D’ordinaire, j’évite d’écrire trop à chaud sur un sujet, mais je viens de tomber sur la déclaration de Gabrielle Bouchard, présidente de la Fédération des Femmes du Québec (FFQ), qui en appelle à la vasectomie obligatoire pour les garçons de 18 ans. Or, tous mes instincts humanistes me commandent de ne pas me taire. De ne pas me laisser refroidir.
Il n'y a pas si longtemps, on apprenait avec horreur que des femmes autochtones se faisaient encore avorter et stériliser de force au Canada et aujourd’hui la présidente de la FFQ nous dit qu’il nous faut sérieusement aborder la question de la vasectomie obligatoire pour les jeunes hommes de 18 ans. Maintenant, je me demande: nous faut-il regarder ailleurs en se disant « bof, c’est juste des hommes »?
Laissez-moi poser la question sans détour : quel genre d’esprit faut-il posséder pour non seulement penser, mais pour affirmer publiquement une telle déclaration? À quel point faut-il être déconnecté de ses humanités pour en appeler à une telle violence?
Un tel attentat biologique serait-il moins grave envers un sexe que pour l'autre? L'un serait-il plus judicieux ou vertueux que l'autre? Les trompes de Fallope sont-elles plus précieuses que les canaux déférents masculins? Je me dis que si Gabrielle Bouchard était investie par un réel féminisme, il aurait été absolument impensable pour elle de dire une telle horreur. Peut-être que Gabrielle Bouchard ne se sent plus concernée par le sort des hommes, c'est son droit, mais qu’elle ait la décence, en contrepartie, de laisser nos garçons tranquilles avec ses idées obscures.
Il suffit de ces comportements autodestructeurs et nihilistes. Des élucubrations de gens visiblement profondément malheureux et terrifiés par l'avenir, qui ne savent que distiller leur mal-être et leur désespoir partout en société. De ces gens convaincus que leur état leur sera plus supportable s’ils parviennent à contaminer tout ce qu’ils peuvent atteindre. Pour moi, ces comportements sont fondamentalement lâches et irresponsables.
Lâche parce que suggérer, par exemple, le suicide de l’espèce humaine pour des raisons écologiques et environnementales (j’imagine que c’est pour ces raisons, puisque Gabrielle Bouchard a lâché son tweet sans plus d’explications) est non seulement scandaleux et très laid, mais relève surtout d'un terrible manque de jugement, de courage et de vision devant les défis qui nous attendent. Irresponsable, enfin et surtout, parce qu’on préconise ici de s’attaquer à nos garçons, à nos fils, plutôt que de prendre nos responsabilités. Qu’il y ait urgence, je ne dis pas le contraire, mais que soit proposé pour y remédier le sacrifice de nos hommes, je refuse et je me braque, car j’ai cette manie certaine de me sentir attaquée quand on cherche à attenter à l’espèce à laquelle j’appartiens.
Il faudra bientôt revenir du délire idéologique qui veut que l’humanité puisse se passer de ses hommes, car cette pensée est à mon sens aussi criminelle que celle qui a prétendu si longtemps que l’humanité n’était pas une affaire de femme.
Mesdames de la FFQ, je suis certaine que vous vous êtes engagées avec les intentions les plus honorables au sein de ce mouvement, mais je vous suggère sérieusement de revoir le message que vous laissez véhiculer, car ce dernier est en train d’engendrer un dangereux un vent de désolidarisation, qui lui est en train d’entacher et de faire dériver le travail acharné de nos mères. C'est malheureux, mais si vous continuez de laisser faire, je doute fort que l’Histoire vous le pardonne.
P.-S. Chers amis, s'il-vous-plaît, ne tombons pas dans les attaques sur l’identité trans de Gabrielle Bouchard. Ne faisons pas dévier l’attention. Ce n'est pas le sujet et il y a plus important. Je compte sur vous.