Apprendre une langue

Pauline Marois s'est aventurée sur un terrain bien délicat quand elle a fait la leçon à Saku Koivu, elle qui n'a jamais trouvé le moyen d'apprendre à s'exprimer couramment en anglais.

Les basses oeuvres...


Pauline Marois s'est aventurée sur un terrain bien délicat quand elle a fait la leçon à Saku Koivu, elle qui n'a jamais trouvé le moyen d'apprendre à s'exprimer couramment en anglais.

Le Finlandais, à son arrivée au Québec, devait en priorité apprendre l'anglais parce que les joueurs de hockey sont appelés à travailler partout en Amérique du Nord. Or, il est difficile à un adulte d'apprendre deux langues simultanément.
Mme Marois, par contre, n'avait qu'une langue seconde à apprendre. Contrairement à M. Koivu, qui pratique un métier où la parole est secondaire, Mme Marois oeuvre en politique depuis plus de 25 ans. Qui plus est, elle veut depuis longtemps devenir premier ministre.
Dans une société qui compte quelque 15% de non-francophones, le premier ministre devrait pourtant communiquer en anglais au moins aussi bien que les premiers ministres du Canada, de l'Ontario et du Nouveau- Brunswick le font en français.
D'ailleurs, tous les prédécesseurs de Mme Marois à la tête du PQ étaient bilingues. Lévesque, Johnson et Parizeau parlaient anglais parfaitement, Landry le parlait correctement, et même Lucien Bouchard, qui l'a appris passé la quarantaine, se débrouillait fort bien en anglais. André Boisclair parlait anglais couramment même s'il s'y refusait dans les moments de tension. On pourrait ajouter que les premiers leaders indépendantistes, les D'Allemagne et les Bourgault, parlaient anglais à la perfection.
En fait, la connaissance «appropriée» de l'anglais est encore plus nécessaire aux leaders souverainistes qu'aux fédéralistes. Si jamais Mme Marois, devenue première ministre, gagnait un référendum, son premier devoir serait de rassurer ses compatriotes anglophones, d'entamer des négociations avec le Canada anglais et d'entrer en contact avec des chefs d'État étrangers dont la majorité communiquent entre eux dans la langue internationale qu'est l'anglais.
Mme Marois peut lire des phrases en anglais dans un discours écrit, et répondre sommairement à des questions simples, mais ne pourrait pas s'engager dans une conversation le moindrement compliquée.
La chef péquiste a pourtant longtemps travaillé dans l'Outaouais, une région où l'anglais est fort présent. Il est possible qu'elle ait souffert d'un blocage psychologique (c'est assez courant chez certains nationalistes). Mais si tel était le cas, il n'y a pas de blocage que des efforts soutenus ne peuvent résoudre. En outre, Mme Marois avait les moyens de s'offrir des cours privés à domicile.
Les libéraux aussi ont leurs failles. La vice-première ministre, Nathalie Normandeau, est incapable de répondre aux questions en anglais. Pourtant, elle représente Bonaventure, une circonscription qui compte une bonne minorité anglophone. Si M. Charest devait s'absenter, le Québec serait représenté par une unilingue incapable de prendre un appel en provenance de Toronto.
L'unilinguisme ne pose aucun problème si l'on est pâtissier, romancier, commerçant à Pointe-aux-Trembles ou infirmière à Chicoutimi. Il en va tout autrement quand on prétend représenter la population québécoise aux plus haut niveau.
Il faut avoir soi-même appris une langue seconde pour savoir que la chose est difficile, et davantage pour certains que pour d'autres. Il y a en effet des gens qui sont naturellement doués pour les langues et d'autres qui ne le sont pas.
L'apprentissage sera évidemment plus ardu à l'âge adulte (les enfants «attrapent» les langues et les accents comme la rougeole ou les oreillons!). Ce sera plus difficile si l'on vient de Québec plutôt que de Beaconsfield. Et ce sera particulièrement facile pour ceux qui ont une oreille musicale.
Comment se fait-il que Stéphane Dion, un homme studieux qui travaille à Ottawa depuis 12 ans, et qui lit et comprend certainement l'anglais à la perfection, le parle encore de manière si laborieuse? Comment se fait-il que Robert Bourassa, malgré tous les contacts qu'il a eus avec l'anglais, n'ait jamais réussi à prononcer correctement le mot «development», un mot si courant dans la bouche d'un politicien? Il mettait toujours l'accent sur la première syllabe plutôt que sur la seconde.
On peut maîtriser la syntaxe sans jamais acquérir le bon débit et les bonnes intonations. Ou alors avoir un accent impeccable parce qu'on a de l'oreille, mais être incapable de faire une phrase complète. Souvent, le problème vient de la timidité, de la peur du ridicule...
En fait, seule une forte motivation personnelle peut aider un adulte à affronter le défi d'une langue étrangère. Il faut croire que, malgré ses ambitions politiques et ses indéniables qualités intellectuelles, Mme Marois n'a jamais trouvé important de maîtriser l'anglais.
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