Bloc : un nouveau message pour un nouveau départ?

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L'élection est encore loin





À moins de 20% au Québec selon les sondages le plus récents, le Bloc québécois jouera son va-tout d’ici l’élection fédérale du 19 octobre prochain.


Depuis le retour surprise de Gilles Duceppe à sa tête et le début de cette longue campagne électorale, le Bloc vise avant tout l’électorat souverainiste dans l’espoir de survivre à ce qui s’annonce comme une deuxième vague orange du NPD au Québec.


Même l’élection de Gilles Duceppe dans son ancien comté où il avait déjà été défait en 2011 par la candidate néodémocrate Hélène Laverdière est loin d’être chose faite.


Son premier slogan de campagne - «Qui prend pays prend parti» - en faisait foi. Idem pour sa tournée à vélo aux côtés du nouveau chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau. Plus que jamais depuis la création du Bloc, les chefs des deux formations souverainistes font campagne ensemble. Si le Bloc frappe à nouveau un mur, cette décision ne va pas sans risque pour le nouveau chef du Parti québécois. Du moins, à court terme.


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Changement de cap


Le constat est déjà connu : face au désir massif au Québec de sortir les conservateurs du pouvoir, la possibilité d’un gouvernement minoritaire du NPD et plus que tout, le deuil du Bloc déjà fait par de nombreux souverainistes dont les yeux sont tournés vers le Québec et un PQ encore fragile, «vendre» l’idée même de voter Bloc à nouveau se fait aussi lourde qu’un boulet.


Réunis ce lundi à Montréal en conseil général électoral dans la circonscription de M. Duceppe, Laurier-Sainte-Marie, les bloquistes ont donc tenté de réajuster le tir. De se trouver un nouveau «message», soit  celui de la «balance du pouvoir» - un grand classique.


D'où son nouveau slogan: «On a tout à gagner».


Leur message se résumant comme suit : si le prochain gouvernement fédéral est minoritaire - ce qui est fort probable -, il faut voter Bloc pour donner au Québec un «rapport de forces» en lui donnant la «balance du pouvoir».


En d'autres termes, constatant les appuis qui lui manquent encore et toujours même chez les souverainistes les plus ardents, en parlant en termes de «rapports de force», le chef bloquiste tente aussi en même temps d'élargir à nouveau son appel aux nationalistes.


M. Duceppe précise qu’il soutiendrait toutefois peut-être - «on verra», dit-il -, un gouvernement minoritaire libéral ou néo-démocrate.


Et s’il est conservateur? Le chef bloquiste dit maintenant ne plus voir «les points qui rapprochent» le Bloc et le parti de Stephen Harper.


Or, sur un plan strictement logique, comment «vendre» le «message» d’une «balance du pouvoir» si le Bloc ne s’engage pas clairement à l’avance à appuyer le gouvernement minoritaire qui pourrait, qui sait, émerger de la prochaine élection?


Qui plus est, aussi récemment qu’en juin, tout juste après son retour au Bloc, la position de M. Duceppe était tout autre.


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Changement de discours


Comme je le notais ici sur mon blogue en juin dernier, en entrevue à Global News, le chef bloquiste se disait alors «ouvert à toute «coalition» potentielle à venir dans l’éventualité où l’élection du 19 octobre produisait un gouvernement minoritaire, quel qu’il soit. Y compris avec les conservateurs de Stephen Harper.  Selon M. Duceppe, tout dépendrait alors de ce qu’on «offrirait» au Québec.»


Pour le citer encore plus précisément: «That’s my only concern, what’s the best deal for Quebec» («Ma seule préoccupation est de savoir quel est la meilleure offre pour le Québec».)


Comme je le notais aussi, M. Duceppe avait même précisé ceci : «I don’t mind who’s proposing what» («Je ne me préoccupe pas de qui propose quoi.»)


Et pour reprendre cet autre passage de mon billet du 15 juin:


««Nous ne serons pas membre d’une coalition», précise M. Duceppe, «mais nous pouvons en appuyer une».  Et ce, pour des raisons évidentes. Se présentant comme un parti souverainiste, le Bloc ne pourrait jamais participer, même indirectement, à la gouverne du Canada.


Dans la même entrevue (à Global News), il rappelle d’ailleurs que le Bloc l’avait fait en 2004 pour une coalition hypothétique et implicite de Stephen Harper et Jack Layton. Et ensuite, en 2008, pour une coalition des libéraux de Stéphane Dion et des néo-démocrates de Jack Layton.


OK. Voilà pour le passé. En 2004, la motivation derrière la possibilité d’une coalition contre-nature sur la plan idéologique entre les conservateurs de Stephen Harper et le NPD de Jack Layton était déjà difficile à comprendre.


Or, à la décharge du Bloc, il faut dire qu’en 2008, l’objectif de tenter de remplacer le gouvernement ultraconservateur de Stephen Harper - menacé à l’époque d’un vote de non confiance apte à le faire tomber -,  se comprenait, disons, beaucoup mieux.  D’autant plus qu’à l’époque, le Parti québécois croupissait à la deuxième opposition et se faisait plus que discret sur sa propre option.


Mais en 2015, comment justifier la moindre possibilité d’un Bloc québécois qui, dans un scénario post-électoral d’un gouvernement minoritaire, pourrait à la limite appuyer les conservateurs de Stephen Harper? D’autant plus que, contrairement à 2008, un discours souverainiste plus affirmé est de retour au PQ. 


Comment le justifier alors que depuis sa première prise du pouvoir en janvier 2006, Stephen Harper s’est avéré être, et de loin, le premier ministre fédéral le plus autoritaire et le plus à droite des dernières décennies au Canada? Que ce soit d’un point de vue souverainiste ou fédéraliste, comment diable cela pourrait-il possiblement «servir les intérêts» du Québec? Comment le justifier lorsque M. Duceppe dit lui-même aujourd’hui qu’il invitera les Québécois «à voter par conviction»?»


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Nouvelle position


Bref, ce lundi, le chef bloquiste reculait sur sa position énoncée en juin dernier. Plus question, dit-il maintenant, d’appuyer un gouvernement conservateur minoritaire dans l’éventualité très hypothétique où le Bloc détiendrait la «balance du pouvoir». C'est donc une nouvelle position pour, selon  les bloquistes, un nouveau message et un nouveau départ.


Et, diront plusieurs, heureusement que ce virage se fait, même s’il arrive presque trois mois après l’entrevue initiale donnée à Global News.


De toute évidence, M. Duceppe a compris la puissance du sentiment anti-Harper au Québec. Même si cela arrive tardivement.


Il change sa position d’autant plus qu’aux débats des chefs à venir,  celle qu’il défendait en juin aurait en plus rendu le Bloc particulièrement vulnérable aux attaques qui n’auraient sûrement pas manqué de fuser sur cette question du côté de Thomas Mulcair et de Justin Trudeau.


L’élection du 19 octobre est bien entendu encore très loin et ses résultats sont particulièrement imprévisbles.


La seule certitude pour le Bloc est que pour lui, ça passera ou ça cassera.


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