Ottawa — La chute des prix du pétrole frappe le Canada de plein fouet et la banque centrale a réduit mercredi ses taux directeurs pour tenter de tirer la croissance par la consommation et les exportations.
La baisse d’un quart de point, à 0,75 %, du principal taux directeur de la banque centrale, premier mouvement sur les taux depuis septembre 2010, vise à donner de l’oxygène a l’économie quand il y a encore six mois les banques d’affaires ou même les organisations internationales pronostiquaient une remontée des taux d’intérêt.
Mais l’économie canadienne est largement dépendante de la production de pétrole des sables bitumineux de l’Alberta (Ouest) et le plongeon du brut sur les marchés mondiaux a changé la donne. Comme le résume la banque centrale canadienne, «la chute marquée des prix du pétrole» va avoir «une incidence négative sur la croissance et l’inflation».
Ce nouvel environnement a poussé l’institut d’émission à revoir en baisse ses prévisions de croissance pour 2015 à 2,1%. Sa précédente estimation à l’automne était de 2,4% pour cette année. Cette révision est même plus sévère que celle donnée mardi par le FMI qui tablait sur une croissance du PIB de 2,3% et de seulement 2,1% en 2016.
Le scénario n’est pas partagé par la banque centrale, qui promet une reprise en 2016 (+2,4%) grâce à la baisse du prix de l’argent qui favorisera la consommation, les exportations et les investissements des entreprises.
Remontée prévue
La banque centrale fait le pari que les prix du pétrole vont rebondir légèrement avec ses prévisions basées sur un baril de brut à 60 dollars en moyenne pour les deux prochaines années, a estimé son gouverneur Stephen Poloz.
Si c’est nettement au-dessus du cours du brut mercredi (autour de 47,60 dollars), la banque centrale croit néanmoins «qu’à moyen terme», les cours du brut «seront probablement plus élevés».
Le pétrole, c’est «environ 3 % du PIB [...] et 14 % de nos exportations», a rappelé la semaine dernière Timothy Lane, sous-gouverneur de la banque centrale, pour illustrer les risques encourus par le recul actuel du pétrole.
Pour prendre le relais du secteur pétrolier, la recette des responsables monétaires est un mélange de crédits moins chers et de dépréciation de la monnaie.
Dépréciation du dollar
L’objectif des 2 % d’inflation de la banque centrale sera respecté à très court terme. En revanche, par la suite, les prix à la consommation risquent de subir «les répercussions de la dépréciation du dollar canadien», a prévenu l’institut d’émission.
La monnaie a perdu 12 % de sa valeur depuis l’été face à la devise américaine, un mouvement favorable pour les exportateurs canadiens, d’autant que le premier partenaire commercial, le voisin américain, a une économie plus dynamique.
Outre la consommation et les exportations, la baisse du prix de l’argent va aussi stimuler les investissements des entreprises et l’emploi, et donc au final à la consommation grâce à une meilleure distribution des revenus.
Mais quelques grains de sable pourraient venir gripper ce cercle vertueux car, a prévenu la banque centrale, «il existe une incertitude considérable quant au rythme de matérialisation de ces facteurs successifs».
Face à ces risques, «le changement surprise de politique monétaire» permet de donner une relative garantie, a estimé Peter Buchanan, économiste de la Banque CIBC. Une inflexion de la politique monétaire saluée également par la Bourse de Toronto qui gagnait plus de 2 % à mi-séance.
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