps 2011
Depuis 6 ans, le parti Québécois n’a pas tenu de congrès, alors qu’il en tenait un, tous les 2 ans pour faire un débat d’idées. Le parti Québécois a perdu l’habitude des discussions d’idées. Dès qu’il y a des opinions différentes, les médias fédéralistes s’empressent de parler de chicanes, de divisions, d’egos démesurés, et que les péquistes sont sans pitié envers leurs chefs, etc. Dans un parti politique d’idées, il va falloir qu’un jour on s’habitue à débattre des conceptions différentes, sans pour autant remettre toujours en question la cohésion et l’unité du parti.
Il n’y a pas de moment plus propice pour le parti Québécois qui s’en va à un congrès, et un peu plus tard à des élections générales, pour discuter des préparatifs de l’éventuel référendum sur la souveraineté. Un parti souverainiste comme le parti Québécois ne peut pas aller une fois de plus en élection, sans dire clairement à la population québécoise en quoi va consister la souveraineté. C’est autour d’un projet réel, détaillé, que la population va s’intéresser et s’engager. On ne peut pas continuer à vendre du rêve aux Québécois. N’oublions pas les leçons du dernier référendum de 1995, où 94% des gens sont allés voter, les vieux, les jeunes, les handicapés, les malades. Les gens vont voter quand la politique est intéressante. Les gens veulent savoir où ils s’en vont et où on veut les amener. Ils attendent qu’on leur parle des « vraies affaires » concernant la souveraineté du Québec.
Un référendum ne s’improvise pas
Un référendum à l’échelle nationale ne s’improvise pas et requière deux à trois ans de préparation. Il faut que le parti Québécois se mettre au travail maintenant, s’il ne l’a pas déjà fait. Le problème n’est pas de savoir si Mme Pauline Marois et le parti Québécois parlent suffisamment de souveraineté (ne faisons pas le jeu des fédéralistes, s.v.p.?), c’est le temps de poursuivre les travaux de la souveraineté. La situation socioéconomique et culturelle du Québec a beaucoup changé depuis 1995, les études et les dossiers doivent être remis à jour. Nous devons être prêts à faire face à une opposition en règle des fédéralistes (et c’est déjà commencé dans les médias depuis deux jours) qui ne cherchent qu’à discréditer et noircir l’image du Québec. Nous l’avons vu dernièrement avec la revue Maclean’s. Il est impératif que les dossiers de ces travaux soient rendus publics le plutôt possible, pour que la population en soit bien informée et se fasse une tête. Lorsque le projet de souveraineté deviendra intéressant, clair et bien expliqué, la majorité de la population se rendra aux urnes comme en 1995.
Des dossiers importants concernant la souveraineté
1. Définir le Québec comme république et son régime présidentiel ?
2. Clarifier son système démocratique de partis et institutions politiques ?
3. Définir ses frontières terrestres (et le Labrador ?) et maritimes (Old Harry?)
4. Développer son système fiscal (taxes, impôts, allocations, pensions, partage de la dette ?, garder ou non le dollar canadien?
5. Nationaliser les ressources naturelles et développer les nouvelles énergies ?
6. Clarifier la libre circulation des biens et des personnes ?
7. Baliser l’intégration des immigrants (leur nombre et leur citoyenneté) non seulement en fonction de la langue française, mais de nos valeurs communes?
8. Instaurer la Cour suprême du Québec ?
9. Négocier le départ de l’armée, de la GRC et leurs installations ?
10. Définir le statut des anglophones et leurs institutions, des autochtones et leurs réserves ?
11. Mettre sur pied une Banque centrale du Québec ?
12. Transférer l’administration des routes, ponts, ports et aéroports ?
13. Analyser et signer les ententes de commerce international ?
14. Définir la représentation diplomatique à travers le monde (consulats et ambassades) ?
15. Établir une Assemblée constituante pour écrire et faire voter une nouvelle Constitution, incluant une Charte de la laïcité.
Que de débats, de négociations, de choix et de décisions difficiles à prendre ! La puissance d’un projet pour une société est de voir grand collectivement pour les années à venir. Avec notre écœurement actuel, un nouvel essor est envisageable avec tout le sérieux du monde. Visualisons ensemble notre avenir collectif, et demandons au parti Québécois, à travers ses leaders et ses élus, de s’emparer du ballon de la souveraineté, de foncer et de contourner les obstacles fédéralistes sur le terrain, pour faire le dernier placement attendu de la victoire. L’esprit d’équipe est aussi essentiel à la réussite d’un parti politique qu’il l’est au succès d’une équipe de football. En avant toute!
Marius MORIN
Le Parti Québécois porte toujours le flambeau de la souveraineté
Cessons de parler de souveraineté et mettons-nous au travail!
Tribune libre
Marius Morin130 articles
Citoyen du Québec, Laval, Formation universitaire, Retraité toujours
Laval
interpellé par l'actualité socio-politique
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
1 novembre 2010Merci M. F. Lachapelle de prendre le ballon de la souveraineté et de faire avancer notre réflexion en proposant des stratégies concrètes. Toutes nos forces vives doivent travailler en équipe pour assurer notre réussite. Merci!
