Le Royaume-Uni et l’Union européenne estiment désormais avoir suffisamment avancé sur la façon dont devra se faire leur divorce pour entamer les négociations sur ce qui devra venir ensuite. Encore plus complexe que la première étape, cette définition de leur relation après le Brexit pourrait ressembler au traité de libre-échange conclu récemment entre le Canada et l’Europe.
« Je crois que nous avons maintenant fait la percée dont nous avions besoin », a déclaré la première ministre britannique, Theresa May, au terme d’une séance de négociations marathon qui s’est terminée au petit matin vendredi.
« Il faut encore le travailler, le consolider, le préciser », a dit du texte de 15 pages le négociateur pour l’Union européenne (UE), Michel Barnier, mais il devrait pour le moment faire l’affaire.
Le compromis doit encore être accepté par les dirigeants des 27 autres pays de l’UE lors de leur sommet prévu les 14 et 15 décembre à Bruxelles. Il répond, au moins en partie, aux trois principaux problèmes auxquels on faisait face, c’est-à-dire la facture qui devra être envoyée à Londres, le sort des travailleurs européens au Royaume-Uni et des travailleurs britanniques en Europe, ainsi que la gestion de la frontière entre l’Irlande du Nord britannique et sa voisine au sud, la République d’Irlande, qui restera, elle, dans l’UE.
Une facture deux fois plus salée
Prise dans les divisions de son propre parti, entre pro et anti-Brexit, Theresa May s’est résolue à accepter que son pays assume une facture estimée entre 40 et 45 milliards d’euros plutôt que 20 milliards comme elle l’avait proposé en début de négociations. Pour assurer une bonne transition, le Royaume-Uni devrait notamment participer aux deux prochains budgets de l’UE comme s’il y était toujours un membre à part entière, payer sa part des coûts de toutes les mesures déjà adoptées, mais pas encore budgétées, ainsi qu’assumer sa part dans les passifs, comme les retraites des fonctionnaires européens.
On promet également de préserver les droits des quelque trois millions d’Européens au Royaume-Uni et du million de Britanniques sur le continent européen en ce qui a trait notamment au droit au regroupement familial de même qu’aux avantages sociaux, comme les retraites. Les tribunaux britanniques pourraient même être amenés sur ces questions à interroger la Cour de justice de l’UE pendant au moins huit ans.
Aux craintes de ses alliés au Parlement du Parti démocratique unioniste nord-irlandais de voir se dresser de nouveau des gardes-frontières entre les deux Irlandes, qui avaient fait capoter un premier projet d’entente lundi, Theresa May a répondu que, quoi qu’il arrive, on trouvera le moyen de maintenir entre les deux territoires un marché unique et l’union douanière.
Obtenir autant que le Canada
L’annonce de l’entente a été accueillie par un soupir de soulagement et avec beaucoup de scepticisme quant à la suite des choses. S’il a fallu un an et demi depuis le vote pour le Brexit en juin 2016 pour seulement convenir partiellement des conditions de sortie du Royaume-Uni de l’UE, comment peut-on raisonnablement croire qu’on aura assez d’un peu plus d’un an pour définir une nouvelle entente d’association prévue pour le 29 mars 2019 ?
« Le défi le plus difficile » des négociations est à venir, a convenu le président du Conseil de l’UE, Donald Tusk. « Nous savons tous que se séparer est dur, mais se séparer et construire une nouvelle relation est encore plus dur. »
Comme le Royaume-Uni aura retrouvé son statut de pays totalement indépendant, a suggéré Michel Barnier, le mieux qu’on pourra probablement faire pourrait s’inspirer du plus récent et plus ambitieux traité de libre-échange conclu par l’UE avec un autre pays développé, soit l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne.
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