L’ex-éditorialiste en chef de La Presse André Pratte a annoncé en pleine soirée électorale qu’il démissionnait du Sénat, affirmant qu’il n’a plus la motivation nécessaire.
«Il peut venir un temps où l’on constate que l’on n’a plus les aptitudes et la motivation nécessaires pour accomplir la tâche qu’on nous a confiée. Après trois ans et demi au Sénat du Canada, telle est la conclusion à laquelle j’en arrive», a écrit l’ancien journaliste dans une lettre qu’il a fait parvenir le 10 octobre dernier à la gouverneure générale, Julie Payette.
André Pratte a toutefois attendu la fermeture des bureaux de vote à 21h30 avant d’annoncer publiquement son départ, effectif dès maintenant, disant ne pas vouloir constituer une «distraction» aux élections.
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«Ma démission n’a tout simplement rien à voir avec la campagne qui s’achève», a-t-il soutenu.
Dans sa lettre, il s’est excusé auprès de Justin Trudeau de «trahir» sa confiance, lui qui l’avait nommé au début de son premier mandat.
«Je tromperais davantage cette confiance si je persistais dans une tâche que je ne peux accomplir au niveau d’excellence attendu», a ajouté M. Pratte.
En démissionnant à l’âge de 62 ans, le sénateur met une croix sur un salaire annuel de 150 000$ qui lui aurait été versé jusqu’à ce qu’il atteigne 75 ans.
Situation de conflit d’intérêts
Le passage au Sénat d’André Pratte a été mouvementé. En avril dernier, le conseiller en éthique du Sénat avait estimé qu’il s’était placé en situation d’apparence de conflit d’intérêts en utilisant son bureau de Power Corporation dans ses fonctions politiques.
C’est M. Pratte lui-même qui avait demandé une enquête sur sa situation, après que notre Bureau d’enquête eut révélé qu’il avait reçu 13 fois des invités dans son bureau de la multinationale Power Corporation du Canada (PCC) à titre de sénateur.
«Je m’excuse auprès des personnes qui avaient placé leur confiance en moi et en mon intégrité, notamment mes collègues du Sénat, [et] d’avoir, par mon imprudence, trahi cette confiance», nous avait-il alors écrit.
De 2016 à 2018, M. Pratte a été conseiller pour le PCC en même temps qu’il était sénateur.
- Avec Sarah-Maude Lefebvre, Bureau d’enquête