Promis, juré : les ministres des finances du G7 (Etats-Unis, Canada, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie), réunis a Dresde (Saxe) n’ont pas parlé de la Grèce jeudi 28 mai, lors de leur première journée de travail. Selon les Allemands, qui président la réunion, le sujet pourra être évoqué au cours de la réunion finale, vendredi matin, si un pays en fait la demande, au même titre que l’Ukraine ou l’aide au Népal.
Pourtant, outre les sept ministres et leurs banquiers centraux, Christine Lagarde (Fonds monétaire international), Mario Draghi (Banque centrale européenne, BCE), Pierre Moscovici (Commission européenne) et Jens Dijsselbloem (Eurogroupe) sont à Dresde. Mais Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand, tenait à ce que ce G7 soit l’occasion d’échanges informels sur la croissance mondiale. Il n’y aura d’ailleurs pas de communiqué final. Une façon implicite de reconnaître que le G7, en l’absence notamment de la Chine, ne regroupe plus – loin de là – les « maîtres du monde ».
« Tour d’horizon » sur la croissance
De plus, avoir l’air de vouloir trancher le sort de la Grèce sans représentant du pays concerné, pourrait avoir un effet dévastateur. L’Allemagne a donc innové en invitant sept économistes (Alberto Alesina, Nouriel Roubini, Jaime Caruana, Robert Schiller, Martin Hellwig, Larry Summers, Kenneth Rogoff) à débattre des grands sujets de l’heure avec les ministres : la croissance et la régulation de la finance. « Une discussion très intéressante mais pas forcément très productive », selon un participant. Sans surprise, les débats ont tourné sur la relation controversée qu’entretiennent dette et croissance, et sur la nécessité – ou non – de réguler davantage la finance, au risque, selon certains participants, de brider la croissance.
Dans l’après-midi, Christine Lagarde et Mario Draghi ont fait un « tour d’horizon » sur la croissance. Si la situation s’améliore notamment en Europe, la directrice générale du FMI semble s’être interrogée sur la pérennité de celle-ci lorsque le prix des matières premières et les taux d’intérêt repartiront à la hausse. Mario Draghi, qui a confirmé que l’actuelle politique de la BCE (dite de « quantitative easing ») irait à son terme, a estimé que c’est maintenant que la situation s’améliore que les réformes structurelles devaient être mises en œuvre pour prendre le relais de la politique monétaire.
La sortie d’Athènes de la zone euro, une « possibilité »
Un point de vue partagé par l’ensemble des participants, notamment par Pierre Moscovici. Le commissaire européen juge que c’est en ce moment que les pays européens doivent réformer leur marché du travail, consolider leur système financier et moderniser leur protection sociale. Pour plusieurs participants, l’absence de réformes constitue le principal risque qui pèse sur la croissance. « Le seul danger est de se laisser griser par les bons chiffres » de la conjoncture, affirme un ministre.
Si la Grèce n’a pas été abordée durant les sessions, Christine Lagarde a pour la première fois jugé, lors d’une discussion avec la Frankfurter Allgemeine Zeitung que la sortie d’Athènes de la zone euro était « une possibilité ». Les Européens reconnaissent que les Etats-Unis suivent de très près le dossier, redoutant une nouvelle crise en Europe qui, sur le plan géostratégique, ne pourrait que profiter à Vladimir Poutine.
« Tout le monde doit mettre les bouchées doubles (…), et trouver une solution », a plaidé mercredi le secrétaire au Trésor américain, Jack Lew. A Washington, le FMI a fait savoir que la Grèce, qui attend le déblocage de 7,2 milliards d’euros de fonds en échange d’engagements de réformes, serait privée d’accès à ses fonds si elle n’honorait pas ses prochains remboursements. Elle doit procéder le 5 juin à un paiement au FMI, que certains ministres grecs ont menacé de ne pas effectuer. Le sujet sera sans doute également abordé en marge du G7 des chefs d’Etat et de gouvernement qui se réunit les 7 et 8 juin en Bavière.
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