M. Jean-François Lisée passe à côté du sujet. Ce qui a suscité la réprobation générale, non pas seulement au Canada anglais mais au Québec même, concernant ce projet de loi dont il est l'architecte, n'est pas l'exigence linguistique mais le fait qu'il entraînerait la constitution de deux classes de citoyens dont l'une se verrait privée de ses droits politiques (on parle ici de gens qui seraient déjà citoyens canadiens, non pas d'aspirants à la citoyenneté comme dans le cas britannique cité par M. Lisée).
C'est pourquoi la majorité des juristes québécois, y compris des juristes souverainistes, se sont publiquement élevés contre ce projet de loi qu'ils considèrent inconstitutionnel et discriminatoire. Même les alliés traditionnels du PQ que sont les leaders syndicaux l'ont condamné, et un bon nombre de péquistes s'en dissocient, dont l'ancien ministre Joseph Facal qui est l'un des conseillers de Mme Marois.
Par ailleurs, je n'ai évidemment pas «apparenté», ni de près ni de loin, l'exigence linguistique à une pratique nazie. Il faudrait avoir perdu la tête pour dire cela sérieusement! Tous les lecteurs le moindrement perspicaces ont compris que ma chronique était une parodie - l'équivalent d'une caricature. La parodie est un procédé littéraire courant, qui consiste à grossir exagérément les traits et à traiter un sujet par l'absurde. M. Lisée l'utilise d'ailleurs lui-même dans l'avant-dernier paragraphe de sa lettre.
En suggérant ironiquement que les citoyens recalés aux tests linguistiques devraient porter une feuille d'érable cousue sur le manteau, je voulais pousser la démonstration par l'absurde.
On peut trouver que la remarque était superflue, ou de mauvais goût, ou que j'aurais plutôt dû, par exemple, parler d'une feuille d'érable collée sur le front, mais aucun lecteur de bonne foi ne pouvait voir dans ma remarque une analogie littérale.
Je m'étonne enfin que M. Lisée m'associe à Mordecai Richler, lui qui sait fort bien que j'ai été à l'époque parmi les journalistes qui ont dénoncé avec le plus de véhémence les écrits de M. Richler sur le Québec, et ce, dans le Globe and Mail aussi bien que dans La Presse.
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