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André Pitre - Québecor censure Alexandre Cormier-Denis

L'empire du politiquement correct québécois

Censure des médias


Alexandre Cormier-Denis est un orateur éloquent et solide. Il milite pour la souveraineté du Québec et pour des valeurs traditionnelles. Il a été invité à l'émission de Jonathan Trudeau pour discuter de sa position dans le dossier d'un restaurant qui offre des accomodements déraisonnables. Après s'être fait "bitch-slapper" pendant 20 minutes, M. Trudeau a décidé de mettre fin à l'entrevue en s'octroyant une position morale supérieure. Cette entrevue à QUB Radio ET l'article du Journal de Québec ont été retirés de leurs plateformes respectives.


 


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1 commentaire

  • Éric F. Bouchard Répondre

    16 février 2020

    Trop souvent nos  échanges s’interrompent au moment où ils deviennent intéressants. Cela survient généralement lorsque l’on se butte à la réalité fausse qui est la nôtre.


    Mais comme de juste, cette réalité-là vous rattrape encore, cette fois en la personne de Jonathan Trudeau. Profitons-en donc pour poursuivre.


    À votre habitude, vous vous plaignez d’être victime de censure comme si, en soi, c’était un enjeu. Ce peut être dommage de vous voir privé de plus vastes auditoires, mais le dramatique de l’affaire reste que cette censure frappe systématiquement tous les nationalistes identitaires depuis l’établissement de la québécitude. Cela fait 50 ans maintenant que nous n’avons plus voix au chapitre : ne serait-il pas temps de réfléchir au moyen de changer la donne?


    À plusieurs, nous proposons de réhabiliter la nationalité canadienne-française, l’identité dont la défense a inspiré et nourri les progrès de la Nation durant deux cents ans, depuis 1763 jusqu’aux États généraux. Ce nationalisme séculaire a permis aux Canadiens-Français d’étendre peu à peu leurs droits nationaux au point d’affirmer solennellement, en 1967, prendre plein contrôle du Québec en tant que leur État national.


    Or, pour les progressistes d’alors, fédéralistes ou néo-nationalistes, un État canadien-français constituait une véritable abomination. Il leur fallut donc d’une part, nous réduire à l’état de francophones, et d’autre part, pousser de l’avant la fiction d’un « peuple québécois » comprenant  les Canadians du Québec et caractérisé par une modernité sociétale sans cesse à reconstruire. C’est à cela que vous vous heurtez : une fiction idéologique dont on peut se libérer en redevenant Canadiens-Français.


    Mais vous me dites : on ne peut plus se dire Canadiens-Français car ce serait jugé raciste. Oui peut-être, et alors? Si on admet une telle énormité, cela signifie que du simple fait d’avoir existé nous aurions été collectivement coupables de racisme, et ce, depuis les débuts du Canada jusqu’au tournant des années 1970. Est-ce sérieux? Non. C’est ridicule. Et sachant notre ouverture pour intégrer les étrangers aux cours des siècles, ce l’est plus encore. Une telle assertion relève de la discrimination, crime qui peut être porté devant les tribunaux, et si d’aventure, cette discrimination se devait d’être relayée par l’État québécois et/ou canadien, elle pourrait relever de la Cour internationale de justice. Personne ne peut nous empêcher de nous replacer en filiation avec nos ancêtres. En revanche, faire mine, comme le font trop souvent les « identitaires québécois de souche majoritaire historique », d’établir diverses gradations de Québécois selon leur culture ou leur langue, pose vraiment problème, à la fois éthique et légal.


    Ce n’est qu’en se disant Canadiens-Français qu’on peut se sortir de ce guêpier.


