Parti libéral du Québec

Briser le silence

PLQ - congrès d'octobre 2011



Le Parti libéral du Québec est en congrès. Studieusement, les 2000 congressistes réfléchiront ce week-end à de nouvelles politiques pour «canaliser les énergies du Québec». C'est le thème retenu pour cette rencontre qui, pour être fidèle à la réalité politique actuelle, aurait dû être «recréer la confiance». Cela aurait mieux correspondu aux défis qui sont ceux de ce parti et ceux aussi de la société québécoise.
Ce congrès, le 31e d'un parti qui a une longue tradition démocratique, semble avoir été planifié pour éviter d'aborder ce qui, depuis trois ans, est devenu le problème auquel on revient toujours, celui des valeurs éthiques qui animent notre société et que pose de façon crue l'existence d'un système de collusion et de corruption dans l'industrie de la construction.
Le programme initial du congrès évacuait totalement cette question. Ce n'est que sous la pression que fut prévu un espace d'échange avec des ministres pour discuter (débattre serait ici un mot trop fort compte tenu du format retenu) des mesures adoptées par le gouvernement pour combattre la collusion et la corruption dans la construction. Cette pression étant montée de plusieurs crans ces dernières heures, peut-être permettra-t-on une ou des motions d'urgence, question de préserver auprès du public l'image d'un parti. On verra bien ce qu'il en sera.
Ce que l'on sait toutefois avec certitude, c'est que le Parti libéral de Jean Charest et le gouvernement qu'il dirige ont toujours abordé avec la plus grande réticence les questions d'éthique. Rappelons-nous les débats auxquels ont donné lieu ces deux dernières années la rédaction et l'adoption d'un nouveau code d'éthique pour les élus et le resserrement de la Loi sur le financement des partis. Rappelons-nous aussi les atermoiements du premier ministre pour renoncer au salaire reçu de son parti, tout comme la tolérance trop longtemps manifestée envers des ministres comme Tony Tomassi, pour qui la ligne blanche éthique semblait être une ligne à dépasser.
Sur les questions éthiques, ce gouvernement a agi, convenons-en, mais trop souvent à son corps défendant, forcé par une opinion publique dont le poids s'accroît plus on approche d'une échéance électorale. N'est-ce pas ce qu'on vient de connaître une autre fois cette semaine avec l'institution d'une commission d'enquête sur la collusion et la corruption qui n'en est pas une, comme l'a démontré avec éclat la dénonciation exceptionnelle qu'en a faite le Barreau du Québec hier matin?
Toutes ces réserves et réticences ne font que nourrir le cynisme de la population envers le gouvernement libéral, et à travers lui envers les institutions démocratiques que sont les partis, le Parlement, le gouvernement et l'État. Il ne sert à rien de se cacher la réalité. Le fait est que la fraude s'est installée dans plusieurs sphères de la société et qu'elle a été érigée en système qui va du travail au noir pour nos menus travaux de construction à la collusion dans l'attribution des contrats publics de toute nature (routes, infrastructures, édifices, informatique, services professionnels) octroyés par les gouvernements, municipalités et autres administrations publiques.
La fraude devenant chose répandue, donc normale, elle est en train de pervertir les valeurs de notre société. Elle nous dévalorise tous, institutions comme individus. Personne ne devrait rester silencieux. Il faut des lieux pour dire que c'est assez. Que ce congrès du Parti libéral de ce week-end ne soit pas un de ces lieux est anormal, pour ne pas dire inacceptable. Le silence sur ces questions est en soi une acceptation.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->