C’est parti pour un nouveau round de « qui sommes-nous », « que voulons-nous » et « où allons-nous » grâce à la course à la chefferie du Parti québécois. Exercice qui fait toujours un peu peur mais qui n’est certainement pas superflu, notamment après l’exercice bâclé de la dernière fois, pour ne pas dire du dernier référendum.
Premier constat : celui qui a le plus à dire sur ces questions demeure toujours très impopulaire. Jean-François Lisée continue d’indisposer comme pas un. Toujours étonnant de constater combien quelqu’un qui a le mérite de voir clair — personne, c’est vrai, ne veut un référendum bientôt — se fait rabrouer. Ce n’est pas seulement une question de ton ou de nez en l’air. Au sein du PQ, il faut aussi qu’il y ait une peur de dire les choses comme elles sont, une impossibilité de voir la réalité en face, sans mentionner une capacité infinie d’interpréter les sondages à sa guise.
Deuxième constat : la social-démocratie est de nouveau à l’honneur au PQ. Tout le monde a le « bon gouvernement » quand ce n’est pas le « projet de pays » a la bouche. Seulement, on reste dans l’approximation. « Pour ce qui est de la social-démocratie, on est tous les quatre pas mal au même diapason », disait Martine Ouellet. Sans plus. Comme si tout ça allait de soi, comme si le PQ n’avait pas fait des beaux yeux au pétrole lors du dernier mandat, sans parler d’épouser le nationalisme identitaire de son ancien adversaire l’ADQ. (Et comme si le projet de constituante n’était pas une idée piquée à Québec solidaire.) L’ambiguïté, en d’autres mots, n’est pas seulement le problème de ceux toujours prêts à remettre le référendum à plus tard, il est le problème d’à peu près tous les candidats à l’heure actuelle.
Troisième constat : le problème de fond du PQ, celui qui, depuis 1980, le hante, le divise et le rend parfois un peu ridicule, ne pas savoir à quel « axe » se vouer, n’est plus la seule grande difficulté. Il y a une nouvelle embûche, d’ailleurs partagée avec l’ensemble du mouvement souverainiste aujourd’hui. La suivante : personne ne semble reconnaître que la raison profonde de l’indépendance a changé.
Quand les bombes se sont mises à exploser à Montréal à la fin des années 60, nous étions des Nègres blancs d’Amérique, des porteurs d’eau, nés pour un petit pain. Il fallait idéalement avoir un nom anglais pour réussir en affaires et des curés se mêlaient de la procréation des femmes. René Lévesque tenait tête aux Rhodésiens de Westmount et aux compagnies minières et forestières qui saccageaient l’Abitibi, promettant de « les civiliser ». Bref, la raison de faire l’indépendance était enracinée dans un siècle d’assujettissement et de désarroi. Ça coulait de source de la même façon que briser ses chaînes, pour n’importe quel animal normalement constitué, est un réflexe sain et nécessaire.
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Ce qu’il reste de nous
Une vision à redéfinir
Francine Pelletier44 articles
Journaliste, réalisatrice et scénariste Cofondatrice de "La Vie en rose", journaliste et documentariste
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