    Mais vous me dites : on ne peut se dire Canadiens-Français car on concèderait alors en partie le Québec, tombant ainsi  -oh, horreur- dans le multiculturalisme. Mais pourquoi donc? Le Québec, cet État colonial, fut créé pour circonscrire la nation canadienne-française dont l’existence politique n’aura vraiment été remise en question que par les cité-libristes fédéralistes ou les néo-nationalistes québécois. Pourquoi alors les Canadiens-Français ne pourraient-ils pas réclamer le Québec à nouveau ou, plus exactement, y réclamer l’exercice de libertés et l’application de législations qui assureraient leur avenir national? Vous savez, une loi 21 qui aurait limité le prosélytisme religieux afin d’assurer un espace public respectueux de la nationalité canadienne-française aurait fait beaucoup plus, et aurait eu plus de légitimité, qu’une loi basée sur la volonté d’une « nation québécoise » soi-disant caractérisée par « un parcours historique spécifique l’ayant amenée à développer un attachement particulier à la laïcité de l’État », dixit notre cher législateur qui devient toujours plus précis sur ce qu’il retient de notre histoire.


    Ce n’est qu’en se disant Canadiens-Français qu’on pourra obtenir un État qui nous reconnaisse et nous respecte pour ce que nous sommes. Et c’est cela avoir une existence politique!


    Si on saisissait que ce qui est en jeu, ce n’est pas l’existence d’un peuple québécois qui ne cesse de se diversifier et de s’angliciser, qui s’en porte si bien qu’il s’enfle depuis 50 ans, mais bien celle de la nation canadienne-française qui est en train de s’éteindre sous les coups du post-nationalisme québécois et canadian, on comprendrait alors qu’il n’en tient qu’à nous d’inverser le fardeau de la culpabilité.


    Car une déculturation telle que la nôtre, croyez-vous cela normal? A-t-on vu d’autres nations laissées ainsi aux mains d’idéologues et de serviteurs du capital néocolonial, être conditionnées dans l’obsession de l’autre et de la diversité au point d’être totalement dévitalisées. Regardez-vous autour de vous parfois? On ne tient qu’à raison d’expédients et de médicaments. Le pire, c’est qu’en se gargarisant du nom de « Québécois », nous nous condamnons à en être fiers à jamais! Comprenez-vous que reconnus « Canadiens-Français » à nouveau nous pourrions enfin admettre la pauvreté de notre réalité nationale et chercher à remédier à cette infamie.


    Nous déclinons parce que nous ne sommes plus en mesure de transmettre notre patrimoine identitaire. Il n’y a plus de trame, plus de récit national propre aux Canadiens-Français, plus de culture canadienne-française. Il y a quelque chose d’autre, de nature diversitaire, et qui ne cesse de se réécrire, de se réinventer. Par idéologie pure, le Canada et le Québec ont sciemment rompu notre continuité identitaire. De fait, ils ont détruit notre conscience de nous-mêmes, et conséquemment, notre estime de soi. Quelles qu’aient été les motivations des uns ou des autres, un tel dessein était et demeure injustifiable.


    Car, de 1534 à 1970, il y a eu une continuité, une unité de conscience, un sentiment national qui nous rendait forts. Durant tout ce temps, il n’y a pas eu de changement de nom -que des variantes- nous fûmes sans discontinuité les « Français du Canada » : de « Français-Canadiens » du temps de Marie de l’Incarnation à « Canadiens-Français » du temps de Louis-Joseph Papineau, et de là, jusqu’à Charles de Gaulle. Nous n’avons jamais cessé de nous transmettre en héritage une même identité jusqu’à ce qu’on nous convainque de se dire, soit « Canadiens » tout court, comme tous les concitoyens d’un pays anglo-saxon, soit « Québécois » comme tous les habitants d’un État provincial bilingue.


    Québécois ≠ nation française, c’est là le fondement même de la réalité sociopolitique qui nous plombe.


    Et votre dernière mésaventure avec Jonathan Trudeau ne fait que nous le démontrer une fois de plus. Elle démontre le contrôle étroit que donne la québécitude -cette cage à homard idéologique- à nos bonnes élites « médiatico-économico-politiques », aux gagnants actuels de la « petite loterie » si chère à Stéphane Kelly. Elle démontre aussi le rôle qu’on réserve à ceux qui veulent s’y soustraire : celui d’épouvantail de foire, ou de guignol, qu’on extirpe du demi-monde des médias alternatifs ou des réseaux sociaux le temps de remplir du temps d’antenne ou de la copie.


    On devrait valoir mieux que ça.