Sebastian Kurz et le Parti de la liberté d'Autriche (FPO) ont annoncé avoir scellé un accord de coalition, ouvrant les portes de la chancellerie au jeune dirigeant conservateur et signant le retour du parti anti-immigration au gouvernement.
«Nous sommes parvenus à un accord de gouvernement pour les cinq prochaines années», a annoncé Sebastian Kurz, qui s'exprimait au côté du chef du parti populiste anti-immigration FPO (Parti de la liberté d'Autriche), Heinz-Christian Strache, le 15 décembre, à l'issue d'une dernière journée de négociations. «Les électeurs nous ont donné le mandat clair de prendre en compte leurs préoccupations, notamment en matière de sécurité», a ajouté le jeune chancelier autrichien, du parti conservateur OVP (Parti populaire autrichien).
L'investiture du nouveau gouvernement par le président de la République Alexander Van der Bellen est prévue le 18 décembre, après ratification formelle du pacte de coalition par les deux partis le 16 décembre.
Vainqueur des élections législatives du 15 octobre, Sebastian Kurz avait engagé neuf jours plus tard des pourparlers exclusifs avec le patron du FPO.
Les deux partis, qui avaient déjà refermé la quasi-totalité des chapitres de leurs négociations, notamment sur la sécurité, l'économie et l'immigration, devaient encore s'entendre ce 15 décembre sur la «démocratie directe», une promesse de campagne du FPO contestée par les conservateurs.
L'Autriche trouve sa coalition... avant l'Allemagne
En abordant l'année 2018 avec un gouvernement stable, l'Autriche prend de vitesse l'Allemagne, dont la chancelière Angela Merkel peine toujours à trouver un partenaire de coalition dans un paysage politique bouleversé par l'arrivée en force des populistes de l'AfD au Bundestag, la chambre basse du Parlement.
Le FPO avait déjà gouverné avec les conservateurs de 2000 à 2007 – une arrivée au pouvoir qui avait alors donné lieu à l'adoption durant quelques mois de sanctions européennes. Ce scénario est jugé cependant très improbable aujourd'hui, dans un contexte général de montée des partis populistes en Europe, tandis que Heinz-Christian Strache, 48 ans, veillait à lisser l'image de sa formation.
Selon des indiscrétions concordantes, le FPO devrait décrocher plusieurs ministères régaliens dont l'Intérieur et les Affaires étrangères, deux portefeuilles qui lui avaient échappé au cours de sa précédente expérience gouvernementale.
Autre concession faite au FPO, Sebastien Kurz, malgré ses réticences, a accepté que l'Autriche renonce à faire appliquer une interdiction totale du tabac dans les bars et les restaurants qui devait entrer en vigueur en mai prochain et dont Heinz-Christian Strache exigeait l'annulation.
Ce dernier, satisfait de l'accord de gouvernement, a estimé que celui-ci intégrait «bien plus de 50% de positions FPO».