Au moins un missile iranien possiblement lancé par erreur aurait atteint le Boeing ukrainien qui s’est écrasé mardi soir, entraînant la mort de 176 personnes, dont 63 Canadiens.
« Nous avons des renseignements provenant de différentes sources, notamment de nos services de renseignement et ceux de nos alliés [qui] indiquent que l’avion aurait été abattu par un missile surface-air iranien. Il est possible que cela ait été fait involontairement », a affirmé jeudi le premier ministre Justin Trudeau, réitérant la « nécessité d’une enquête approfondie ».
Une vidéo publiée par le New York Times montre le moment fatidique où un missile iranien a frappé de plein fouet le vol PS 752 d’Ukraine International Airlines, tout juste après son décollage de l’aéroport de Téhéran (voir ci-dessous).
Or, la tragédie est survenue alors que la tension entre les États-Unis et l’Iran était à son comble. Quelques heures plus tôt, des bases en Irak où se trouvent des militaires américains avaient été bombardées par les Iraniens.
Alors que l’Iran se trouvait en état d’alerte par peur de représailles du président Trump, un satellite appartenant aux États-Unis a détecté le lancement de deux missiles SA-15 provenant du système de défense iranien, ont rapporté plusieurs médias américains citant des sources au fait de la situation.
« Un choc supplémentaire »
Le premier ministre canadien a reconnu que ces nouvelles informations seraient reçues comme « un choc supplémentaire » pour les familles des victimes de la tragédie, alors que 63 Canadiens ont péri.
« De savoir qu’il y a peut-être eu cet élément d’attaque derrière la tragédie doit être encore plus difficile pour eux », a-t-il laissé tomber.
« C’est affreux qu’un gouvernement fasse des choses semblables aux gens qui sont des innocents, qui étaient allés en Iran pendant leurs vacances pour voir leurs familles ou se marier. C’est inhumain. On voit le vrai visage du gouvernement islamique », a réagi Elahé Machouf, de l’Association des femmes iraniennes de Montréal, qui connaissait personnellement l’une des victimes, Niloufar Sadr.
De leur côté, plusieurs amis de victimes contactés par Le Journal ont préféré ne pas commenter, se disant encore incertains des informations qui circulaient hier. L’Iran a nié vigoureusement la thèse voulant qu’un de ses missiles ait abattu l’appareil. Dans un communiqué, son organisation de l’aviation civile a qualifié ces informations de « rumeurs » qui ne sont pas plausibles sur le plan « scientifique ».
Finalement invité par l’Iran à prendre part à l’enquête, le Bureau de la sécurité des transports (BST) du Canada va dépêcher une équipe sur place pour aider à faire la lumière sur la tragédie.
– Avec la collaboration de Christopher Nardi, Dominique Scali et Émilie Bergeron
Boris Johnson évoque un « ensemble d’informations » sur un missile iranien
Le premier ministre britannique Boris Johnson a affirmé disposer d’un « ensemble d’informations » selon lesquelles le Boeing 737 ukrainien qui s’est écrasé mercredi près de Téhéran a été « abattu par un missile sol-air iranien ».
« Il y a maintenant un ensemble d’informations », selon lesquelles l’avion « a été abattu par un missile sol-air iranien », « cela pourrait bien avoir été accidentel », a-t-il déclaré dans un communiqué publié peu après une annonce du président canadien Justin Trudeau dans ce sens.
Boris Johnson a réitéré son appel à toutes des parties à une urgente « désescalade pour réduire les tensions dans la région ».
Le premier ministre britannique a précisé que quatre Britanniques figuraient parmi les 176 personnes qui ont été tuées dans l’écrasement. Les autorités britanniques mentionnaient jusqu’alors le chiffre de trois victimes.
« Nous travaillons étroitement avec le Canada et nos partenaires internationaux, il est maintenant nécessaire qu’il y ait une enquête complète et indépendante », a-t-il ajouté.
Le premier ministre britannique a également appelé à un rapatriement « immédiat et respectueux » des corps des victimes.
- AFP
L’Iran appelle Ottawa à partager ses informations
L’Iran a parlé jeudi de « mises en scène douteuses » après des déclarations notamment du Canada sur un possible tir de missile iranien contre l’avion ukrainien qui s’est écrasé la veille près de Téhéran.
Appelant le Canada à « partager » ses informations avec la commission d’enquête iranienne, après qu’Ottawa a affirmé que l’appareil de la compagnie Ukraine Airlines International avait été abattu par un missile iranien, le ministère des Affaires étrangères iranien a invité Boeing, le constructeur de l’aéronef, à « participer » à l’enquête.
Dans un communiqué publié en « réaction à certaines mises en scène douteuses », le ministère indique que « la République islamique d’Iran a commencé son enquête afin de trouver la cause de la chute de cet avion en accord avec les normes internationales et les réglementations » de l’aviation civile internationale.
L’Iran, ajoute le ministère « a invité l’Ukraine en tant que le propriétaire de l’appareil, et Boeing en tant que fabricant de l’avion à participer à cette enquête ».
Téhéran indique être prêt à associer à l’enquête des experts de tous les pays ayant perdu des ressortissants dans la catastrophe.
- AFP