À la lumière des deux articles parus sur cette tribune signés par Luc Bertrand et Gilles Paquin en date du 10 décembre et du 12 décembre, je ne peux qu’en ressortir avec des points d’interrogation qui demeurent encore sans réponse, tant l’argumentaire de chacun comporte son lot d’assertions qui méritent notre attention.
En guise d’introduction, situons le débat : d’un côté, ceux que l’on qualifie de « purs et durs » et de l’autre, les partisans de la « gouvernance souverainiste » du PQ-Marois.
« En contrepartie [à la gouvernance souverainiste], en appuyant un parti ouvertement et exclusivement indépendantiste, on contribue à ramener l’indépendance au cœur du débat politique, on envoie un message de désaveu au carriérisme et à l’électoralisme du PQ et on encourage tous ceux qui envisagent de changer vraiment les choses de faire de la politique et à bâtir une nouvelle force politique capable d’entraîner le peuple à sa suite. »
http://www.vigile.net/Repenser-le-combat-pour-l
« Avec l’arrivée de Pauline Marois à la tête du Parti québécois et l’adoption de sa politique de gouvernance souverainiste, le PQ a cessé de faire de la stratégie sur la place publique…Doit-il aussi expliquer encore et toujours pourquoi nous devons faire le pays ? Certainement. Il doit convaincre les Québécois de renoncer à ce système de nature coloniale. Nous mener vers la liberté. Serions-nous plus en mesure d’y arriver en étant tous réunis dans une grande coalition indépendantiste ? Poser la question c’est y répondre. »
http://www.vigile.net/Lettre-ouverte-aux
À priori, il ne fait aucun doute que l’arrivée du Parti québécois sur la scène politique québécoise a suscité un engouement sans précédent pour la cause souverainiste du Québec. Je crois qu’à ce sujet, tous les souverainistes se rallieront.
Par ailleurs, malgré les piétinements auxquels la cause a été victime, que ce soit l’étapisme ou les conditions gagnantes, on peut dire que la souveraineté, sous l’égide du PQ, a pu maintenir son souffle jusqu’au référendum de 1995 où là, plusieurs partisans, particulièrement parmi ceux qui militaient depuis les débuts du PQ, ont vécu une déception amère et, comme je l’ai fait à l’époque, se sont retirés dans leur mutisme.
Plus récemment, de nouveaux partis, tels QS et ON, sont nés du désir profond de plusieurs militants de relancer le débat sur la souveraineté, sclérosé dans le « carriérisme et l’électoralisme » qui transpiraient des politiques du gouvernement du PQ depuis ses derniers mandats.
À mon point de vue, la « gouvernance souverainiste » incarne une démarche de « petits pas » que les « purs et durs » ont peine à accepter. Toutefois, le gouvernement actuel, principalement depuis le débat mobilisateur engendré par la charte des valeurs et, tout récemment le dépôt du projet de loi sur les mines, semble recréer une mobilisation autour de l’option souverainiste qui a vu sa popularité grimper au-dessus des 40 % lors des derniers sondages.
Néanmoins, je considère encore pertinent l’existence de tiers partis, en particulier Option nationale, tout au moins pour entretenir la flamme nationaliste et pousser le parti au pouvoir à mettre davantage le focus sur l’indépendance du Québec. C’est là, à mon sens, un rôle capital.
En conséquence, je ne peux que me rallier à la question de Gilles Paquin : « Serions-nous plus en mesure d’y arriver en étant tous réunis dans une grande coalition indépendantiste ? Poser la question c’est y répondre. » Et j’ajouterais que le PQ doit en manifester l’ouverture et faire mentir le dicton dévastateur qui lui colle à la peau « Hors du PQ, point de salut »!
Réaction aux articles de Luc Bertrand et de Gilles Paquin
Au cœur du débat
Tribune libre
Henri Marineau2095 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
15 décembre 2013La charte des valeurs est un bon pas pour ramener au Parti Québécois des souverainistes. Mais à mon avis, il en faudra beaucoup plus pour rassurer plusieurs "purs et durs" sur la volonté réelle de certains dirigeants du PQ d'en faire un parti résolument indépendantiste capable d'assurer la survie et l'épanouissement du fait français en Amérique du Nord.
Si le Parti Québécois ne veut pas s'engager dans la tenue d'un référendum advenant l'élection d'un gouvernement majoritaire (question de stratégie), il pourrait néanmoins s'engager à faire des actions significatives pour éviter que notre communauté devienne trop minoritaire; si l'on devient trop minoritaire, notamment à Montréal, l'accès à l'indépendance deviendra presqu'impossible et l'intégration des allophones sera plus difficile. Par exemple, le Parti Québécois pourrait:
-Diminuer à 35,000 par année le nombre d'immigrants(au prorata de la population des pays, ce nombre serait encore supérieur au nombre d'immigrants autorisés aux États-Unis et en France).
