Texte publié dans Le Devoir du vendredi 12 mars 2011 sous le titre "Quelle lucidité ?"

À la suite de la sortie du rapport attendu du BAPE sur les gaz de schiste, on a l'impression que le ministre Arcand, grâce à ce rapport mais aussi dans sa façon de l'accueillir, vient de s'élever au dessus des idéologues bornés qui, dans son propre parti et ailleurs, se sont braqués obstinément contre tout ceux qui soulevaient des interrogations dans ce dossier.

On pense ici à Mme Normandeau, et à d'autres qui, semble-t-il, ont bien besoin de défendre l'entreprise et le "développement" tous azimuts contre les assauts de la méchante go-gauche qui paralyserait le Québec.

Par contre, le ministre aurait-il agi de la sorte, ou pu agir, si le Québec ne s'était pas littéralement enflammé à ce sujet ? Au mieux, on peut donc parler d'un bref instant forcé de relative compétence, de la part d'un gouvernement littéralement assiégé par une population en colère.

À l'évidence, les critiques n'étaient pas dans les patates, et ceux-là mêmes qui voulaient les enfermer dans une image d'opposants à tout crin, sont en fait les seuls coupables de dogmatisme.

Ce moment est à marquer d'une pierre blanche. Les Dumont, Deltell, Bouchard, Facal, Duhaime, Marcotte, et tous ces chantres du sacro-saint marché, et du droit inaliénable au profit envers et contre tout -- et tous --, arborent aujourd'hui de façon spectaculaire, tous les stigmates qu'ils essaient toujours d'imprimer aux autres; voici une bande d'universitaires et de doctrinaires, apparemment incapables d'interpréter le monde autrement qu'à travers des théories, peut-être bien jolies sur papier, mais rendues totalement absurdes par l'interprétation étroite et restrictive qu'ils en font.

Dire qu'ils se réclament de la lucidité, et que ce sont souvent les mêmes qui prêchent la démission indépendantiste...



Nic Payne