Le René Lévesque de Pierre Houle a été construit à partir des mémoires de Lévesque, de l'autobiographie de Parizeau, des écrits de Morin, des milliers de pages de Pierre Godin, des centaines d'articles de journaux, des propose de commentateurs politiques... (Photo fournie par Radio-Canada)
Le René Lévesque que vous voyez dans la série n’est pas René Lévesque. Il n’était pas disponible pour le rôle.
Emmanuel Bilodeau a fait un travail remarquable pour créer un René possible. Ce n’est toutefois pas le René que Parizeau a connu, ni celui de Morin. Pas plus qu’il ne ressemble au René de Corinne ni à celui de Tremblay ou de Beaudoin. Ce n’est pas non plus celui des joueurs de poker avec lesquels il traversait certaines nuits ou celui de ses conquêtes, en chemin…
C’est un René construit à partir de ce que tous m’ont confié sans le savoir à travers les mémoires de Lévesque, l’autobiographie de Parizeau, les écrits de Morin, les milliers de pages de Pierre Godin, les centaines d’articles de journaux, les propos des commentateurs politiques, les émissions de télé, les documentaires, la magnifique série radio de Radio Canada, les rencontres et… les propos recueillis auprès de Corinne Côté. Malheureusement, personne ne raconte tout à fait la même histoire et les contradictions sont souvent stupéfiantes. Alors je choisis le point de vue qui me semble pertinent ou bien je tente de bâtir un «consensus». Évidemment ce ne sera jamais votre René…
Et puis toujours la même indignation chaussée de gros sabots, véhiculée par les mêmes personnes depuis la parution de la biographie de Pierre Godin. Une argumentation si pauvre quelle nous porte à se questionner sur les vrais intentions. Des mots assassins pour masquer le vide? Ou pour miner toute crédibilité au cas où...? Une technique qui vient des longues années en politique. Gérer le message, contrôler l’image…
Et la caricature?… J’ai visionné l’équivalent de vingt-quatre heures d’archives. On ne peut pas dire que la mode de cette époque aide beaucoup à la sobriété... La vivacité d’esprit de Garon, le bonheur sautillant de Charron, rien n’a été inventé. Pour ce qui est du reste, il a fallu dessiner les personnages en trois coups de pinceau afin de les reconnaître, ils passent si vite… C’est quand même dommage que personne n’ait remarqué le magnifique discours que René tient aux étudiants, juste avant les élections de 1976. Tellement actuel… Mais, bon, la politique n’intéresse plus personne même que certains font tout ce qu’ils peuvent pour entretenir le cynisme.
Qui a raison, qui n’a rien à dire, qui tente de contrôler le message? Autant de gens, autant de points de vue. Mais il existe une passion commune qu’il aurait été préférable de partager avec les jeunes générations qui, bientôt, ne se souviendront plus de leur histoire plutôt que de s’enfarger dans les fleurs du tapis… Mais bon, le sens des priorités n’est pas donné à tous. Bas de gamme vous disiez madame Tremblay?… Vous auriez fait un formidable personnage dans Bunker le cirque… Merci pour le cours de réalisation, Madame Beaudoin. J’en avais bien besoin après mes trois Gémeaux en fiction et mes deux prix internationaux pour le documentaire sur Riopelle… Un autre personnage que j’ai eu tout faux…
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Pierre Houle
L'auteur est réalisateur de la série «René, le destin d'un chef».
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