François A. Lachapelle Répondre
31 octobre 2010À la liste impressionnante de sujets à développer suggérer dans votre article, je me permets, Marius Morin, d'ajouter les idées suivantes.
1. À chacun des 15 points énumérés, je vois un chapitre appelé "transition". Cela traiterait des conditions transitoires pour passer de l'État de province au statut d'État souverain. En résumé, ce chapitre présenterait l'aspect calendrier nécessaire pour effectuer la transition, et, le nombre d'employés concernés. À titre d'exemple, je prends le point des "ports fédéraux" situés au Québec.
2. À partir de l'idée des "ports fédéraux" situés au Québec, je passe à l'ajout d'un 16e sujet: L'IMPORT-EXPORT. En vertu de ce double échange de biens et services à l'international, il faut prévoir tous les mécanismes de compensations et d'arbitrages (les connaissements, les monnaies, etc) pour faciliter la transition de ces échanges. Les banques commerciales auront un rôle important de facilitateurs et non d'obstructeurs. Il faut s'en assurer. Ce sujet peut facilement s'intégrer au point 13 qui aborde le commerce international.
3. Le fameux sujet de l'intégration des fonctionnaires fédéraux, que je divise en deux sujets: A) leur nombre et B) leurs salaires plus élevés que leurs semblables de la fonction publique du Québec.
Concernant les salaires payés par l'État fédéral, il est de notoriété publique qu'Ottawa est plus généreux que le Québec. Il faut intelligemment aborder le sujet de la capacité de payer de l'État du Québec et des ajustements à la baisse nécessaires. Il y a aussi l'effet domino dans le partage des tâches lors de l'intégration, en comptant sur l'attrition naturelle.
Ce sujet d'intégration de deux corps étrangers sera plus facile à gérer dans les postes qui n'ont pas de doublons comme les douaniers et les contrôleurs aériens. Ce sera différent dans les domaines à doublons comme l'éducation, la culture, l'agriculture, la recherche, les richesses naturelles et les relations internationales. Qui aura la priorité? l'ancienneté et les diplômes, ou l'échelle de salaire, supposé reflet de la compétence?
Effectivement que les souverainistes du Québec, libérés des étiquettes partisanes, ont tout ce qu'il faut pour réaliser un pays à notre image. N'attendons pas après les gouvernements. Je suggère de créer un fonds pour financer l'existence d'un tel organisme (Institut, secrétariat, etc) avec pignon sur rues qui mettrait à la disposition des québécois toutes les données nécessaires pour mettre la table pour l'indépendance du Québec dans le concert des nations. Une image: ceinture fléchée, tourtière, bière de chez nous et rigodons. Et les jeunes vous me direz, ils seront présents en s'inspirant des valeurs durables des anciens.
Archives de Vigile Répondre
29 octobre 2010L'élection n'est évidemment pas le référendum. Toutefois,ce dernier, expression par excellence de la démocratie, s'impose chaque fois qu'il y a des questions fondamentales qui définissent un pays ou des engagements spécifiques fondamentaux sur lesquelles le peuple devrait pouvoir se prononcer plus spécifiquement comme celui d'engager le pays dans une guerre "offensive" ou encore comment protéger et mettre en valeur nos richesses naturelles pour le plus grand bien de l'ensemble de la société. Dire au peuple que sur ces questions là et d'autres à préciser, qu'il sera appelé à en débattre et à en décider par référendum, c'est lui dire que le dernier mot lui appartiendra et que la démocratie sera devenu autre chose qu'une belle idée.
Ainsi, que le Parti Québécois dise lors de la prochaine campagne électorale qu'il soumettra la question de l'indépendance du Québec au peuple pour qu'il en débatte et, par voie référendaire, qu'il en décide, ne voudra pas dire que l'élection devra être référendaire.
L'intervention de M.Morin est plus que pertinente pour ceux et celles qui se feront les promoteurs de l'indépendance du Québec, lors du prochain référendum. À ce titre, il m'apparaît urgent la formation d'un comité non partisan qui chapeautrait le camp de ceux et celles qui croient et souhaitent travailler à l'indépendance du Québec. Je ne pense pas que le Parti Québécois fasse à lui seul le plein des indépendantistes. Il y en a dans Québec solidaire tout comme dans l'anonymat d'un bon nombre de non partisans. Je ne crois pas qu'il faille attendre du Parti Québécois toutes les propositions relatives à l'indépendance du Québec. Que ce dernier, par contre, prenne l'initiative de suggérer la formation d'un tel comité ouvert auquel il participerait au même titre que les autres, serait, me semble-t-il, une bonne chose. Ce "comité du oui" pourrait se mettre à l'oeuvre sur tous les sujets invoqués par M. Morin. Car le Référendum, lui, va porter spécifiquement sur l'indépendance et les questions qui s'y rattachent.
Archives de Vigile Répondre
29 octobre 2010Parlez-moi de ça , un texte concis et direct !
Hop! Au boulot !