L’Arabie Saoudite vient de publier une liste d’une cinquantaine de prénoms qui sont désormais interdits dans le pays, jugés « incompatibles avec la culture ou la religion du royaume ».
La justification du département des affaires civiles ? Ces prénoms sont prohibés parce qu’ils s’opposent non seulement à la culture (ce qui pourrait à la limite se comprendre), mais aussi aux traditions religieuses, parce qu’ils sont blasphématoires, d’origine étrangère, non arabes ou non islamiques, ou simplement « inappropriés ».
« Non-islamiques » …
Cette décision est tout sauf étonnante. L’Arabie Saoudite est un Etat islamique dans lequel aucune pratique religieuse non musulmane n’est autorisée en public, et reste risquée en privé. Importer ou imprimer tout livre religieux non-musulman est interdit. Par ailleurs les chrétiens n’ont pas accès à certains lieux comme La Mecque ou Médine… Or certains prénoms chrétiens peuvent être considérés « occidentaux »…
Les chiites, également persécutés, sont visés par cette liste de prénoms. Certains, comme Abdoul Nabi (esclave du prophète) et Abdoul Hussein (serviteur d’Hussein) sont désormais interdits. Justification ? On ne peut être l’esclave que de Dieu.
Abdoul Nasser pourrait faire référence à l’ancien président égyptien : interdit. Benyamin, évoquer le prénom du Premier ministre israélien : interdit. Les prénoms rappelant la royauté sont proscrits, ceux des anges également… Des prénoms pourtant inscrits dans le Coran.
Une nouvelle interdiction, qui s’ajoute aux vexations et persécutions quotidiennes perpétrées au nom de l’islam sunnite. Et visent des minorités pourtant largement légitimes sur ces terres.
L’Arabie Saoudite est maître chez elle, certes. Mais on ne peut à la fois critiquer ces pratiques et continuer à dire que l’islam ne pose aucun problème politique en France. Le calvaire des chrétiens, et de toutes les autres minorités, dans la région découle principalement du refus catégorique des musulmans de séparer les questions politiques et religieuses.
Il y a quelques années, celui qui allait devenir le patriarche du Liban, Monseigneur Béchara Raï, affirmait « il nous faut absolument une vraie laïcité au Moyen-Orient, celle qui sépare les affaires politiques des affaires religieuses sans tomber dans le piège de la laïcité occidentale qui a choisi de séparer l’Homme de Dieu… »
Cette interdiction de prénoms continue à montrer que l’Arabie Saoudite est tout sauf un pays ouvert et chaleureux… et continue à prouver qu’il est insupportable d’entendre nos élites déclarer d’une seule voie avec ce royaume liberticide que la Syrie – par exemple – serait un pays trop peu démocratique : En Syrie, pour rappel, les chrétiens vivaient, les cloches sonnaient et la culture chrétienne perdurait malgré tout…
A sa tête, un alaouite, musulman donc, mais minoritaire…
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