-Avoir une généreuse politique nataliste.
-Étendre aux CEGEPS les dispositifs de la 1oi 101 d'accès à
l'école anglaise.
-Rééquilibrer progressivement, en faveur des francophones les subventions gouvernementales aux universités(en ce moment les universités anglophones reçoivent près de 30%
des subventions alors que la communauté anglophone représente moins de 10% de la population du Québec). Cet équilibre progressif devrait être accompagné d'une politique d'augmentation du nombre d'étudiants dans les universités francophones.
- S'engager à faire adopter une constitution du Québec advenant un gouvernement majoritaire.
Archives de Vigile Répondre
15 décembre 2013@M. Pomerleau
"La réalité, c’est que les portes paroles de QS savaient qu’il n’y avait aucune chance que les instances du parti acceptent un tel pacte avec le PQ. Ce qu’a confirmé la résolution du dernier congrès à cet effet."
Pourtant QS a accepté un pacte avec ON.
La vérité est aussi que le PQ n'a soumis aucune proposition, sauf celle de se faire hara-kiri.
Ce n'est pas un reproche. C'est une constatation. Quand le PQ a décidé d'adopter une telle stratégie, cela était sans doute totalement fondé. Si cela n'a pas fonctionné comme ils s'y attendaient, il faut l'assumer, et cesser d'en imputer la faute aux autres.
Jean-Claude Pomerleau Répondre
14 décembre 2013M Gaston Carmichael,
Le mythe que le Parti Québécois fut le mauvais coucheur de ce pacte mort née entre les partis souverainistes a la vie dur.
La réalité, c'est que les portes paroles de QS savaient qu'il n'y avait aucune chance que les instances du parti acceptent un tel pacte avec le PQ. Ce qu'a confirmé la résolution du dernier congrès à cet effet.
Québec Solidaire est une fraude politique, et si ON veut se donner le moindrement de crédibilité, ses dirigeants doivent lancer un appel pour sortir les souverainistes de ce parti qui est contrôlé par des fédéraliste antinationalistes.
Mon argumentaire lors de la dernière campagne électorale :
http://www.vigile.net/L-enfumage-de-Quebec-solidaire
http://www.vigile.net/Vote-strategique-ou-idiot-utile
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
14 décembre 2013Je reprend où vous avez laissé, M. Marineau, avec cette citation ce M. Gilles Paquin : « Serions-nous plus en mesure d’y arriver en étant tous réunis dans une grande coalition indépendantiste ? Poser la question c’est y répondre. » Et j’ajouterais que le PQ doit en manifester l’ouverture et faire mentir le dicton dévastateur qui lui colle à la peau « Hors du PQ, point de salut » !
Est-il nécessaire de rappeler, que lors de l’élection de 2012, de nombreux appels ont été lancé pour que le PQ négocie une coalition avec QS et ON. Malheureusement, le PQ jugeait alors qu’il n’avait nullement besoin de négocier quoi que ce soit avec ces tiers-partis, et qu’il était parfaitement capable de se gagner un gouvernement majoritaire sans eux.
La stratégie du PQ ne se borna donc qu’à inviter ces tiers-partis à se faire hara-kiri. Nul doute que plusieurs ont répondus à l’appel, mais il s’avéra que cela ne fut pas suffisant. Les « purs et durs » n’ont pas fait mentir leur réputation de « purs et durs », justement. La stratégie du PQ de refuser toute négociation d’une coalition leur a donc coûté la majorité.
En prévision des prochaines élections, les fidèles du PQ reprennent en chœur l’invitation à QS et ON de faire l’ultime sacrifice. Apparemment, on n’a tiré aucune leçon de l’élection de 2012. Quand on répète les mêmes actions, généralement, on obtient les mêmes résultats.
Archives de Vigile Répondre
14 décembre 2013Je crois M. Marineau que vous avez une très mauvaise compréhension de la réussite. Regardez comment réussissent les fédéralistes, ils se tiennent tissés serrés et la division dans les rangs est inexistante. Quand l'indépendance sera faite les petits partis qui se formeront iront tous dans le même sens. Mais en attendant unissons nos forces et cessez de vous tirer le pied entre vous.
Je dirais que si vous continuez de tirer sur le PQ, ce n'est pas à votre avantage car je vous vois plus comme un agent d'infiltration fédéraliste qu'un défendeur de l'indépendance. On ne méprise pas continuellement notre propre parti sans conséquence et en pensant que ça pourrait faire avancer la cause. 1+1 = 2. C'est simple pourtant.
Le meilleur moyen de convaincre le PQ c'est de le respecter et travailler avec.