Dans son admirable allocution lors des funérailles de Monsieur Parizeau, Jean-Martin Aussant a déclaré que « s’il est une chose que son départ devrait amener, c’est la fin des exils, de tous les exils. Qu’ils soient géographiques ou intellectuels, il faut que chacun de nous participe à sa façon dans la construction de cette société pour laquelle il a tant travaillé ».
Depuis, les journalistes et les commentateurs en ont tiré, à juste titre, la conclusion du retour au Québec de JMA. Mais où?
Advenant un refus de Gilles Duceppe, Mario Beaulieu lui aurait proposé la direction du Bloc. Mais Duceppe a accepté. Alors, où?
Sûrement pas à la tête d’Option nationale, une organisation moribonde.
Un emploi d’enseignant ou dans une institution financière limiterait, à cause du devoir de réserve, les interventions d’un JMA qui brûle d’envie de refaire de la politique.
Reste alors la direction de l’Institut de recherche sur l’indépendance que PKP a promis de mettre sur pied. Ce serait l’emploi idéal. Un bon salaire et toute la marge de manœuvre nécessaire pour parler d’indépendance et faire avancer les travaux pour documenter l’option comme l’ont fait les nationalistes écossais.
Québecor en campagne pour Harper?
Dans un autre ordre d’idée, il est intéressant de voir l’ancien premier ministre conservateur Brian Mulroney se lancer dans la campagne électorale fédérale en appui à Stephen Harper.
Hier, il assistait au lancement de la campagne du candidat conservateur dans Lac-Saint-Louis. Mulroney est venu appuyer le candidat Éric Girard, un ancien haut dirigeant de la Banque Nationale, une banque associée depuis longtemps Québecor. La semaine dernière, il faisait publier dans La Presse un texte en appui au projet de pipeline d’Énergie Est, un projet chouchou du gouvernement Harper.
M. Mulroney s’était montré par le passé très critique à l’endroit du gouvernement Harper, particulièrement à l’égard de sa politique étrangère.
Comment expliquer un tel revirement?
Brian Mulroney est président du Conseil de Québecor et sa filiale Vidéotron a bénéficié des faveurs du gouvernement Harper au cours des dernières années.
Vidéotron peut concurrencer les Trois Grands de la téléphonie que sont Bell, Telus et Rogers – qui contrôlent plus de 90% du marché au Canada – parce que le gouvernement Harper a décidé d’accorder un traitement de faveur à des petits joueurs comme Videotron dans l’octroi du spectre.
Dans les dernières enchères pour le spectre, Vidéotron a payé 11 cents le mégahertz, alors que le prix pour les Trois Grands était d’environ 3 $ le mégahertz. Bell a calculé que cela équivalait à une subvention d’environ 857$ millions à Vidéotron.
Au cours des dernières années, Vidéotron a acheté du spectre à Toronto, Calgary et Vancouver. Mais pour se développer au Canada anglais, Vidéotron et les autres petits joueurs comme Wind Mobile doivent pouvoir utiliser les tours de diffusion des Trois Grands avec des frais d’itinérance à prix compétitifs.
Le CRTC vient de se rendre à leurs désirs, mais le prix ne sera fixé… qu’après l’élection fédérale!
De toute évidence, Québecor et ses futurs partenaires au Canada anglais ont tout intérêt à une victoire du Parti conservateur de Stephen Harper, car il est loin d’être assuré qu’ils bénéficieraient d’un pareil traitement de faveur des Libéraux de Justin Trudeau ou du NPD de Thomas Mulcair.
La santé financière de Vidéotron est cruciale pour Québecor, après les échecs de Quebecor World, Sun Media, Sun News, l’absence de rentabilité de TVA, du Réseau des Sports, l’échec des hebdos régionaux, etc.
Cela explique sans doute pourquoi Brian Mulroney se jette dans la campagne électorale fédérale en souhaitant un gouvernement majoritaire conservateur.
Évidemment, il sera aussi très intéressant de suivre les positions de l’actionnaire de contrôle de Québecor, Pierre Karl Péladeau, dans la campagne électorale et aussi à l’égard du projet Énergie Est.
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