Tout doucement, petit à petit, les petites exigences s’installent, s’étalent, se renforcent les unes les autres.
Charmante et délicieuse Toscane… Dans la province de Lucques, au bord de la mer, le village de Torre del Lago Puccini, 11.000 habitants, coulait des jours heureux jusqu’à ce qu’ils arrivent. Les autorités locales avaient cru bien faire en les accueillant, d’abord, puis en leur confiant des travaux utiles à tout le monde, sorte de « travaux d’intérêt général ». À ce titre, un groupe d’entre eux avait en charge l’entretien du cimetière de la petite cité : ratisser les allées, ôter les herbes folles, gratter les mousses indélicates, tout ça.
Pas besoin de diplôme ! Même pas besoin de parler italien. Juste un minimum de biceps et, surtout, de la bonne volonté.
Que croyez-vous qu’il arriva ? Eh bien, le truc est en train de tourner en eau de boudin.
« Ils » ne sont pas contents, « ils » se croisent les bras, « ils » font grève, oui, grève.
La faute au soleil trop chaud ? Pas du tout. Pas assez d’asti spumante à la cantine ? Même pas. Les cadences infernales ? Encore raté ! Alors quoi ? Pourquoi cette grève ?
« Ils », ce sont des migrants pakistanais, jeunes, bien membrés et musulmans jusqu’au fond des godasses, jusqu’à l’aveuglement. La cause de leur colère est ahurissante, hallucinante : il y a trop de signes chrétiens dans leur champ de vision, trop de croix, trop d’anges, trop de Vierge Marie. Qu’est-ce qu’ils pensent que nous mettons dans nos cimetières ? Mickey et Pluto ? « C’est vrai, quoi ! On ne se sent pas chez nous, ici ! Si c’est ça, être accueilli, c’est minable. Ça nous tourne les boules, nous, tous vos trucs de chrétiens. C’est pas compliqué à comprendre, non ! Encore y aurait-il quelques croissants, ça passerait. Mais là, macache, comme on dit au bled. On dirait que vous le faites exprès pour nous manquer de respect, nous humilier, faire suer le burnous. Alors, basta, on arrête de bosser… et Allahu akbar ! »
Vous, je ne sais pas, mais moi, si j’étais le maire de cette ville, j’aurais une furieuse envie de leur botter le cul et de les virer de mon espace visuel manu militari : retour immédiat au pays. Après tout, personne ne les a obligés à venir.
Oh, je sais ! En écrivant cela, aux yeux de beaucoup, je vais passer pour un horrible islamophobe, un xénophobe de premier choix, une brute de pakistanophobe, un vieux réac, un extrémiste de droite ou de gauche, ou du milieu ou de nulle part, bref, un type pas fréquentable, un gars qui refuse de comprendre la misère physique, morale ou mentale de ces pauvres « réfugiés/migrants/expatriés /demandeurs d’asile-et-de-ce-qui-va-avec ».
J’accepte l’opprobre.
Mais à une condition, une seule : que mes censeurs ne me traînent pas devant la XVIIe chambre s’il m’arrive d’avouer que je vois, dans mon entourage, trop de minarets, de niqabs, de burkas.
Tout doucement, petit à petit, sans même que l’on s’en rende vraiment compte, les petites exigences s’installent, s’étalent, se renforcent les unes les autres dans l’apathie appuyée des politiques, deviennent vaguelettes en attendant de devenir vagues puis, hélas, tsunamis. S’inquiéter est inutile : ceux qui ont en charge la nation regardent ailleurs et s’en foutent.
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